Dimanche, 28-02-21

28. Dim. – Vl – DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME, C, P.pr. – 1è lecture : Gn 22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 116 (114-115), 10.15, 16ac-17, 18-19 ; 2è lecture : Rm 8, 31b-34 Evangile : Mc 9, 2-10. Méditation donnée par l’Abbé Valens NSABAMUNGU, Prêtre du Diocèse BYUMBA

PREMIERE LECTURE – livre de la Genèse 22,1-2. 9a. 10-13. 15-18
1 En ces jours-là,
Dieu mit Abraham à l’épreuve.
Il lui dit : « Abraham ! »
Celui-ci répondit : « Me voici ! »
2 Dieu dit :
« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac,
va au pays de Moriah,
et là tu l’offriras en holocauste
sur la montagne que je t’indiquerai. »
9 Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué.
Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ;
puis il lia son fils Isaac
et le mit sur l’autel par-dessus le bois.
10 Abraham étendit la main
et saisit le couteau pour immoler son fils.
11 Mais l’Ange du SEIGNEUR l’appela du haut du ciel et dit :
« Abraham ! Abraham ! »
Il répondit : « Me voici ! »
12 L’Ange lui dit :
« Ne porte pas la main sur le garçon !
Ne lui fais aucun mal !
Je sais maintenant que tu crains Dieu :
tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »
13 Abraham leva les yeux et vit un bélier
retenu par les cornes dans un buisson.
Il alla prendre le bélier
et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
15Du ciel, l’Ange du SEIGNEUR appela une seconde fois Abraham :
16 Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du SEIGNEUR :
parce que tu as fait cela,
parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique,
17 je te comblerai de bénédictions,
je rendrai ta descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis.
18 Puisque tu as écouté ma voix,
toutes les nations de la terre
s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction
par le nom de ta descendance. »

PSAUME – 115 (116), 10. 15, 16ac-17, 18-19
10 Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
15 Il en coûte au SEIGNEUR !
de voir mourir les siens !
16 Ne suis-je pas, SEIGNEUR, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
17 Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du SEIGNEUR.
18 Je tiendrai mes promesses au SEIGNEUR,
oui, devant tout son peuple,
19 à l’entrée de la maison du SEIGNEUR,
au milieu de Jérusalem !

DEUXIEME LECTURE – lettre de Saint Paul aux Romains 8, 31b-34
Frères,
31 si Dieu est pour nous,
qui sera contre nous  ?
32 Il n’a pas épargné son propre Fils,
mais il l’a livré pour nous tous :
comment pourrait-il,
avec lui, ne pas nous donner tout ?
33 Qui accusera ceux que Dieu a choisis ?
Dieu est celui qui rend juste :
34 alors, qui pourra condamner ?
Le Christ Jésus est mort ;
bien plus, il est ressuscité,
il est à la droite de Dieu,
il intercède pour nous.

EVANGILE – selon saint Marc 9, 2 – 10
En ce temps-là,
2 Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
3 Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
4Elie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
5 Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie. »
6 De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ;
écoutez-le ! »
8 Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
9 Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
10Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

