Dimanche, 30-01-22

30. Dim. – Vr- QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE- G, C, P dominicale - Journée Nationale de la Jeunesse [1] COLLECTE POUR LA CEPJ. 1ère Lecture : Jr 1, 4-5.17-19 ; Ps71 (70), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17 ; 2ème Lecture : 1Co 12, 31 ; 13, 1–13 ; Evangile : Lc 4, 21-30.

PREMIERE LECTURE – Livre de Jérémie 1,4-5.17-19
Au temps de Josias,
4 La parole du SEIGNEUR me fut adressée :
5 « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère,
je te connaissais ;
avant que tu viennes au jour,
je t’ai consacré ;
je fais de toi un prophète pour les nations. »
17 « Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi,
tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai.
Ne tremble pas devant eux,
sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux.
18 Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée,
une colonne de fer,
un rempart de bronze,
pour faire face à tout le pays,
aux rois de Juda et à ses princes,
à ses prêtres et à tout le peuple du pays.
19 Ils te combattront,
mais ils ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi pour te délivrer.
Oracle du SEIGNEUR. »

PSAUME – 70 (71), 1-2.3.5-6ab,15ab.17
1 En toi, SEIGNEUR, j’ai mon refuge
garde-moi d’être humilié pour toujours
2 Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
Tends l’oreille vers moi et sauve-moi.
3 Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !
5 SEIGNEUR mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
6ab Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.
15 Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
17 Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

DEUXIEME LECTURE – première lettre de Saint Paul apôtre aux Corinthiens 12,31-13,1-13
Frères,
12, 31 recherchez avec ardeur les dons les plus grands.
Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
13, 1 J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges,
si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour,
je ne suis qu’un cuivre qui résonne,
une cymbale retentissante.
2 J’aurais beau être prophète,
avoir toute la science des mystères
et toute la connaissance de Dieu,
j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes,
s’il me manque l’amour,
je ne suis rien.
3 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j’aurais beau me faire brûler vif,
s’il me manque l’amour,
cela ne me sert à rien.
4 L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
5 il ne fait rien d’inconvenant ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;
6 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
7 il supporte tout, il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout.
8 L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées,
le don des langues cessera,
la connaissance actuelle sera dépassée.
9 En effet, notre connaissance est partielle,
nos prophéties sont partielles.
10 Quand viendra l’achèvement,
ce qui est partiel sera dépassé.
11 Quand j’étais petit enfant,
je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant,
je raisonnais comme un enfant.
Maintenant que je suis un homme,
j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
12 Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ;
ce jour-là, nous verrons face à face.
Actuellement, ma connaissance est partielle ;
ce jour-là, je connaîtrai parfaitement,
comme j’ai été connu.
13 Ce qui demeure aujourd’hui,
c’est la foi, l’espérance et la charité ;
mais la plus grande des trois,
c’est la charité.

EVANGILE – selon Saint Luc 4, 21-30
En ce temps-là,
dans la synagogue de Nazareth,
après la lecture du livre d’Isaïe,
21 Jésus déclara :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture,
que vous venez d’entendre. »
22 Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.
Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
23 Mais il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
Médecin, guéris-toi toi-même, et me dire :
Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine ! »
24 Puis il ajouta :
« Amen, je vous le dis,
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
25 En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Elie,
lorsque pendant trois ans et demi
le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
26 pourtant, Elie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
27 Au temps du prophète Elisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’entre eux n’a été purifié,
mais bien Naaman, le Syrien. »
28 A ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
29 Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

MEDITATION
Abbé Cyprien DUKUZUMUREMYI – Diocèse de NYUNDO

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Les lectures de la liturgie de la Parole de Dieu de ce quatrième dimanche du Temps Ordinaire reviennent sur le thème de la prédication. Elles nous invitent à écouter la Parole pour en vivre, la proclamer et non la refuser.

L’Evangile d’aujourd’hui est la suite de celui du dimanche dernier. Il commence par une reprise de l’expression bien connue dite par Jésus dans la synagogue de Nazareth qui avait conclu l’Evangile du dernier dimanche : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Jésus est ici compris comme étant tout à la fois le grand prêtre, le Messie et le prophète attendus par Israël. C’est l’accomplissement des temps dans la venue du Royaume de Dieu en Jésus. En Jésus s’accomplissent les promesses de Dieu et les attentes les plus profondes du cœur du peuple de Dieu. Au fait, Jésus vient de dire, à la synagogue de Nazareth, que la prophétie d’Isaïe sur l’intervention finale de Dieu en faveur des hommes est maintenant accomplie.

La réaction des auditeurs de Jésus dans la synagogue de Nazareth est complexe. D’abord « tous lui rendent témoignage » et sont dans l’admiration. Pourtant, à cette admiration se mêle de l’étonnement : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Ils le renvoient à son hérédité naturelle ; ils n’ont pas compris qu’ils ont désormais devant eux un nouveau Jésus, Fils bien-aimé du Père. Les gens de Nazareth ont entendu parler de ses miracles à Capharnaüm. Ils voudraient bien qu’il en fasse autant chez eux dans son village. Mais Jésus n’est pas d’accord avec cette attitude possessive car elle ne correspond pas au plan de Dieu. Sa mission ne se limite pas à faire des miracles chez lui dans sa patrie. Il est aussi envoyé pour les autres. D’ailleurs, il constate que les païens sont souvent plus ouverts au message de Dieu que ceux qui se disent croyants fidèles.

