Dimanche, 29-08-21

29. Dim. – Vr – VINGT-DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, Préf. dominicale 1è lecture : Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 15 (14), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5 ; 2è lecture : Jc 1, 17-18.21b-22.27 ; Évangile : Mc 7, 1-8.14-15.21-23. Homélie donnée par l’Abbé Longin Nduwayezu, Prêtre du Diocèse de Cyangugu.

HOMELIE
Sous la conduite de Moïse, les fils d’Israël ont témoigné de l’amour de Dieu qui les a libérés de l’esclave d’Égypte et les a conduits au désert, se révélant à eux comme un Dieu fidèle à son amour. Maintenant qu’ils cheminent vers la Terre promise, Dieu leur remet sa Loi pour faire d’eux un peuple sage et intelligent. Contrairement aux lois humaines qui se réduisent souvent à des codes d’interdits et de punitions, la Loi de Dieu sert à libérer les hommes en les instruisant sur la vraie voie de la vie et de la liberté : « Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères ». Ces décrets et ordonnances de la Loi de Dieu tels que Moïse les a annoncés aux fils d’Israël, se sont transmis de génération en génération au sein du peuple de Dieu, Israël. Mais au fur du temps, les chefs religieux et les interprètes de la loi de Moïse y ont mêlé des traditions des anciens (coutumes, "consuetudines" en latin) qui risquent d’obnubiler l’esprit même de la Loi mosaïque. Cela nous fait comprendre le ton que prend Jésus contre les pharisiens qui se sentent scandalisés de voir ses disciples manger sans se laver les mains : se laver les mains, qui en soit est une mesure de propreté (aujourd’hui nous parlons de geste barrière) contre la propagation des maladies, avait fini par prendre un sens cultuel de purification. Les mains impropres, non lavées, signifier les mains impures ; manger sans se laver les mains signifie manger avec des mains impures.
Jésus qui n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir, indique à ses interlocuteurs le vrai sens de la pureté : être pur ne consiste pas en des pratiques purement extérieures qui ne s’accompagnent pas d’un "comportement religieux pur et sans souillure" c’est-à-dire "visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde" (Lecture 2). C’est pourquoi Jésus les réprimande et dénonce ce formalisme hypocrite qui les détourne du vrai culte envers Dieu : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Jésus part de là aussi pour lever cette confusion fragrante qui s’est introduite dans la compréhension du pur et de l’impur : ce n’est pas ce que l’homme consomme de l’extérieur qui le rend impur (la nourriture, la boisson, ...), mais plutôt les pensées de son cœur qui l’incline au péché : « inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur ». Autrement dit, plutôt que de s’accrocher aux apparences, il faut travailler à purifier le cœur duquel jaillissent tous les maux.
Au moment où le monde se trouve abasourdi par la lutte contre le virus pandémique du coronavirus et où on insiste beaucoup sur cette pratique du lavement régulier des mains, nous, les chrétiens, nous pouvons aussi être infectés par le virus pharisaïque d’une religiosité superficielle et des apparences : chercher à donner une bonne image de nous-mêmes devant la communauté ecclésiale alors qu’intérieurement nous ne nous attachons pas vraiment au commandement de Dieu. La Parole de Dieu nous propose un vaccin sûr contre ce virus : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion », nous exhorte l’apôtre Jacques dans la deuxième lecture.
Écouter, accueillir, mettre en pratique, ce sont les trois verbes-clés qui articulent ce verset. Écouter, c’est tendre l’oreille à quelqu’un qui nous adresse une parole. Quand celle-ci est entendue, comprise et intériorisée, nous pouvons dire qu’elle est accueillie. Mettre en pratique ce que nous avons accueilli, c’est passer à l’exécution, c’est le rendre fructueux, l’extérioriser. Écouter la parole de Dieu, l’accueillir et la mettre en pratique, c’est vivre selon ce qu’elle contient et nous transmet : le commandement de Dieu qui se ramène à deux préceptes les plus grands : Aimer Dieu de tout notre être et aimer notre prochain comme nous-mêmes.
Demandons au Seigneur de renouveler en nous l’amour que nous avons pour lui et de le manifester dans l’attention que nous portons à nos frères et sœurs humains, surtout les derniers, les plus faibles, les veuves, les orphelins et tous ceux qui sont dans la détresse : ce que vous « avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. [Ce] que vous n’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (Mt 25, 40.45), nous dira Jésus au jour du jugement. Ce que paraphrase l’apôtre Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » (1 Jn 4, 20-21).
Si Jésus réprimande les pharisiens et les scribes, ce n’est pas parce qu’il ne veut pas qu’ils respectent les traditions anciennes, mais c’est pour les appeler à conformer à l’observance des pratiques prescrites une vie marquée par la foi en Dieu et le service de l’autre. C’est en cela que consiste la vraie obéissance à la loi de Dieu, la seule est donnée pour la purification de notre cœur. Comme chrétiens, comment travaillons-nous à ce que la loi qui régit nos sociétés ne détourne pas les hommes de la voie de Dieu ? La foi de l’Église que nous avons reçue au jour de notre baptême nous inspire-t-elle à grandir dans l’amour et l’unité fraternels ? Nous porte-t-elle à surpasser l’esprit d’égoïsme, d’indifférence, de division, d’oubli de l’autre ?
Abbé Longin Nduwayezu, Diocèse d Cyangugu.