Dimanche, 09-01-22

9. Dim. –B–BAPTEME DU SEIGNEUR [1], Ft -G, C, Ppr- 1ère Lecture : Is40,1-5.9-11 ; Ps104(103),1c-3a,3bc-4,24-25,27-28,29-30 ; 2ème Lecture : Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Évangile : Lc 3, 15-16.21-22. Méditation donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.

Première lecture. Lecture du livre du prophète Isaïe : (Is 40, 1-5.9-11).
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. » Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. » Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Elève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Elève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. » Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.
Psaume responsorial (Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30)
L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !
Revêtu de magnificence, tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux, tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char, tu t’avances sur les ailes du vent ; tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes des éclairs.
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! La terre s’emplit de tes biens.

Voici l’immensité de la mer, son grouillement innombrable d’animaux grands et petits.
Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.

Deuxième lecture. Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite : (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)
La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.
Acclamation (cf. Lc 3, 16)
Alléluia. Alléluia.
Voici venir un plus fort que moi, proclame Jean Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Alléluia.
Evangile.
Bonne nouvelle de Jésus Christ selon saint Luc : (Lc 3, 15-16.21-22)
Le peuple venu auprès de Jean-Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »

Commentaire et méditation
Aujourd’hui, nous célébrons la solennité du Baptême du Seigneur. Cette solennité clôture le temps de Noël. Avec le Baptême de Jésus, nous sommes invités à célébrer le jour de notre propre baptême. Or se faire baptiser, dans son sens réel et symbolique, signifie être plongé dans l’eau, se mouiller, s’imprégner et s’impliquer. Théologiquement parlant, être baptisé signifie se laisser remplir par l’Esprit de Dieu. Toutefois, pour que des fleuves d’eau vive jaillissent dans le cœur de tous les baptisés et pour que la vie de l’Esprit de Jésus coule dans leurs veines, en faveur des plus faibles et pour une solidarité plus agissante, les chrétiens doivent se configures aux Christ.

