Dimanche, 03-04-22

3. Dim.Vl - CINQUIEME DIMANCHE DE CAREME - C, P.de car me - Rites catéchuménaux : 3ème scrutin- 1ère Lecture:Is 43, 16-21 ; Ps126 (125), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; 2ème Lecture  : Ph 3, 8-14  Evangile : Jn 8, 1-11. Homélie donnée par Père Bernard Dourwe, Rcj.

PREMIERE LECTURE - Livre d’Isaïe 43, 16-21
16Ainsi parle le SEIGNEUR,
lui qui fit un chemin dans la mer,
un sentier dans les eaux puissantes,
17 lui qui mit en campagne des chars et des chevaux,
des troupes et de puissants guerriers ;
les voilà tous couchés pour ne plus se relever,
ils se sont éteints, consumés comme une mèche.
Le Seigneur dit :
18 « Ne faites plus mémoire des événements passés,
ne songez plus aux choses d’autrefois.
19 Voici que je fais une chose nouvelle :
elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert,
des fleuves dans les lieux arides.
20 Les bêtes sauvages me rendront gloire,
- les chacals et les autruches -
parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert,
des fleuves dans les lieux arides,
pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi.
21 Ce peuple que je me suis façonné
redira ma louange. »

PSAUME - 125 (126)
1 Quand le SEIGNEUR ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
2 Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le SEIGNEUR ! »
3 Quelles merveilles le SEIGNEUR fit pour nous :
nous étions en grande fête !

4 Ramène, SEIGNEUR, nos captifs,
comme les torrents au désert.
5 Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

6 Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

DEUXIEME LECTURE - Lettre de Saint Paul aux Philippiens 3, 8 - 14
Frères,
tous les avantages que j’avais autrefois,
8 je les considère maintenant comme une perte
à cause de ce bien qui dépasse tout :
la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur.
A cause de lui, j’ai tout perdu ;
je considère tout comme des ordures,
afin de gagner un seul avantage, le Christ,
9et, en lui, d’être reconnu juste
non pas de la justice venant de la loi de Moïse
mais de celle qui vient de la foi au Christ :
la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi.
10 Il s’agit pour moi de connaître le Christ,
d’éprouver la puissance de sa résurrection
et de communier aux souffrances de sa Passion,
en devenant semblable à lui dans sa mort,
11 avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts.
12 Certes, je n’ai pas encore obtenu cela
je n’ai pas encore atteint la perfection,
mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir,
puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.
13 Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela
Une seule chose compte :
oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant,
14 je cours vers le but en vue du prix
auquel Dieu nous appelle là-haut
dans le Christ Jésus.

EVANGILE - selon Saint Jean 8, 1-11
1 Jésus s’était rendu au mont des Oliviers.
2 Dès l’aurore, il retourna au Temple.
Comme tout le peuple venait à lui,
il s’assit et se mit à enseigner.
3 Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère.
Ils la mettent au milieu,
4 et disent à Jésus :
« Maître, cette femme
a été surprise en flagrant délit d’adultère.
5 Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? »
6 Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve,
afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé
et, du doigt, il écrivait sur la terre.
7 Comme on persistait à l’interroger,
il se redressa et leur dit :
« Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
8 Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre.
9 Eux, après avoir entendu cela,
s’en allaient, un par un,
en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
10 Il se redressa et lui demanda :
« Femme, où sont-ils donc ?
Personne ne t’a condamnée ? »
11 Elle répondit :
« Personne, Seigneur. »
Et Jésus lui dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus. »

MEDITATION
Après le Dieu de patience (3e dimanche) et le Dieu de miséricorde (4e dimanche), c’est le Dieu de pardon que la liturgie nous invite à contempler. Il est encore beaucoup question de nouveauté ce dimanche : Dieu ne regarde pas en arrière ! Il va de l’avant et, pour nous, il veut un monde nouveau, un monde meilleur. Il nous offre toujours une nouvelle chance (Evangile), au risque d’être incompris de tous. L’exemple de Jésus avec la « femme adultère » est éloquent à ce sujet. Mais les prophètes, déjà, annonçaient ce « monde nouveau » (1ère lecture) où régnaient la justice de Dieu, et non plus celle des hommes. C’est pourquoi nous devons, toujours, aller « vers l’Avant » (2ème lecture) et suivre le Christ sur le chemin du Royaume, quelles qu’en soient les exigences. La Pâque est chemin de Vie.
Israël avait été libéré de l’esclavage de l’Egypte. Quelques siècles plus tard, le prophète annonce un nouvel exode. Car, s’il y a toujours des exilés et des opprimés, c’est que Dieu n’a pas encore dit son dernier mot. Le peuple est donc appelé à garder confiance et espérance car Dieu lui-même sortira le libérer comme il l’a fait autrefois en Egypte.
Le vrai voyageur n’emporte qu’un minimum de bagages. Prendre la route à la suite de Jésus, c’est aussi se défaire de choses désormais inutiles. Telle fut l’expérience de la conversion de Saint Paul qui, saisi par le Christ court droit vers le but. Pour lui il a tout laissé car le Christ est l’unique nécessaire. Le plus important avec lui n’est pas l’expérience du passé mais plutôt le regard toujours fixé en avant, un regard alimenté par l’amour et la miséricorde de Dieu qui est de toujours. Un amour qui ne compte pas nos fautes mais qui nous accorde plutôt en héritage la vie éternelle par le Christ-Jésus mort et ressuscité pour que nous ayons la vie en abondance comme récompense de notre engagement à être avec lui.
La montée vers Pâques approche de son terme, Jérusalem est en vue et Jésus s’y manifeste pour y révéler le pardon, source de vie, car Dieu ne veut pas la mort des pécheurs, mais leur conversion. Cet acte d’amour qui prend pitié et pardonne est concrétisée aujourd’hui par l’épisode de la femme adultère conduite à Jésus. Les scribes et pharisiens voulant lui tendre des pièges afin de trouver des motifs d’accusations contre lui demandent son avis par rapport à cette femme prise en flagrant délit d’adultère. Péché impardonnable qui mérite la mort. Cette femme n’a plus d’avenir. Elle n’a plus que son passé. A leur grande surprise, sa réponse sera toute autre. A la place des pierres que ces hommes auraient pu légalement jeter sur elle, Jésus va lui donner plus que son pardon. Il ne veut pas l’humilier en insistant sur son passé, il l’oriente vers l’avenir. . Le nouvel avenir qui s’ouvre pour la femme adultère "Va, et désormais, ne pèche plus" s’ouvre aussi à nous : Va, et désormais, remplace ton cœur de pierre par un cœur de chair à l’image du cœur de Dieu que Jésus t’a révélé. Seule, la voix d’amour peut faire reculer le péché en nous et autour de nous. Mais cette voix peut nous conduire, nous aussi, à la croix, comme Jésus. L’attitude de Jésus est riche d’enseignements, car toute en justesse. S’il ne montre aucune complaisance avec le péché qu’il nomme comme tel, il ne confond pas la femme avec ses actes. Il ne la déresponsabilise pas non plus en lui cherchant des excuses, mais il lui ouvre un avenir nouveau en faisant fond sur son désir de vie.
Loin de faire table rase du passé, Jésus réinterprète la Loi. Il ne vient pas comptabiliser les bonnes et les mauvaises actions des uns et des autres, mais il donne le pardon. C’est cela sa nouveauté : Jésus rend libre. En sa mort et sa résurrection, il prend avec lui tous nos péchés. C’est cette vie nouvelle de pécheurs pardonnés qui change toute notre perspective : désormais, nous sommes appelés à la vie éternelle, nous sommes un peuple de sauvés. Sauvés ? Alors que notre quotidien déborde de lourdeurs et de tristesse, alors que la peur du regard des autres peut paralyser certains… qu’en est-il de notre liberté profonde ? Demandons au Seigneur la grâce de cette liberté pour nous, pour ceux que nous aimons, pour ceux qui souffrent, pour les chrétiens de toute confession, pour nos gouvernants, peut être une étape dans notre chemin de conversion.
Dieu de tendresse et de pitié, tu ne te souviens pas de nos ruptures d’Alliance et tu mets loin de nous notre péché. Sûrs de cet amour que tu as pour chacun et chacune d’entre nous, nous venons vers toi, pleins de confiance : ton pardon toujours offert nous ouvre un avenir dans ton Royaume, avec Jésus, ton Fils, notre Seigneur, dans l’Esprit Saint qui nous rassemble, aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen !

Père Bernard Dourwe, Rcj.