CEJP (29-03-2018) : “Aux grands maux, de grands remèdes”

Désappointés, les participants à l’atelier d’échange sur les résultats de l’évaluation mi-parcours du projet conjoint CEJP-PEAL de lutte contre la violence domestique (basée sur le genre) ont indiqué que celle-ci s’avère être de plus en plus un défi réel au Rwanda et requiert par conséquent une attention particulière à tous les niveaux. À l’issue dudit atelier tenu le 29 mars 2018, au centre de Pastoral Saint Paul à Kigali, ils ont opté pour un combat commun afin de faire face à ce phénomène sévissant dans des familles rwandaises.

Pour l’Abbé Vincent Gasana, Secrétaire de la Commission Episcopale Justice et Paix (CEJP), les défis actuels de la famille ne sont uniquement pas du domaine des familles pauvres. Les familles riches n’en sont pas moins épargnées. Selon lui, il faudrait qu’il y ait des stratégies de proximité, adéquates et efficaces pour s’approcher de toutes ces familles et prendre soin d’elles.

Mgr Onesphore Rwaje, archevêque anglican de Gasabo, qui présidait les travaux de cet atelier conjointement avec l’Abbé Vincent Gasana a prévenu aux participants de ne pas jeter la pierre et appliquer la pression sur l’Église et confessions religieuses quant à leur méthodologie de collaboration avec l’état pour la mise en place de certains programmes comme celui de lutte contre la violence.

A l’idée proposée que la sensibilisation au problème de violence dans les familles soit faite à temps et à contre temps dans les assemblées dominicales, une mise au point a été apportée :« La raison de l’essence des messes et assemblées de prière est bien définie. Celles-ci ne sont pas les occasions pour dire n’importe quoi » a-t-il indiqué, avant que l’Abbé Gasana ait abondé dans le même sens en ajoutant : « On ne peut pas obliger les gens qui se sont réunis pour la prière de suivre d’autres programmes dits "de l’état"  ».
Ils ont indiqué qu’il faut chercher des occasions opportunes et des endroits adéquats pour pouvoir débattre ensemble des problèmes qui menacent la famille, comme celui de la violence basée sur le genre et lui trouver une solution requise. « Devant un mal d’une telle ampleur, il faut trouver du temps suffisant pour se munir des remèdes appropriés ». « Ayez donc pitié des églises et des confessions religieuses ! Elles ne sont pas les seules pédagogues. Si aujourd’hui tu te rends dans des établissements scolaires, tu noteras que peu sont ceux qui suivent la religion », a renchéri le secrétaire de la CEPJ après avoir dit qu’il est vraiment difficile de lutter efficacement chez les jeunes voire les adultes contre l’attrait des nouveautés. Même si l’on passe plusieurs milliers de nuits en l’enseignant, elle n’apprendra rien aussi longtemps qu’il y a quelqu’un d’autres qui lui inculque autre chose différente.

Certains maux déjà isolés

Les participants à l’atelier ont noté que parmi les grandes causes qui rendent plus complexe la violence basée sur le genre figure l’influence des cultures des pays développés – une sorte d’acculturation féroce à notre jeunesse.

« Il y a des fois que nous nous croyons sur la voie de développement alors que nous régressons moralement. «  Tiens ! Si tu demandes à l’enseignant de ne pas gronder l’enfant et au parent de ne pas le châtier- Si ça arrive, appelle la police et lui dis que le parent maltraite son enfant.., qui saura donc trancher ?  », a déploré l’Abbé Gasana Vincent. Et il continue en indiquant que l’on est en train de s’occuper de la population modeste qui a des problèmes en famille mais en laissant en marge une autre partie, ce monde des riches. "Est-ce qu’eux ne mettent-ils pas au monde ?" On nous dit "Éduquez vos enfants, prévenez-les et épargnez-les de la Violence !"
Nous entonnons une belle chanson pour les familles modestes dans la lutte contre la violence basée sur le genre mais nous ne voulons pas inviter la classe des évolués à participer à notre danse alors qu’ils en ont besoin. Dans ce combat, personne ne devrait être laissée derrière. Aux grands maux, de grands remèdes ! », a conclu l’Abbé Vincent Gasana .

L’atelier avait été honoré par la présence des instances différentes ayant en charge la famille et la lutte contre la violence domestique comme le MIGEPROF, la police nationale, les organisations non gouvernementales locales comme RWAMREC et les organisations militant pour la promotion de la femme comme SERUKA. Il y avait aussi les représentants des partenaires du projet rassemblés dans les groupes des messagers de la paix en famille, des coopératives d’épargne et de crédits et des associations des témoins du rôle du projet dans le changement de comportement de ses bénéficiaires. Le projet dont il est ici question est une initiative conjointe entre la Commission Épiscopale Justice et Paix et la Province de l’Église Anglicane du Rwanda (PEAR).

JMV Uwitonze
DOCICO