En effet, pour nous, comme pour Jésus de Nazareth, il est significatif que l’Esprit « profite » justement de notre présence parmi les pécheurs pour descendre sur nous. L’on dirait que son lieu privilégié pour se manifester c’est notre insertion au milieu du peuple. Le récit de l’évangile de ce dimanche nous relate que Jésus, comme tout le monde se met dans la ligne « en attente » d’être baptisé. Saint Luc précise que c’est évidemment après avoir reçu le baptême, lorsqu’il « se trouvait en prière », à ce moment-là, « le ciel s’ouvrit ». Dans cette précise occasion, « l’Esprit Saint descendit sur lui ». Puis, de la part du Père, « une voix se fit entendre : ‘C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré’ ».
La liturgie du Baptême du Seigneur nous présente pour ce faire plusieurs thèmes qui méritent de profondes méditations : La filiation divine du nouveau baptisé. La place de prière comme dialogue avec le Père céleste. L’action de la Sainte Trinité qui crée et recréé l’univers… Méditons quelques-uns de ces éléments en commençant par l’attitude de Jésus qui se glisse dans « les lignes de la honte ». C’est-à-dire qu’il fait comme nous. Il s’identifie en nous lorsque nous attendons notre tour chez le médecin ou faisant la queue devant le bureau d’une personne qui, assis dans son fauteuils derrière son ordinateur ; quelquefois en répondant à son téléphone, va nous recevoir avec un climat froid, embêtant et réceptionnant. Jésus s’est mis en file indienne, comme ceux-là qui temporisent et qui, mainte fois à contre cœur et malgré eux, attendent recevoir le Vaccin du covid-19 ou le PCR. Il est en file comme ces chômeurs qui s’agglutinent devant les bureaux et agences en sollicitant de l’introuvable emploi. Bref, par son baptême, Jésus s’identifie à ses frères qui sont dans « les périphéries existentielles ». Il est l’un de ceux qui n’ont pas d’autres ressources pour obtenir rapidement le service dont ils ont besoin. L’évangéliste place Jésus dans ces rangs. Il est mêlé au peuple. Il est parmi les pécheurs. Il attend son tour pour recevoir le même baptême que tous ceux qui attendent le Messie.
Certes, Jésus n’avait pas besoin de se convertir ni de se préparer à l’arrivée du Messie que Jean annonçait. Mais alors, pourquoi fait-il la queue avec les nécessiteux ? Pourquoi est-ce qu’il n’a pas fait comme ceux qui obtiennent rapidement ce dont ils ont besoin quand ils veulent, comme ils souhaitent et là où ils pensent que ça correspond à leurs rangs ?
La première leçon que les lectures d’aujourd’hui nous donnent serait sans doute celle de découvrir que le trait essentiel de la personnalité et de la mission de Jésus consiste à être proche, à se mêler et à s’impliquer dans les besoins des autres. Jésus partager les espérances de ceux qui n’attendent plus rien de bon de ce monde. Il tente de consoler les personnes angoissées par sa simple présence. Il est disponible à partager les souffrances de son peuple. Pour ce faire, Jésus nous donne un exemple parfaitement contraire des attitudes qui caractérisent les chefs politiques et religieux que nous avons attendu le jour de l’Epiphanie.
Jésus est différent du tyran et arrogant Hérode. Celui-ci veut que les autres lui racontent. Sans sortir de son palais, il convoque, réunie et demande qu’on lui dise, soit l’endroit où devait naitre le Messie. Soit il espionne les Mages pour savoir les dates précises du nouveau-né. Puis il envoie les mages avec l’ordre d’aller se renseigner avec précision sur l’enfant et semble les obliger à revenir lui présenter les comptes rendus. Hérode se contente de s’informer mais, il ne sembler pas donner beaucoup d’importance aux nouvelles qu’on lui donne. Ses intérêts sont ailleurs. Il a d’autres plans.
Jésus se place également dans le côté opposé de celui que les grands prêtres et les scribes choisissent. Ces hommes de la religion savent éperdument les écritures. Ils devraient apparemment être les premiers à savoir la venue du Messie. Pourtant, imbus de leur connaissance et fiers du pouvoir religieux qu’ils jouissent, ils semblent enseigner ce qu’il ne croit pas. « Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi ». (Mt 23, 4-7). Et par-dessus le marché, « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. » (Lc. 20, 47).
Par contre, Jésus se fait baptiser. Ce qui signifie qu’il se mouille. Il s’imprégner et s’impliquer dans la réalité. C’est de cette manière qu’il nous montre qu’à distance on ne se mouille pas. On ne découvre pas. On n’est pas affecté. Le baptême devrait donc nous rendre sensibles, empathiques et sympathiques. Le baptême nous rapproche les uns des autres. De loin ou de prêt, il nous met en contact. Il requiert que nous sachions de première main ce que nos voisins vivent et sentent. L’on peut penser qu’après cette expérience d’être au milieu du peuple. Jésus trouve légitime établir un dialogue avec son Père. Il lui présente toutes celles et tous ceux qu’il portait intentionnellement à travers ce geste qu’il venait de poser. Il est certain que Jésus parlait de nous au Père qui l’a envoyé. Saint Luc, ne laisse la place aux doutes. Il nous dit que c’est « au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s’ouvrit, et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : "Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré" » (Lc 3, 21, 22).
« Tu es mon fils » : Ces paroles du Père céleste ne sont pas seulement adressées à Jésus mais également elles s’adressent à chacun de ses enfants pour qui le Fils unique a donné sa vie. Elles sont la réponse du Père à la prière de Jésus. Elles sont la réplique du Père à l’offrande du Fils sur la croix. Il s’agit de la réponse dont la puissance de vie se manifestera au matin de Pâque lorsqu’après avoir été enseveli dans la mort, le Fils ressuscite. Comme vainqueur de la mort et du péché, il confirme que la croix est la conséquence de la vie reçue, vie donnée et possédée. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » (Mc 8, 35).
La deuxième leçon que la liturgie de ce jour nous donne consiste à savoir que le fruit de la mort et de la résurrection du Christ est notre réconciliation avec le Père, avec nous-mêmes et avec les autres. Par le baptême, nous faisons partie de la famille de Dieu. C’est pourquoi, notre évangéliste ajoute : « Le Ciel s’ouvre ». Nous pouvons à nouveau être en relation avec Dieu, notre Père céleste. Le don de la filiation divine nous est réoffert à nous aussi.
La filiation divine pour nous se réalise dans le sacrement du baptême. Baptême « dans l’Esprit » qui fait de nous des fils du Père dans le Fils unique. C’est également le baptême « dans le feu » de l’Amour trinitaire de Dieu dans lequel nous sommes plongés. Par le baptême, s’opère dans le Christ, par la grâce de l’Esprit Saint, la restauration du chrétien dans une relation de liberté filiale vis-à-vis de Dieu le Père. Dans le Baptême, le Père céleste répète également pour chacun de ces enfants des paroles prononcées sur Jésus : « Tu es mon Fils ». Réalisant ainsi notre adoption, le baptême marque notre insertion dans la famille de Dieu, dans la communion avec la Très Sainte Trinité, dans la communion avec le Père, avec le Fils et avec l’Esprit Saint.
C’est précisément pour cela que le baptême doit être administré au nom de la Très Sainte Trinité : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Ces paroles ne sont pas seulement une formule, elles sont une réalité. Elles marquent le moment où des fils et des filles issues des parents humains, un enfant, un homme, une femme, deviennent également fils ou filles de Dieu dans le Fils du Dieu vivant. Nous entrons dans la dimension spirituelle de notre être chrétien.

