Dimanche 29-10-2023

29.Dim. 30ème Dimanche du Temps Ordinaire A-Vr- G-C-PD ; 1ère Lecture : Ex 22, 20-26 ; Ps 18 (17), 2-3, 4.20, 47.51ab) ; 2 ème Lecture : 1 Th 1, 5c-10 ; Evangile : Mt 22, 34-40

PREMIÈRE LECTURE

Lecture du livre de l’Exode

20Ainsi parle le Seigneur :
« Tu n’exploiteras pas l’immigré,
tu ne l’opprimeras pas,
car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte.
21 n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.
22Si tu les accables et qu’ils crient vers moi,
j’écouterai leur cri.
23Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée :
vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.

24Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,
à un pauvre parmi tes frères,
tu n’agiras pas envers lui comme un usurier :
tu ne lui imposeras pas d’intérêts.
25Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,
tu le lui rendras avant le coucher du soleil.
C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ;
26 le manteau dont il s’enveloppe,
la seule couverture qu’il ait pour dormir.
S’il crie vers moi, je l’écouterai,
car moi, je suis compatissant ! »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
Ps 18 (18), 2-3, 4.20, 47.51ab
R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire !
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie.

DEUXIÈME LECTURE

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

5cFrères,
vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous
pour votre bien.
6Et vous-mêmes, en fait, vous nous avez imités, nous et le Seigneur,
en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves,
avec la joie de l’Esprit Saint.
7 vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants
de Macédoine et de Grèce.
8Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce
qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti,
mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout
que nous n’avons pas besoin d’en parler.
9 effet, les gens racontent, à notre sujet,
l’accueil que nous avons reçu chez vous ;
ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu
en vous détournant des idoles,
afin de servir le Dieu vivant et véritable,
10et afin d’attendre des cieux son Fils
qu’il a ressuscité d’entre les morts,
Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

34 ce temps-là,
les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
35et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
36« Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
37 lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
38Voilà le grand, le premier commandement.
39Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

MEDITATION

L’évangile de ce 30ème Dimanche du Temps Ordinaire nous montre Jésus répondre à une question des pharisiens : “Dans la Loi, quel est le grand commandement ?” Se poser des questions est une chose fondamentale dans la vie de l’homme, mais il faut que ce soient de bonnes questions, de questions inspirées par le goût de savoir plus, d’approfondir les choses essentielles pour notre relation avec Dieu, pour notre bien et le bien des autres. En effet, l’évangéliste précise que les pharisiens posent la question à Jésus, non par souci d’approfondissement de la Loi, mais pour le mettre à la preuve : “l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve”. En quoi consiste la mise à l’épreuve ? Quel est le piège tendu à Jésus ? Le piège consiste à voir le choix que fait Jésus pour l’accuser de mettre de côté un commandement plus important : les commandements de la Loi de Dieu avait subi des adaptations, passant des 10 Paroles (le Décalogue) à 613 préceptes moraux et cultuels. Il serait donc hasardeux d’établir une certaine hiérarchie entre tous ces commandements.
Dans sa réponse, Jésus n’établit pas seulement la hiérarchie par ordre de grandeur, mais donne le fondement de toute la Loi et de tout l’enseignement des prophètes : la Loi et les prophètes sont un appel à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain, indivisibles et complémentaires. C’est pourquoi, pour répondre à la question, Jésus part des paroles mêmes que chaque hébreu, les pharisiens comme experts de la Loi en l’occurrence, récite trois fois par jour dans sa prière (la prière traditionnellement connue comme le Shema Israele, Écoute Israël ! cf. Dt 6, 4) : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement”. Mais Jésus ne s’arrête pas là ; il invite à ne pas tronquer la Parole de Dieu ou s’en servir pour des raisons perverses : comme dans le cas des pharisiens qui veulent tendre un piege à Jésus sous prétexte de la Parole de Dieu, il peut arriver aussi de nos jours de partir d’une lecture fondamentale de la Parole pour justifier certains comportements violents ou discriminants. La Parole de Dieu doit etre lue et méditée dans son unité. C’est ainsi que Jésus montre à ses interlocuteurs - et à nous aussi qui l’écoutons aujourd’hui - un autre passage de la Loi, corollaire à celui-là qu’ils connaissent tous par cœur et récitent par routine, et qu’il ne faut pas ignorer si l’on veut vraiment pratiquer la Loi de Dieu : “Et le second lui est semblable : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’”.
Pour Jésus donc, aimer Dieu se traduit par notre capacité à aimer le prochain, et aimer le prochain est une expression de notre amour pour Dieu. Ce qu’affirmera aussi saint Jean rendant témoignage de ce qu’il a entendu et vu du Seigneur : "Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère" (1Jn 20-21).
En disant que les deux commandements sont semblables, Jésus ne dit pas qu’ils sont identiques et ainsi interchangeables ; mais qu’ils sont inséparables et complémentaires. C’est pour cela que Jésus rappelle un certain ordre : l’amour envers Dieu vient avant tout comme reconnaissance de celui qu’Il a lui-même pour nous. Aimer Dieu, c’est le reconnaître comme unique Seigneur et le laisser occuper la première place dans notre vie. C’est pourquoi, dans la seconde lecture, nous entendons saint Paul encourager la foi des Thessaloniciens qui ont accueilli la Parole de Dieu et se sont convertis des idoles à la foi en Dieu : “les gens disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient”. A notre temps aussi, des tentations d’idolâtrie ne manquent pas comme aime le rappeler le Pape François : « Aujourd’hui plus que jamais il faut adorer ! L’une des plus grandes perversions de notre temps est peut-être qu’on nous propose d’adorer l’humain en mettant de côté le divin. "Tu n’adoreras que le Seigneur" est le grand défi face à tant de propositions de néant et de vide ».
Concernant l’amour envers le prochain, Jésus donne d’abord pour mesure l’amour que nous portons pour nous-mêmes suivant la formule du texte de Lévitique qu’il reprend dans sa réponse aux pharisiens : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Mais l’amour de l’homme pour soi-même étant maintes fois imparfait, lors de la dernière Cène, il donnera à ses disciples une nouvelle et parfaite mesure de l’amour : “Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres” (Jn 15, 12). Pour nous chrétiens, l’amour de l’autre est donc une réponse à l’amour dont Jésus nous a aimés : un amour sans limite, un amour qui aime les siens jusqu’au bout (Jn 13, 1), jusqu’à offrir sa vie pour ceux qu’Il aime (Jn 15, 13) dans sa mort sur la croix (Ph 2, 8).
Voilà le défi que nous lance l’Évangile d’aujourd’hui : apprendre à aimer comme aime Jésus, sans distinction, sans nous enfermer dans les critères sur lesquels le monde fonde ses conceptions éphimères de l’amour. Et la première lecture nous donne quelques exemples pour concrétiser cet esprit d’amour pour le prochain : “Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir”.
Seigneur, ravive en nous la foi, l’espérance et la charité pour que nous puissions t’aimer en tout et par-dessus tout et nous aimer les uns les autres comme fils et filles d’un même Père. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Abbé Longin NDUWAYEZU du Diocèse de CYANGUGU