Dimanche, 11-04-21

11. Dim – B - DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES -DIMANCHE DE LA DIVINE MISERICORDE - G, C, P. pascale 1– Comm. Pr. –1è lecture : Ac 4, 32-35  ; Ps 118 (117), 2-4, 16ab-18, 22-24 2è lecture : 1 Jn 5, 1-6 ; Evangile : Jn 20, 19-31 . Méditation donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 4, 32-35)

« Un seul cœur et une seule âme »
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
Parole du Seigneur.

Psaume responsorial (Ps 117 (118), 1.4, 13-14, 19.21, 22-23, 24-25)
Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent ceux qui craignent le Seigneur ;
Eternel est son amour !

On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ;
mais le Seigneur m’a défendu.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.

Ouvrez-moi les portes de justice :
j’entrerai, je rendrai grâce au Seigneur.
Je te rends grâce car tu m’as exaucé :
tu es pour moi le salut.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire !

DEUXIÈME LECTURE : « Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)
Lecture de la première lettre de saint Jean Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
Parole du Seigneur.

Evangile (Jn 20, 19-31)
Apparition du Christ huit jours après Pâques
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Acclamons la parole de Dieu

Commentaire et méditation
Nous continuons à célébrer joyeusement les fêtes de pâques. Cet événement est non seulement le compendium de nos respectives pâques en tant que chrétiens, mais aussi et surtout elle est la synthèse de la création de tous les êtres visibles et invisibles. En effet, si la résurrection de Jésus n’avait pas eu d’effet sur la vie de ses disciples, c’est à dire, si la pâques n’avait pas donné un sens final à la recréation de l’être humain en rétablissant un nouvel ordre, alors la Résurrection de Jésus serait considérée comme une affaire privée entre lui et son Père. Pour ce faire Cet épisode de la vie du Sauveur ne nous concernerait en rien.
Cependant, étant donné que la résurrection de Jésus est la base et le fondement de la communauté chrétienne que nous formons. Aussi est-il l’horizon vers lequel toute la création est orientée ! Nous comprenons donc pourquoi les lectures d’aujourd’hui se donnent la peine de nous présenter les effets immédiats, réels et tangibles de la Résurrection du Seigneur.
Toutefois, ce premier dimanche après Pâques, commémore une autre fête qui enrichit la liturgie de l’Eglise. Selon la demande de Jésus à Sainte Faustyna Kowalska, nous sommes invités à tourner notre attention vers le mystère de la Divine Miséricorde. « Je désire qu’il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image que tu peindras, soit solennellement bénie le premier dimanche après Pâques. Ce dimanche doit être la fête de la Miséricorde ».
Mais alors en regardant les lectures et la fête de la miséricorde divine, nous pourrons nous demander : Quel est le rapport la figure de Thomas, doutant de la résurrection du Seigneur et demandant des preuves tangibles et bien concrètes de celle-ci, peut-elle avoir avec le mystère de la miséricorde divine célébré en ce jour ? Comment est-ce que les liens entre la résurrection du Christ, l’amour de Dieu, la foi et le témoignage incarnent la miséricorde dans Dieu dans la communauté ecclésiale ? a l’instar de la jeune communauté apostolique, avons-nous mettre en pratique la recommandation de notre Seigneur qui, avec tendresse et misericorde, nous exhorte : « Faites-vous des amis avec le malhonnête argent » (Lc 16,9) ?
En commençant par répondre à la première interrogation, nous constatons que l’auteur des actes des Apôtres résume la vie chrétienne comme une communion de cœur et d’esprit. Les en Apôtres particulier et les disciples en général témoignant de la Résurrection lorsque leur mode de vie devient un art de partager tout. En effet, avant le récit de la Passion, l’évangéliste Jean proclamait : Jésus est venu pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jean 11,52). Les résultats de cette action sont perceptibles aussitôt après la résurrection, car la jeune communauté chrétienne vit unie, jusqu’au plan économique et financier.
« Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun ». Sachant combien l’argent peut être un facteur de division et conscient qu’il avait encore sévi jusqu’au dernier moment avant Pâques, la jeune communauté semble mettre en pratique la recommandation de son Seigneur : “Faites-vous des amis avec le malhonnête argent” (Luc 16,9). Mais pour combien de temps l’argent qui fut la cause pour qu’un des Douze quitte le groupe et trahit le Maître, sera mis au second plan ?
Dans la deuxième lecture, Jean insiste sur l’accomplissement de l’amour de Dieu. L’apôtre montre les liens entre la résurrection du Christ, l’amour de Dieu, la foi et le témoignage. Le propos de l’Apôtre est admirablement exprimé dans l’introduction de son épître : « Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons afin que nous soyons en communion avec vous, pour que votre joie soit complète ». La lecture de cette épître commence ce dimanche, mais pas par le début.
L’ordre a été bousculé en fonction de la tradition baptismale du dimanche octave de Pâques, ou « Dimanche in albis ». Car l’extrait proposé décrit la nouvelle naissance et ses conditions : le baptême fait naître de Dieu, en conduisant à donner sa foi au Christ et à aimer Dieu. Mais alors, si la dignité des enfants de Dieu consiste à aimer Dieu et à garder ses commandements, et si cela est possible, puisque Dieu nous libère de l’attirance du monde et si nous lui restons attachés ; Comment est-ce que nous expérimentons cette réalité dans notre existence réelle et concrète ?
L’évangile nous propose le cheminement de Thomas. « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas » : Somme toute, une telle requête n’est-elle pas aujourd’hui normale ? Serait-il bien raisonnable d’engager toute sa vie à la suite de ce prétendu ressuscité sans un minimum de garanties ? Quelle est notre expérience du Ressuscite ? N’est-il pas touchant que Jésus va consentir à cette demande de Thomas ?
Effectivement, en invitant son Apôtre à avancer la main et à la mettre dans son côté, Jésus va bien lui donner une « preuve » tangible de sa résurrection. Voilà pourquoi il lui intime de cesser d’être incrédule et de devenir croyant. Cette injonction n’aurait pas de sens s’il s’agissait seulement de « croire » en la résurrection.
Il existe des choses qui exigent l’ordre de l’évidence sensible. C’est ici que nous devons être bien attentifs. En fait, Jésus invite Thomas à dépasser une incrédulité qui ne concerne pas le fait de la résurrection mais son interprétation. C’est au niveau du sens à donner à l’événement de la résurrection du Seigneur que Thomas doit passer de l’incrédulité à la foi.
Les autres disciples lui avaient annoncé pleins de joie : « Nous avons vu le Seigneur ! ». Certes ils avaient bénéficié d’une apparition du Ressuscité ; mais nous savons que chez saint Jean, le verbe « voir » ne désigne pas une vision sensible, mais la perception nouvelle qui s’ouvre au regard du croyant. C’est grâce à l’action de l’Esprit que l’on acquière cette capacité. N’est’ce pas que le récit de l’évangile nous le suggère par le geste du Seigneur qui souffle sur eux en disant : « Recevez l’Esprit Saint » ?
Frères et sœurs, ce que les Apôtres ont « vu » par l’œuvre de l’Esprit Saint en eux c’est le véritable sens de l’événement de la résurrection : à savoir le triomphe de la miséricorde divine sur nos misères humaines. Nous le percevons à travers les paroles de Jésus qui leur donne le pouvoir de pardonner. C’est ainsi qu’il révélant le sens rédempteur de sa Passion glorieuse. Les disciples sont invités à partager la grâce dont ils sont les premiers bénéficiaires. C’est bien ici qu’ils doivent entrer dans la foi car cette grâce demeure invisible : rien dans l’ordre sensible ne permet de vérifier le pardon des péchés.
Nous comprenons alors que l’acte de foi que Thomas est invité à poser est celui de croire que la miséricorde du Seigneur a triomphé de son propre péché et des autres péchés structurels comme le meurtre commis contre l’Homme-Dieu, Jésus de Nazareth. Le Ressuscité l’appelle à sortir d’une culpabilité qu’il entretenait en lui, depuis la mort du Seigneur. Il lui offre une occasion d’accueillir la vie nouvelle de son Esprit : « La paix soit avec vous ». Comment ne pas réentendre ici les paroles de Jésus à sainte Faustine : « L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la Divine Miséricorde » (Journal, p. 132), Autrement dit, le monde aura la paix durable lorsqu’il croira que la miséricorde de Dieu a triomphé de tout péché, de toute mort.
L’Apôtre Thomas n’était donc pas en quête d’une preuve de la résurrection. D’ailleurs, il n’est pas précisé qu’il met sa main dans les plaies glorieuses de son Maître. En réalité, Thomas demandait un « signe » pour oser croire en la miséricorde. Et le Seigneur le lui donne en lui présentant ses plaies, tout particulièrement son cœur ouvert : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! »
Thomas peut alors accueillir la grâce et prononcer dans l’Esprit la plus belle confession de foi que nous présentent des évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». L’Esprit Saint lui a donné de reconnaître en Jésus, le Fils de Dieu, vainqueur du monde par l’effusion de sa miséricorde dans l’eau et le sang jaillis de son cœur transpercé. Ces deux faisceaux lumineux que Sainte Faustine a vu sortir du côté ouvert de Jésus pour illuminer le monde.
Maintenant, Thomas, lui-aussi, a « vu le Seigneur ». Il a confessé qu’il son Dieu. Il a reconnu la Sainte Trinité qui, dans sa grande miséricorde, vient de le faire renaître la résurrection de Jésus Christ pour une vivante espérance. Il a reçu l’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement. Il sait désormais qu’il est réconcilié avec le Père. Il peut à son tour devenir héraut de ce pardon dont il est bénéficiaire.
En ce jour, où Jésus a promis à Sainte Faustine que ceux qui imploreraient sa divine miséricorde recevraient beaucoup de grâces, nous pouvons nous interroger : N’avons-nous pas besoin, nous aussi, du signe offert à Thomas à savoir le Cœur ouvert du Ressuscité ? Quel sens donnons-nous à l’événement de la Pâque de notre Seigneur, à sa mort et à sa résurrection ? Osons-nous croire qu’ « ensevelis dans la mort avec Jésus par le baptême, nous vivons nous aussi dans une vie nouvelle, celle du Christ ressuscité par la gloire du Père » (Rm 6, 4) ? Ne nous est-il pas arrivé, devant notre péché, de nous enfermer dans la culpabilité ? Les plaies ouvertes de Jésus ne nous parlent-elles pas plus souvent de condamnation que de miséricorde ?
La figure de Thomas et l’attitude de Jésus à son égard peuvent ici nous être d’un grand secours. Nous aussi, nous avons besoin de « voir » et de « croire » que les plaies de Jésus et l’eau et le sang qui jaillissent de son côté ouvert nous parlent de la vie et non pas de mort. En ce dimanche, contemplons comme Thomas ce Côté ouvert pour nous et écoutons Jésus nous dire : En ce jour les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes. Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde. Toute âme qui se confessera et communiera recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur punition. En ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi. Même si ses péchés sont comme de l’écarlate deviendront blanc comme la neige !
A cette Miséricorde, nous devrions nous abandonner avec confiance ! Après en avoir fait l’expérience, aussi devrons-nous, à notre tour, en faire preuve à l’égard de nos frères et soeurs, aussi bien au niveau de la communauté ecclésiale, personnel et jusqu’au niveau national. En effet, de l’expérience de la miséricorde gratuite de Dieu naît la capacité et l’exigence de faire preuve de miséricorde les uns envers les autres : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ».
De cette miséricorde et de son exercice concret dans la société naît la communion fraternelle. De fait à travers son fruit de réconciliation. La miséricorde efface toutes divisions. C’est ce que chaque communauté de croyants est appelé à vivre et à témoigner. C’est ce que saint Luc, dans les Actes des Apôtres, nous le rappelle à travers l’exemple de la première communauté chrétienne.
A ce deuxième dimanche reconnaissons que les difficultés, les trébuchements et des chutes dans le processus de toute construction d’une communauté juste et égalitaire ne doivent pas être considérés comme l’incapacité. Ce n’est pas que nous ne pouvons pas construire une société basée sur les valeurs supérieures. Ces aspects négatifs devraient être perçus comme des signes qui confirment que ce n’est certainement pas facile construire une famille humaine et chrétienne. Toutefois ce n’est pas impossible. Ravivons la conscience et croyons fermement que c’est le plan de Dieu. Jésus a versé son sang et a donné son vie pour que cela soit réalisable. Prions pour que ce projet puisse devenir notre priorité en tout ce que nous faisons.
Prière scripturaire

Seigneur Ressuscité, merci pour le don de ta Miséricorde. Offerte à ton Eglise et à l’humanité toute entière, grâce à elle, nous voulons nous laisser réconcilier avec Toi pour nous réconcilier avec nous-mêmes et avec nos frères et sœurs. Nous te demandons les forces de ton Esprit-Saint pour que nous puissions porter avec toute l’humanité le témoignage de la communion fraternelle et de la charité créatrice. Ainsi pourras-tu rejoindre le cœur de ceux e celles qui sont loin de toi. Notre dame de Kibeho accompagne-nous quand le doute nous envahissent.
Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.