Cependant le mot « Spiritualité » pour beaucoup de nos contemporains est un mot très controversé. Pour certains, ce mot signifie quelque chose d’inutile, d’éloigné de la vie réelle. Ils ne sont pas convaincus et ils se demandent, mais à tort : à quoi cela peut-il servir ? Car ce qui intéresse c’est le concret, le pratique, le pragmatique, le matériel et non pas le spirituel. On oublie que l’esprit d’une personne est quelque chose que la société moderne valorise car cela indique ce qu’il y a de plus profond et décisif dans sa la vie e la personne humaine. Il est la source de la passion qui l’anime, son inspiration ultime, ce qu’il transmet aux autres, ce que cette personne est en train de semer dans le monde. L’esprit anime nos projets et nos engagements, configure notre hiérarchie de valeurs et notre espérance. Tel notre esprit, ainsi notre spiritualité et, aussi est-elle notre religion et notre vie toute entière.
Les textes que les premiers chrétiens nous ont légués nous montrent qu’ils vivent leur foi en Jésus Christ comme un fort mouvement spirituel. Ils se sentent habités par l’Esprit de Jésus. Seul, celui qui a été baptisé dans cet Esprit, est chrétien. « Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas ». Animés par cet Esprit, ils vivent tous d’une façon nouvelle. Grâce à cet esprit ce qui change tout d’abord radicalement c’est leur expérience de Dieu. Ils ne vivent plus dans « un esprit d’esclaves ». Ils sont plus angoissés par la peur, mais ils vivent dans « un esprit de fils » qui se sentent aimés par un Père, inconditionnellement et sans limites. L’Esprit de Jésus les pousse à crier au plus profond de leur cœur : « Abba, Père ! » C’est cette expérience que tout le monde devrait trouver en premier dans les communautés de Jésus.
C’est à ce moment que la manière de vivre la religion peut changer. Les personnes animées par l’esprit de Jésus ne se sentent plus « prisonniers de la loi ». Des normes et des préceptes peuvent exister ou non pas exister. Cela importe peu. Les croyants sont libérés par l’amour. Ils connaissent désormais ce que veut dire vivre avec « un esprit nouveau ». Attentifs à l’appel de l’amour, ils ne vivent plus selon « la lettre ancienne ». Occupés à remplis des obligations religieuses ils vivent leurs religiosités dans la liberté. Ils adorent Dieu en vérité et en esprit.
Voilà le climat que nous devons tous cultiver et promouvoir dans nos communautés chrétiennes. C’est vers cet objectif que devrait tendre la vie de nos paroisses et celle de nos groupes de prière. Si nous voulons vivre à la manière de Jésus, c’est à cette condition que nous découvrirons le contenu du véritable culte rendu à Dieu. Nous serons que ce ne sont pas les rites vides d’amour qui plaisent à notre Dieu. Celui-ci veut que nous soyons baptisés « en esprit et en vérité ». C’est cela que consiste une vie vécue selon l’esprit de Jésus : entrée dans la spiritualité de la vérité.
N’est-ce pas que c’est cela que Jésus nous enseigne en se mêlant à tout le monde et en s’enlignant dans la file de ceux qui attendent que Jean les submerge dans l’eau ? Ne montre-t-il pas que sa véritable vocation est de servir et de se mettre au service des personnes blessées, emprisonnées, persécutées, marginalisées… ? N’est pas que c’est cela que nous enseigne le Pape François quand il parle de l’Eglise, en utilisant la métaphore de l’hôpital de campagne ? Le Pape dit en effet : « Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Comme il est inutile de demander à un blessé s’il a trop de cholestérol ou de sucre ! Les blessures doivent être guéries. Nous parlerons du reste plus tard. Guérir les blessures et soulager les blesser... Il faut commencer par le plus élémentaire. » Puissions-nous être du côté des personnes qui ont le plus besoin d’être accompagnées ! Qui attendent les soins ! Qui aimeraient recevoir des encouragements ! Qui nécessitent des réconforts ! Qui guettent la libération !
N’oublions pas que c’est également cela que Paul de Tarse rappelait toujours à ses communautés : « N’éteignez pas l’Esprit. » Une Eglise éteinte, vidée de l’esprit du Christ ne peut pas vivre ni communiquer sa véritable nouveauté. Elle ne peut pas non plus savourer les consolations de transmettre la Bonne Nouvelle qui libère. Soigner la spiritualité chrétienne serait donc raviver notre-être-chrétien. Certes, au moment de notre baptême, nous n’avons probablement pas entendu la voix venant du ciel. Pourtant elle a bel et bien retenti. La grâce du sacrement en vue de notre sanctification et de notre filialisation a bien agi en nous. Ce jour-là, le ciel s’est grandement ouvert et des milliers d’anges en fête se sont réjouis en nous voyant revêtus de l’humanité du Christ et accueillis par le Père comme ses fils et ses filles bien-aimés.
Frères et sœurs, bien-aimés du cœur de Dieu, dans les premiers temps de l’Église le baptême avait une force extraordinaire ! C’était un événement déterminant. Car les deux choses, foi et sacrement, se trouvaient réunis. Aujourd’hui, pour beaucoup de croyants, le baptême est comme un paquet cadeau qu’on a oublié d’ouvrir. Il est encore emballé. Il est laissé de côté dans une armoire. Certes, les chrétiens contemporains ont reçu validement le baptême mais c’est un sacrement « lié », pour reprendre la terminologie de saint Thomas (S. Th. III, q.69, a. 1). C’est-à-dire qu’ils ont reçu un sacrement dont l’efficacité reste entravée. Ils possèdent des talents dont le fruit n’est pas utilisé.
Pourquoi ? Parce qu’on n’y a pas adjoint la condition essentielle de la foi. En effet, Jésus n’a pas dit : « celui qui sera baptisé sera sauvé » mais « celui qui croit et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16,16). Quand on reçoit le baptême étant bébé, l’Église se porte garant de la foi du nouveau baptisé, mais c’est dans l’espérance que devenu adulte, la personne ratifiera sa foi en faisant son propre acte du credo chrétien. C’est-à-dire en accueillant librement dans sa vie Jésus comme son Seigneur et son Sauveur.

