Dimanche, 28-03-21

28.DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION /ANNEE B :Mc 11, 1-10 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21(22) ; Ph 2, 6-11 ; Mc 15, 1-39. MEDITATION DONNEE par l’Abbé Valens NSABAMUNGU, prêtre du diocèse de BYUMBA .

PREMIERE LECTURE - Isaïe 50, 4-7
4 Le SEIGNEUR mon Dieu m’a donné le langage des disciples
pour que je puisse, d’une parole,
soutenir celui qui est épuisé.
Chaque matin, il éveille,
il éveille mon oreille
pour qu’en disciple, j’écoute.
5 Le SEIGNEUR mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
6 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
7 Le SEIGNEUR mon Dieu vient à mon secours ;
c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.

PSAUME - 21 (22), 2, 8-9, 17-20, 22b-24

2 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
8 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
9 « Il comptait sur le SEIGNEUR : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

17 Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure ;
ils me percent les mains et les pieds,
18 je peux compter tous mes os.

19 Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
20 Mais toi, SEIGNEUR, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !

22 Mais tu m’as répondu !
23 Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR

DEUXIEME LECTURE - lettre de Saint Paul apôtre aux Philippiens 2, 6-11

6 Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
7 Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
8 Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort
et la mort de la croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a exalté.
Il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
11 Et que toute langue proclame :
« Jésus-Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.

EVANGILE - Extraits de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Marc : Mc 15, 1…39

15, 1 : Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême.
Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
2 Celui-ci l’interrogea :
« Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
3 Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
4 Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ?
Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
5 Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.
16 Les soldats l’emmenèrent à I’intérieur du palais,
c’est-à-dire dans le Prétoire.
Alors ils rassemblent toute la garde,
17 ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
18 Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant :
« Salut, roi des Juifs. »
19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,
et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
20 Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements.
Puis, de là, ils l’emmenèrent pour le crucifier,
21 et ils réquisitionnent, pour porter sa croix,
un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
22 Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).
23 Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.
24 Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
25 C’était la troisième heure (c’est-à-dire neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
26 L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots :
« Le roi des Juifs ».
39 Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s’écria :
« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

MEDITATION DE LA PAROLE DE DIEU

Aujourd’hui, Jésus est acclamé à son entrée à Jérusalem (Mc 11, 1-10). Par après, les cris de jubilation de la masse se sont transformés en hurlement : « Crucifie-le ! » (Mc 15, 13).
Jésus, tout Fils qu’il était, accepta l’humiliation (Ph 2, 7) ; la Semaine sainte nous en dit amplement. Ceux qui l’acclamaient pour ses signes et ses miracles, les multiplications de pains et les diverses guérisons, se sont tournés contre lui pour lui charger de tous les maux, « Jésus séducteur des consciences de petites gens, usurpateur des prérogatives de Dieu et de Moïse, en s’appelant le Fils de Dieu. Il méprise et bafoue les prescriptions mosaïques telles que le repos sabbatique. Il relativise les prescriptions rituelles et religieuses comme toucher le lépreux, la personne saignante ». Il brave les autorités et les prérogatives des ténors de la société de son temps, à savoir les scribes, les pharisiens et le grand prêtre Caïphe. Il déstabilise l’ordre politique car lui se nomme Messie (Jn 4, 25-26) et les rois mages parlent de lui comme le roi des Juifs (Mt 2,2) Il appelle plutôt à la conversion sincère et radicale, au respect du prochain sans condition et sans limite, notamment dialoguer avec la Samaritaine (Jn 4,1ss), partager le repas avec les pécheurs (Lc 19, 1-10). Ses fans d’hier, organisés et manipulés par les tenants du pouvoir religieux et civil (les scribes, les Pharisiens et le grand prêtre Caïphe) veulent en finir avec cet imposteur. Jésus va vivre la trahison, la désolation, le chemin de la croix, mourir et ressusciter (Jn 20 1). Pour quoi Jésus continue-t-il souffrir à travers ses membres ici et là dans le monde entier ? Quels sont les remèdes à cette situation ?
L’origine du mal, c’est l’amour qui se refroidit (Mt 24,12), comme nous le rappelle le Pape François dans le message du Carême, 2018. Il dit : « Ce qui éteint la charité, c’est avant tout l’avidité de l’argent, la racine de tout les maux (1Tm 6,10) ; elle est suivie du refus de Dieu, et du refus de trouver en lui notre consolation, préférant notre désolation au réconfort de sa Parole et des Sacrements. Tout cela se transforme en violence à l’encontre de ceux qui sont considérés comme une menace à nos propres « servitudes » : l’enfant à naître, la personne âgée malade, l’hôte de passage, l’étranger, mais aussi le prochain qui ne correspond pas à nos attentes (messaggio-quaresima2018.html) ». Accepter l’autre dans sa différence crée la paix et la complémentarité.
En s’adresse à tout chrétien, et à tous les hommes et femmes de bonne volonté, le Pape François dit : « Unissez-vous à nous pour qu’ensemble nous invoquions Dieu, pour qu’ensemble nous jeûnions et qu’avec nous vous donniez ce que vous pouvez pour aider nos frères ». Il propose aux chrétiens l’adoration, le Sacrement de Réconciliation et le pardon. Saint François d’Assise (1182-1226) est le champion de la paix et le pardon sans condition à l’égard de ses frères et sœurs et même la nature. Son poème est un remède aux maux dont souffre l’humanité. Il dit : « Seigneur, fais-moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie. O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
En effet, cette prière est inspiratrice dans la recherche de la paix, la lutte contre ce qui afflige et enferme l’homme dans l’engrenage de la violence, de la guerre et ses corolaires notamment la faim, la pauvreté, l’habitat insalubre, la dégradation écologique, le déracinement culturel et social, les maladies récurrentes et les sacrifices humains. Les Chrétiens ne se bandent pas les yeux devant le mal, ils en cherchent les solutions. Ils sont en marche avec Jésus vers Golgotha, ils font le chemin de croix avec lui.
Puissions-nous, tout au long de ce Carême, apprendre comment vivre nos chemins de croix personnels et communautaires ; puissions-nous en faire des chemins d’espérance, à cause du Christ qui est allé lui-même à l’extrême de ce qui nous arrive de difficile et qui en a fait le chemin du grand amour, un passage confiant et d’abandon, vers le Père, une route pascale.
Chers frères et sœurs, Jésus continue souffrir à travers ses membres là où la liberté de la personne est mise en question. L’amour est le meilleur cadeau, à la portée de tout le monde, que nous pouvons offrir à Dieu et à l’humanité pour contrer la violence qui semble le pain quotidien de l’homme d’aujourd’hui. Soyons des artisans de paix et des bâtisseurs de ponts pour la paix. Amen.

Abbé Valens NSABAMUNGU, prêtre du diocèse de BYUMBA