DIMANCHE, 18-06-2023

18. Dim. –R- ONZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – St- Charles Lwanga et sws compagnons martyrs. Journée du Laïcat. 1 ère Lecture : 2 M7,1-2.9-14 ; Ps 124 (123),2-3.4-5,7b-8 ; 2ème Lecture : Rm 8, 31b-39 ; Evangile : Jn12,24-26

Lecture du second livre des Maccabées

Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. A coups de fouet et de nerf de boeuf, le roi Antiochus voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite. L’un d’eux déclara au nom de tous : « Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères. »
Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »
Après celui-là, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu’on le lui ordonna, et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse : « C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver. » Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances.
Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures. Sur le point d’expirer, il parla ainsi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle. »

Lecture de la Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains

Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir. Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »
Homélie préparée par A.Longin NDUWAYEZU du Diocèse de Cyangugu

Nous célebrons aujourd’hui, au niveau de notre Église au Rwanda, la fête des Saints Martyrs de l’Ouganda, Charles Lwanda et ses 21 compagnons mis à mort par le roi Mutesa I pour leur foi au Christ. L’église universelle célèbre ces martyrs, dont la plupart étaient encore très jeunes, le 3 juin. La Conférence Episcopale du Rwanda a voulu que nous célébrions leur mémoire en un dimanche libre après la solennité de Pentecôte. Nous apprenons de ces martyrs de centrer sur Dieu et sur Dieu seul toute notre vie et notre existence comme nous y invite le psalmiste : “Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes ; mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants !” (Ps 117, 8-9).C’est cette confiance que nous inspire saint Charles Lwanga qui, avant d’expirer, murmure : “Mon Dieu ! Mon Dieu !”. Nous savons aussi que certains de ses compagnons récitaient le prière du “Notre Père” pendant qu’ils étaient brûlés vifs, comme un signe d’abandon confiant entre les mains de Dieu.
Ainsi, le Pape François, dans son homélie lors de son voyage apostolique à Namugongo en Ouganda le 28 novembre 2015, nous invite à faire nôtre ce témoignage de foi et de confiance des martyrs ougandais : “Le témoignage des martyrs montre à tous ceux qui ont écouté leur histoire, à l’époque et aujourd’hui, que les plaisirs mondains et le pouvoir terrestre ne donnent pas une joie et une paix durables. C’est plutôt la fidélité à Dieu, l’honnêteté et l’intégrité de la vie et l’authentique préoccupation pour le bien des autres qui nous apportent cette paix que le monde ne peut offrir. Cela ne diminue pas notre souci de ce monde, comme si nous regardions seulement vers la vie future. Au contraire, cela offre un but à la vie en ce monde et nous aide à rejoindre ceux qui sont dans le besoin, à coopérer avec les autres pour le bien commun et à construire une société plus juste, qui promeut la dignité humaine, sans exclure personne, qui défend la vie, don de Dieu, et protège les merveilles de la nature, la Création, notre maison commune”.
La mémoire de ces temoins de la foi, qui étaient tous des laïcs, nous rappelle aussi que nous sommes tous appelés à être des “disciples-missionnaires” dans l’Église, pour reprendre cette expression très chère au Pape François. C’est pourquoi en ce dimanche nous célébrons aussi la Fête du laïcat. C’est une occasion de renouveler la conscience que nous tous en tant que membres de l’Église - clercs, religieux et laïcs - nous sommes appelés à participer à la mission de l’Église de porter la Bonne Nouvelle du salut jusqu’aux extrémités de la terre selon le mandat de notre Seigneur : “Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création” (Mc 16, 15).