Prière scripturaire
Trinité Sainte : Père, Fils et Esprit Saint ! Je te bénis et je te rends grâce pour le jour de mon baptême. Ce jour-là, les cieux se sont ouverts. Toi, Seigneur Jésus, tu m’as ouvert de nouveau les portes du Paradis et tu m’as réintroduit dans l’espérance.
Ce jour, dans l’eau baptismale, toi Seigneur, Esprit Saint, tu m’as été donné pour faire de moi une nouvelle créature. Tu m’as transformé et m’as configuré à la ressemblance de Jésus, premier baptisé dans l’eau et dans le feu de l’Esprit Saint.
Depuis ce jour, ta voix Père a témoigné que tu faisais de moi, en ton Unique et Bien-aimé Fils, ton enfant adoptif. Certes Jésus est ton Fils de façon singulière qu’il révèle le Père complètement et totalement Dieu. Il est l’incarnation de Dieu parmi les hommes.
Toutefois, le jour de son baptême, il a voulu que nous partagions avec lui cette filiation divine. Lorsqu’il s’alignait parmi tous ceux qui cherchent Dieu, il a confirmé que dieu se laisse trouver par ceux qui se laissent mouiller par sa grâce. Cette action de grâce est en cette fête ma confession de foi pour que les bienfaits reçus au jour de mon baptême puissent également se déployer dans mon être chrétien. Que toutes leurs potentialités puissent porter dans ma vie le fruit de sainteté pour ta plus grande gloire.
Ô Trinité Sainte, pour le salut de tous les hommes mes frères et sœur, donne-moi le courage de m’identifie en tout et partout avec mes frères qui sont dans les périphéries existentielles.
Marie Mère de tous les baptisés prie pour nous ! Mère du Verbe de Kibeho assiste nous pour que témoignions notre foi en Jésus qui se trouve parmi nous
. Amen.
Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc