Dimanche, 07-11-21

7. Dim – B - TOUS LES SAINTS [1] So, G, C, Préf. propre - 1re lect. : Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23, 1-2.3-4ab.5-6 ; 2e lect. : 1 Jn 3, 1-3 ; Évangile : Mt 5, 1-12a. HOMELIE donnée par le Père Bernard Dourwe, Rcj.

Première lecture : Ap 7, 2-4.9-14
Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël. Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » – Parole du Seigneur.

Psaume (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)
Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C’est lui qui l’a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots. Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles. Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

Deuxième lecture : 1 Jn 3, 1-3
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. – Parole du Seigneur.

Évangile :Mt 5, 1-12a
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.

MEDITATION
Nous célébrons en la fête de la Toussaint la multitude des hommes et des femmes, qui au long des âges ont recherché et réalisé la volonté de Dieu dans leur vie. Commencée à être célébrée au IVe siècle, la fête qui unit en elle tous les saints connus et inconnus, proches et lointains est l’expression palpable de la Communion des saints entre les vivants et ceux qui nous ont précédés et qui vivent dans la gloire de Dieu. En nous proposant cette solennité, l’Eglise nous invite à vivre dans l’espérance du renouveau par-delà la mort. Elle veut aussi nous rendre conscients de la solidarité avec tous ceux qui sont entrés dans le monde invisible. Ils vivent désormais près de Dieu et ils intercèdent pour nous. Ils sont l’Eglise du ciel ou la Jérusalem d’en Haut. En les célébrants, nous sommes invités à nous mettre sur leur pas avec le regard fixé vers le Christ qui nous appelle à être saints comme Dieu est Saint.
Saint Jean dans la première lecture nous ouvre un pan de voile sur la gloire des saints auprès de Dieu. Vénus de toutes les nations, races, peuples et langues, après la grande épreuve, les saints ont lavé leurs vêtements et les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. Ils proclament les merveilles de Dieu qu’ils contemplent jour et nuit en disant : « Amen ! Louange, gloire, sagesse, et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! ». Cette vision de la grande liturgie du ciel révèle que les élus seront une multitude incalculable et qu’ils viendront de partout. En effet, la vocation à la sainteté, qui est la nôtre est adressée à tous les hommes sans aucune exception. Notre plus grand échec serait de ne pas bénéficier de la gloire des enfants de Dieu auprès de lui. Nous devons donc nous efforcer au quotidien pour trouver grâce auprès de Dieu lorsqu’il viendra à notre rencontre. Pour y parvenir, nous sommes appelés à affronter avec courage et détermination les différentes épreuves qui se présentent à nous au quotidien de notre existence.
Pour saint Jean dans sa Première Lettre, ces épreuves à affronter prendront fin avec l’avènement de Dieu qui aime tous ces enfants que nous sommes. Comme peuple en marche vers la Jérusalem céleste, « ce que nous serons ne parait pas encore clairement » mais notre espérance au lendemain meilleur avec le Christ doit nous fortifier dans les combats que nous menons avec le monde qui ne connait pas Dieu et vit loin de lui. C’est à travers ces combats que nous répondrons à l’appel de Dieu qui veut partager avec nous sa gloire.
Jésus nous propose les béatitudes comme un véritable chemin qui nous conduit à la patrie céleste. Même si le monde ne nous comprend pas et nous propose des voies faciles ou des persécutions à cause de notre engagement à la suite du Christ, nous devons toujours focaliser notre attention à être au sein de ce monde lumière du monde et sel de la terre. Les béatitudes, loin d’être irréalisables ou irréalistes deviennent notre pièce d’identité ou notre référentiel pour mener une vie de sainteté. Elles sont une invitation à être au sein de ce monde des signes vivants de l’amour gratuit de Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Elles nous appellent donc à être pauvres de cœur, doux, compatissants, assoiffés et affamés de la justice pour tous, miséricordieux, purs de cœur, artisans de paix et persévérants dans notre quête de Dieu et la promotion de l’homme. Elles nous engagent dans tous les combats de notre vie humaine et sociale en faveur de ceux qui souffrent au nom de leur foi, de leur liberté et de leur dignité. Tous ceux-là sont « heureux » non pas à cause de leurs souffrances ni de leurs misères mais plutôt parce que Dieu est avec eux comme source de leur bonheur et leur « récompense sera grande dans les cieux. »
La solennité de Tous les Saints nous interroge avant tout sur notre vocation, sur notre capacité de renoncer à nous-mêmes, à nos sécurités et même à l’idée que nous nous faisons de la sainteté. Comme Pierre et André, comme tant d’autres dans l’histoire de l’Eglise, nous devons demander et avoir le courage de savoir abandonner les nombreux filets de la vie qui emprisonnent notre vocation à la sainteté : les filets du quotidien qui peuvent entraver les exigences de l’Evangile ; le filet de l’égoïsme et le filet de l’individualisme qui limitent notre participation active à la croissance de la communauté ; le filet de la guerre avec nous-même et avec les autres, destructrice des relations sincères avec le prochain ; le filet de la paresse qui nous empêche de mettre à la disposition des autres notre temps et nos talents. Tous ces filets annulent l’esprit des béatitudes et sont des obstacles sur le chemin de la Sainteté.
Dieu éternel et tout-puissant, tu nous donnes de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus : puisqu’une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces.
Père Bernard Dourwe, Rcj.