Dans l’Évangile que nous propose la liturgie de ce jour, nous contemplons Jésus qui se trouve à Jérusalem où doit s’accomplir le mystère de sa passion et de sa mort sur la croix (cf. Mc 10, 33-34). Mais la mort n’aura pas sur lui le dernier mot. C’est pourquoi annonce la gloire qui devrait suivre ces événements tragiques : “L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié” (Jn 12, 23). c’est à cela que renvoie l’image symbolique du grain qui ouvre le morceau de l’Évangile que nous méditons aujourd’hui : “Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit” (Jn 12, 24). Jésus veut signifier que de même que le grain a besoin de mourir en terre pour s’assurer une fécondité, de même c’est en étant élevé sur la croix que Lui-même attirera à lui tous les hommes.
Jésus nous invite donc à nous déposséder de nous-mêmes, de notre vie, pour pouvoir être ses vrais disciples, pour pouvoir porter des fruits abondants de foi, d’espérance et de charité autour de nous. Le témoignage des saints martyrs nous apprend que c’est en se détachant de notre vie par amour pour Dieu et pour les autres qu’elle devient féconde et se transforme pour devenir la vie même de Dieu. C’est ce que confirme Jésus dans l’Évangile : “Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle” (Jn 12, 25).
Cela se trouve anticipé dans la première lecture d’aujourd’hui. En effet, celle-ci nous livre le récit des martyrs de l’Ancien Testament, les “martyrs d’Israël” : le récit des sept jeunes frères qui acceptent d’affronter les persécutions et la mort par fidélité à Dieu. Il s’agit des jeunes Maccabées arrêtés avec leur mère et que le roi Antiocus voulait contraindre à coups de fouet et de nerfs de bœuf à manger du porc, viande interdite (2 Mac 7, 1). Ce qui doit attirer notre attention, ce n’est pas le fait de refuser de manger la “viande interdite”, mais la fidélité à Dieu et la confiance en Lui qui les poussent à faire ainsi : « Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle »(2 Mac 7, 9).
A notre temps aussi, nous vivons dans un monde qui rejette de plus en plus toute référence à Dieu, à la morale, aux valeurs de la famille, de la vie humaine dont il faut défendre la dignité dans toutes ses étapes de la conception à sa fin naturelle, de l’amour durable et oblatif, surtout dans le mariage d’un homme et d’une femme,... Nous vivons dans un monde qui se polarise de plus en plus, un monde habité par la haine et la peur de l’autre jusqu’à son élimination pour son appartenance religieuse, ethnique, sociale... Bref, nous vivons dans un monde où se fait sentir le besoin de notre témoignage de foi et de fidélité à la Loi de Dieu.
Comme chrétiens, aujourd’hui nous sommes appelés à ne pas céder à ce qui s’oppose à Dieu, au respect de la vie humaine et de la famille,quand bien même cela comporterait des menaces contre notre vie. Comme nous le propose le Pape François dans l’homélie susmentionnée, inspirons-nous des “saints Joseph Mukasa et Charles Lwanga, qui, après avoir été instruits dans la foi par les autres, ont voulu transmettre le don qu’ils avaient reçu. Ils l’ont fait dans des temps dangereux. C’est non seulement leur vie qui a été menacée, mais aussi la vie des plus jeunes confiés à leurs soins. Puisqu’ils avaient cultivé leur foi et avaient fait grandir leur amour pour Dieu, ils n’ont pas eu peur de porter le Christ aux autres, même au prix de leur vie. Leur foi est devenue témoignage ; aujourd’hui, vénérés comme martyrs, leur exemple continue d’inspirer beaucoup de personnes dans le monde. Ils continuent à proclamer Jésus Christ et la puissance de la Croix”.
En faisant ainsi, nous rendrons témoignage à l’amour de Dieu dont le Christ nous a tant aimés jusqu’à mourir pour nous (Rm 8, 31-39), l’amour duquel personne ni rien ne peut nous séparer, pas même la mort : “J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances,ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur” (Rm 8, 38-39).
Dieu qui, dans le sang des martyrs, as semé les germes de nouveaux chrétiens, fais que le champ de ton Église, irrigué par le sang de saint Charles Lwanga et ses compagnons, produise une moisson toujours plus abondante pour la gloire de ton nom. Par Jésus Christ notre Seigneur. Amen.

Homélie préparée par A.Longin NDUWAYEZU du Diocèse de Cyangugu