A ses compatriotes incrédules, Jésus rappelle que des prophètes israélites aussi prestigieux qu’Élie et Élisée ont été envoyés à des étrangers. Avec les exemples de la veuve de Sarepta ou de Naaman le syrien, Jésus voudrait faire comprendre aux gens de Nazareth que Dieu aime aussi les païens. Il les aime d’un amour de prédilection. En évoquant la bienveillance de Dieu pour une veuve de Sarepta et un lépreux Syrien, Jésus provoque une fureur qui prélude à la Pâque. C’est bien parce qu’il proclame l’amour universel de Dieu et l’ouverture à tout homme de l’Alliance d’Israël que Jésus sera crucifié. Mais, par cette crucifixion même, le Christ ouvrira à tous les hommes la demeure de Dieu.

A la lumière de ce passage de l’Evangile selon Saint Luc, les autres textes de la liturgie de la parole de Dieu de ce dimanche sont compris et expliqués. Dans la première lecture, tirée du prophète Jérémie, Dieu fait de Jérémie « un prophète pour les nations ». Sa tâche sera plus lourde en contexte d’invasion babylonienne. Mais Dieu lui promet de le soutenir et de le délivrer, quoi qu’il arrive. La parole de Dieu s’incarne dans le prophète et de la même façon, elle doit ainsi prendre chair en nous à l’instar de Jésus. L’histoire de ce prophète anticipe celle du Christ : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations ». C’est exactement ce que Jésus est venu accomplir avec sa mission sur terre. Il est le serviteur par amour, la parole de courage qui ne recule pas devant les menaces, la souffrance et la mort. On lui fera la guerre, mais on ne pourra rien contre Lui car Dieu est avec lui. Seul l’amour triomphera et le Christ incarne cet amour qu’il annonce et témoigne par sa mort et sa résurrection. Il invite ses disciples à suivre entre eux le même chemin du véritable amour.

Dans le célèbre hymne à la charité de saint Paul Apôtre rapporté dans la première lettre aux Corinthiens, nous comprenons la clé de lecture de tout le message de l’Evangile que Jésus a communiqué à ses concitoyens de Nazareth qui ne l’ont pas accepté mais communiqué à nous par la parole de Dieu. Nous sommes invités à l’accueillir pour ne pas suivre les traces des concitoyens de Jésus qui le chassaient de la synagogue et voulaient le renverser. Dieu s’éloigne de nous par le manque de charité et d’amour, par le fait de ne pas exercer et vivre les préceptes fondamentaux de la religion chrétienne : aimer Dieu et les frères. La charité est la manière la plus sublime d’atteindre Dieu et de modeler sa vie sur le Christ. Nous pouvons tout avoir et même plus encore, mais si nous manquons d’amour et de charité, nous sommes comme un cuivre qui résonne ou comme une cymbale retentissante. Sans charité nous ne sommes rien et nous sommes inutiles. D’autre part, si nous possédons la vertu fondamentale de charité et d’amour, nous sommes magnanimes, bienveillants, nous ne sommes pas envieux, orgueilleux, vaniteux ; au contraire nous sommes respectueux, détachés de nos intérêts personnels pour poursuivre ceux de notre prochain ; nous savons pardonner parce que nous oublions le mal subi et injustement reçu par les autre. Cela signifie pour nous que la parole de Dieu doit s’incarner non pas en jugement et en condamnation pour l’autre mais en acte d’amour et de charité. C’est l’amour qui manifeste la foi et l’espérance dans notre vie.

Le message de la liturgie de la parole de Dieu nous invite aujourd’hui à nous poser cette question : Pourquoi les hommes rejettent-ils le prophète qui parle au nom de Dieu ? Parce qu’ils perçoivent en lui un personnage qui les met « mal à l’aise », qui les réveille de leur vie tranquille et condamne les mauvais chemins qu’ils empruntent, les invitant à changer de vie et à emprunter le chemin indiqué par l’évangile et le modèle du Christ. Le monde a besoin de prophètes de l’évangile. Aujourd’hui plus qu’hier. Moi aussi, je suis invité à être prophète, c’est-à-dire à témoigner de l’Evangile par la vie et la parole, dans toutes les situations de chaque jour : famille, travail, communauté, école, conversation, engagement caritatif, attention à l’homme, etc. La Parole est vivante et elle a besoin de se déplacer et de circuler. Elle a besoin d’être lue, dite, redite et d’être proclamée. Car si nous l’avons entendue, nous savons qu’elle a changé notre vie et donc qu’elle peut changer la vie du monde. Si nous voulons annoncer la bonne nouvelle au monde, il nous faut d’abord aimer ce monde comme Dieu l’aime.

Abbé Cyprien DUKUZUMUREMYI – Diocèse de NYUNDO