MEDITATION
Les lectures de ce 2ème Dimanche du Carême B nous invitent à contempler Jésus au Thabor (l’Evangile) et à sacrifier nos idoles à l’instar d’Abraham (1ère lecture), le père des croyants. Ainsi, nous serons intimement liés à Jésus Christ sans avoir peur (2ème lecture) car l’amour parfait en nous chasse la crainte (1Jn, 4, 18).
Par l’amour, Jésus choisit Pierre, Jacques et Jean et les amène au Thabor. Il se présente devant eux, glorifié, en présence de Moïse et Elie. Les apôtres souhaitent y rester, mais le Maitre les invite à descendre car ils n’étaient pas encore préparés pour comprendre ce mystère de la souffrance, de la mort et de la résurrection de Christ. Ce mystère a été préfiguré par le sacrifice d’Isaac. Abraham, par obéissance à Dieu, devait immoler son fils unique Isaac. C’est une interpellation pour nous à faire des renoncements dans notre vie surtout pendant ce temps de Carême. Sommes-nous en mesure de sacrifier quelque chose dans notre vie afin de manifester notre adhésion, notre foi en Dieu comme Abraham ? Sommes-nous capables de nous délier de nos idoles pour adorer le vrai Dieu et jouir de la liberté ? Il y a lieu par exemple de nous libérer des tendances égoïstes, partisanes, et des actions impures.
Aujourd’hui, Dieu nous invitent à nous dépouiller du vieil homme qui se détruit dans la convoitise trompeuse (Ephésiens 4, 22), dans la course à sa perdition. Il appelle chacun de nous à prendre conscience de la vraie valeur des biens, des services et des personnes, et de choisir ce qui rend libre, ce qui rend disponible. Nous assistons à un renversement des valeurs à différents niveaux. Pour les uns, les activités sociales, civiques et culturelles dominent le quotidien au détriment des activités religieuses et chrétiennes notamment le respect du jour du Seigneur. D’autres sont accaparés par les activités personnelles et familiales : la visite aux proches et le repos en famille, le dimanche, deviennent leur priorité mettant de côté leurs obligations ecclésiales. Ainsi, le travail et le gagne-pain deviennent un prétexte pour ne pas aller à la messe, à la Communauté Ecclésiale de Base (CEB), aux groupes de prières ou aux Mouvements d’Action Catholique (MAC). Il faut souligner que le premier commandement de Dieu stipule d’honorer son Créateur. Nous sommes appelés à quitter nos lieux et nos habitudes pour rencontrer le Seigneur.
Alors que Jésus et ses apôtres montent au Mont Thabor, Abraham monte Moriah. La montée renvoie à l’effort, à la purification. Sommes-nous capables de faire cette ascension spirituelle et nous lier intimement liés à Jésus Christ ? Sommes-nous en mesure de donner aux biens et aux personnes leur juste valeur ? Si c’est ainsi, nous pouvons dire avec saint Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous (Romains 8, 31b) ? » Nous sommes dans les mains de Dieu, et nous sommes à même d’accepter notre souffrance à l’exemple du Christ sur la croix et pour ressusciter avec lui. La souffrance n’a pas le dernier mot sur nous.
Sur Thabor, Jésus révèle sa gloire à ses apôtres et à nous. Pour cette raison, le Thabor est l’anticipation de la joie céleste pour les apôtres et pour nous. Jésus les invite et nous invite à monter au Thabor, puis à descendre pour aller parachever la formation apostolique afin de nous envoyer en mission. Les apôtres ne pouvaient pas comprendre le mystère du Christ en restant au Mont Thabor. La gloire du Christ a passée par la passion. Les apôtres d’hier, d’aujourd’hui et demain sont appelés d’abord à partager la coupe du maître, sa passion puis sa résurrection. Les apôtres devaient ainsi faire cet exercice pour leur maturité humaine et spirituelle. Sinon, ils auraient brûlé les étapes, car il n’y a pas de Pâques sans vendredi saint, jour de la passion et la mort du Christ, de la dérision, du triomphe apparent du mal. Pas de roses sans épines. Aidés par la grâce, les croyants déploieront des efforts personnels quotidiennement pour jouir du salut objectif acquis dans la mort et la résurrection du Christ.
Il est vrai qu’il n’y a pas de bonheur sans effort dans la vie quotidienne. Il n’y a pas de bonheur sans épreuves et obstacles, sans efforts constants et travail organisé. Dans cette optique, saint Augustin nous dit : « Dieu t’a créé seul, mais il ne te sauvera pas seul » (Amis de Dieu, No23-24opus/dei.fr/Dieu-qui-t’a-créé). Jésus refusa la demande de Pierre de rester sur Thabor, lieu de joie et de plénitude. Il invite plutôt les apôtres à descendre pour aller continuer la formation apostolique, la maturation progressive et la purification de leurs intentions. La vie de toute personne et spécialement des croyants est une lutte, un combat quotidien pour la perfection. Gare à nous si nous espérons acquérir un essor économique sans travailler, récolter sans semer, réussir aux études sans étudier, aller au paradis sans lutte constante contre les pièges de Satan, avoir une Eglise dynamique sans contribution matérielle et sociale, avoir un pays épris de paix et de développement, sans notre part et sacrifice personnels. Saint Jacques ne nous dit-il pas : « Nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné (2Th3, 12). Le travail, l’implication personnelle et sociale sont donc un préalable pour le développement ecclésial et national.
Les apôtres ont un devoir, quelque chose à lâcher, pour conquérir la maturité humaine, apostolique et spirituelle, afin de rester sur « Thabor », afin de prendre part au bonheur céleste avec le Maître, les saints et les saintes de tous les temps, qui ont lavé leur robe dans le sang de l’agneau (Apocalypse 7, 14). Pourtant, Dieu ne veut pas des sacrifices humains, ce sont les situations qui les obligent pour notre maturité humaine et spirituelle. C’est pourquoi Dieu a épargné le fils d’Abraham, Isaac, et lui présenta le bouc à immoler. Dieu voudrait notre engagement et notre adhésion à l’exemple d’Abraham pour coopérer à notre salut.
Le Salut objectif est reçu dans le Christ, la Transfiguration au Thabor en est l’anticipation, et la messe la célébration. Il ne reste que ma collaboration, mon ouverture pour fructifier la Rédemption et les mérites du Christ, pour acquérir le salut personnel et rester au Thabor.
Bonne marche vers la Pâques !
Abbé Valens NSABAMUNGU
Prêtre du Diocèse BYUMBA