Dimanche,02-08-20

02 Dim – Vr – DIX-HUITIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, P dominicale 1ère lecture : Is 55, 1-3 ; Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18 ; 2ème lecture : Rm 8, 35.37-39 ; Évangile : Mt 14, 13-21. Homélie donnée par le Père Bernard Dourwe, Rcj.

PREMIÈRE LECTURE – Isaïe 55,1-3
Ainsi parle le SEIGNEUR :
1 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent, sans rien payer.
2 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Ecoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !
3 Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez et vous vivrez.
Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.

PSAUME – 144 (145)
8 Le SEIGNEUR est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
9 la bonté du SEIGNEUR est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
15 Les yeux sur toi, tous ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
16 Tu ouvres ta main ;
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.
17 Le SEIGNEUR est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
18 Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

DEUXIÈME LECTURE – Lettre de saint Paul aux Romains – 8,35.37-39
Frères,
qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ?
la détresse ? l’angoisse ? la persécution ?
la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?
37 Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs
grâce à celui qui nous a aimés.
38 J’en ai la certitude :
ni la mort ni la vie,
ni les anges ni les Principautés célestes,
ni le présent ni l’avenir,
39 ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes,
ni aucune autre créature,
rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu
qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Évangile selon saint Matthieu 14,13-21
En ce temps-là,
Quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste
13 il se retira et partit en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
Les foules l’apprirent
et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
14 En débarquant, il vit une grande foule de gens ;
il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.
15 Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent :
« L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée.
Renvoie donc la foule :
qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »
16Mais Jésus leur dit :
« Ils n’ont pas besoin de s’en aller.
Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
17Alors ils lui disent :
« Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
18Jésus dit :
« Apportez-les moi. »
19Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe,
il prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction :
il rompit les pains,
il les donna aux disciples,
et les disciples les donnèrent à la foule.
20Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés .
On ramassa les morceaux qui restaient :
Cela faisait douze paniers pleins.
21 Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille,
sans compter les femmes et les enfants.

MÉDITATION
Dieu se fait proche et se laisse trouver. Isaïe, prophète d’un Dieu de majesté, est aussi le témoin d’un Dieu proche, accessible et prodigue en bienfaits de tout genre. Le psalmiste célèbre, à son tour, les largesses d’un Dieu dont « la bonté » est pour tous. Et Jésus se fait, lui aussi, proche des foules et les rassasie.
Dans la première lecture, Dieu promet par le prophète Isaïe, qu’un jour viendra où il organisera un banquet pour tous les peuples. Son amour envers nous nous lie pour une alliance éternelle bien au-delà de nos mérites. Il veut sans cesse se faire proche de nous en nous nourrissant et abreuvant gratuitement et abondamment. Pour nous, il va se faire pain et boisson en son Fils Jésus-Christ afin que nous n’ayons plus jamais faim ni soif.
Dans la deuxième lecture, saint Paul rassure les romains et nous avec, que rien ne saurait empêcher le plan salvifique de Dieu envers les hommes de se réaliser. Son amour est tellement immense qu’aucune souffrance, ni difficulté, ni obstacles ne sauront détourner son regard bienveillant envers ceux qu’il aime et qu’il a sauvé par Jésus-Christ notre Seigneur.
L’évangile, relate Matthieu, réalise la promesse de Dieu faite au prophète Isaïe à travers la multiplication des pains. Jésus rassasie plus de 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants à partir du peu de pain disponible. Par ce geste d’amour et de compassion, il nous présente le visage humain de Dieu qui se penche sur nous, qui n’ignore pas notre nature et nos besoins.
Jésus en son geste nous donne à voir l’importance de notre part, de nos partages. Il ne fait pas tout pour nous. Il compte absolument sur notre générosité. Il prie pour que notre part soit féconde. Même si elle est humble et pauvre, elle aura à la fin des proportions surprenantes. Le signe des pains témoigne qu’il ne faut pas attendre d’en avoir plus pour agir. Que le peu que nous avons est déjà beaucoup quand il est mis à contribution sans réserve. La puissance du Christ fait alors le nécessaire, et le geste des pauvres rejoint effectivement beaucoup de monde.

Le miracle de la multiplication des pains est donc une parabole du mystère de l’Eglise, de l’Eglise de tous les temps, de l’Eglise de notre temps. Une Eglise désertée, mise à l’écart, une Eglise sans grands moyens et dont la tâche semble toujours plus démesurée, au-delà des limites de l’impossible.
Dieu n’a pas besoin de notre force, mais de notre faiblesse et de notre patience ! Il a besoin d’humbles vases d’argile, pour porter son trésor, comme le dira Saint Paul. Il a besoin d’un peu de levain pour faire lever toute la pâte et de quelques pincées de sel pour lui donner du goût. Il a besoin d’une graine de sénevé, insignifiante et minuscule, pour abriter les oiseaux du ciel. Il a besoin de nous, tels que nous sommes.
Qu’importe que nous ne soyons pas à la hauteur de la tâche qui nous est confiée. Qu’importe que nous soyons dépassés par les événements. Comme ce petit bout de pain qui sera consacré et qui deviendra alors le Corps du Seigneur, nous sommes appelés, nous aussi, à porter Dieu dans notre fragilité.
Si nous étions forts, si nous étions riches, si nous étions les meilleurs, ceux qui viennent à nous pourraient encore penser que cela vient de nous. Ils pourraient s’imaginer que ce qu’ils reçoivent dépend de nos dons et de nos capacités. Mais il suffit de nous voir pour en douter. Notre fragilité, loin d’être un obstacle, est une grâce pour tous ceux qui nous rencontrent. Car en nous, ils peuvent voir Dieu travailler à découvert. Ils peuvent saisir que Dieu peut tout, parce que nous sommes réduits à rien.
Cette logique du Royaume, cette logique de l’Evangile, nous avons du mal à l’accepter. Elle correspond si peu aux critères d’efficacité et d’utilité qui sont ceux de notre société. Elle nous met un peu à l’écart, aux marges d’un monde qui semble courir plus vite que son ombre ! Et bien tant pis, ou plutôt tant mieux. Laissons Dieu transfigurer notre faiblesse. Laissons-Lui le choix des moyens car Lui seul sait comment toucher le cœur des hommes.
Dieu éternel et Tout-Puissant, toi qui n’es jamais loin de nos souffrances et de nos misères, regarde encore aujourd’hui, avec bonté, ton peuple assoiffé et affamé de ta Parole. Viens à son secours et donne-lui de rechercher sans fin dans ce monde, les signes de ta présence en se nourrissant de l’Eucharistie. Par le Christ notre Seigneur et Dieu qui vit et règne avec toi et le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Père Bernard Dourwe, Rcj.