Dimanche, 07-03-21

7. Dim – Vl – MEDITATION POUR LE TROISIEME DIMANCHE DE CAREME - C, P. du carême (ou P. propre si Evangile de la samaritaine Jn 4, 5-42) – Rites catéchuménaux : premier scrutin-1è lecture : Ex 20, 1-17  ; Ps 19 (18), 8, 9, 10, 11 2è lecture : 1 Co 1, 22-25 ; Evangile : Jn 2, 13-25.

LECTURES

PREMIERE LECTURE - livre de l’Exode 20, 1 - 17
En ces jours-là, sur le Sinaï,
1 Dieu prononça toutes les paroles que voici :
,
2 « Je suis le SEIGNEUR ton Dieu,
qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage.
,
3 Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
,
4 Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux,
ou en-bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
,
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux,
pour leur rendre un culte.
Car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je suis un Dieu jaloux :
chez ceux qui me haïssent,
je punis la faute des pères sur les fils,
jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
,
6 mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements,
je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération.
,
7Tu n’invoqueras pas en vain le nom du SEIGNEUR ton Dieu,
car le SEIGNEUR ne laissera pas impuni
celui qui invoque en vain son nom.
,
8 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
,
9 Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ;
,
10 mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l’honneur du SEIGNEUR ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes,
ni l’immigré qui est dans ta ville.
,
11 Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent,
mais il s’est reposé le septième jour.
C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat
et l’a sanctifié.
,
12 Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu.
,
13 Tu ne commettras pas de meurtre.
,
14 Tu ne commettras pas d’adultère.
,
15 Tu ne commettras pas de vol.
,
16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
,
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante,
ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

PSAUME - 18 (19), 8-9. 10-11

,
8 La loi du SEIGNEUR est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du SEIGNEUR est sûre,
qui rend sages les simples.
,
9 Les préceptes du SEIGNEUR sont droits,
ils réjouissent le coeur ;
le commandement du SEIGNEUR est limpide,
il clarifie le regard.
,
10 La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du SEIGNEUR sont justes
et vraiment équitables :
,
11 plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

DEUXIEME LECTURE - première lettre de Saint Paul aux Corinthiens 1, 22-25

Frères,
,
22 alors que les Juifs réclament des signes miraculeux,
et que les Grecs recherchent une sagesse,
,
23 nous, nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs,
folie pour les nations païennes.
,
24 Mais pour ceux que Dieu appelle,
qu’ils soient Juifs ou Grecs,
ce Messie, ce Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
,
25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes,
et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

EVANGILE - selon saint Jean 2, 13-25

,
13 Comme la Pâque juive était proche,
Jésus monta à Jérusalem.
,
14 Dans le Temple, il trouva installés
les marchands de boeufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
,
15 Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple ainsi que les brebis et les boeufs,
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
,
16 et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d’ici.
Cessez de faire de la maison de mon Père
une maison de commerce. »
,
17 Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit :
L’amour de ta maison fera mon tourment.
,
18 Des Juifs l’interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour agir ainsi ? »
,
19 Jésus leur répondit :
« Détruisez ce sanctuaire,
et en trois jours je le relèverai ! »
,
20 Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire,
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
,
21 Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
,
22 Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ;
ils crurent à l’Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite.
,
23 Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque,
beaucoup crurent en son nom,
à la vue des signes qu’il accomplissait.
,
24 Jésus, lui, ne se fiait pas à eux,
parce qu’il les connaissait tous
,
25 et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ;
lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

HOMELIE I, par l’Abbé Paulin HABIMANA, Cyangugu)

«  Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai »
L’une des fausses déclarations pernicieuses et persistantes de la religion de l’Ancien Testament est que Dieu était une figure distante et impersonnelle. En fait, le peuple d’Israël sentait que Dieu était très proche d’eux et se réjouissait de son privilège en tant que peuple élu (cf. Dt 4, 7). Ils ont rencontré sa présence en particulier dans la Loi et le Temple. Le Temple était le lieu privilégié de rencontre avec Dieu, sa demeure parmi son peuple. C’était le seul et unique endroit où des sacrifices pouvaient être offerts et où les fêtes juives pouvaient être pleinement célébrées. Jésus n’était pas différent. En tant que juif fervent, il a fait les pèlerinages annuels au Temple pour les fêtes, avec ses parents Joseph et Marie quand il était jeune. Et en tant que Fils de Dieu, il avait une dévotion particulière au Temple, une intimité particulière qui se reflète quand il l’appelle « la maison de mon Père ».
La purification du Temple par Jésus que nous entendons dans l’Évangile d’aujourd’hui a été un tournant dans la vie de Jésus qui le mettait en conflit direct avec les autorités, juives et romaines, qui conduiraient à son arrestation et sa crucifixion. Son affirmation, selon laquelle il détruirait le Temple et le reconstruirait dans les trois jours, était l’un des principaux éléments de preuve soulevés contre lui lors de son procès. Le renversement des tables par Jésus est plus qu’un effort direct pour purifier le Temple, mais une action symbolique qui prédit, voire menace, la destruction du Temple et son remplacement par un nouveau, qui sera construit par Jésus en trois jours. L’évangile de Jean souligne que cette parole de Jésus n’est comprise qu’après sa glorification, c’est-à-dire après sa mort et sa résurrection : il parlait du temple de son corps. Jésus lui-même est le nouveau Temple, la nouvelle demeure de Dieu parmi son peuple, le lieu privilégié de rencontre entre Dieu et l’homme. Le Temple de son corps serait en fait détruit et ressuscité en seulement trois jours.
Cela en dit long sur qui est Jésus et sa relation avec Dieu et avec son peuple. Il assume le rôle du Temple comme moyen par lequel nous rencontrons Dieu, entrons en relation avec lui et apprenons à le connaître. Si nous voulons Dieu, nous devons connaître Jésus. La nature symbolique de l’action de Jésus dans le Temple met en évidence un point important : les Écritures et la vie de Jésus ont non seulement une signification littérale, mais aussi une signification figurative. Dans la tradition de l’Église, cela a été décrit comme un triple sens spirituel de l’Écriture : allégorique, moral et anagogique. Dans cet évangile, nous pouvons facilement trouver les trois. Il est allégorique : le Temple fait référence au corps du Christ, sa destruction jusqu’à sa mort et sa restauration jusqu’à sa résurrection. La signification anagogique se réfère à sa signification pour notre destination finale, et l’élévation par Jésus du Temple de son corps indique notre propre résurrection, car nous espérons et attendons que les Temples de nos propres corps soient ressuscités et restaurés à une nouvelle vie.
La signification morale de cette histoire est particulièrement importante pour la saison du Carême. La purification par Jésus du Temple de l’influence corrompue de l’argent a une signification morale profonde, non pas pour une institution religieuse éloignée, mais pour nos propres âmes. Nous sommes tous des temples du Saint-Esprit, destinés comme Jésus à être détruits par la mort mais ressuscités à une nouvelle vie. Chacun de nous a, comme Jésus, un corps humain qui doit être une demeure de Dieu. Il veut vivre dans nos cœurs, s’installer chez nous. Pourtant, il y a toutes sortes de déchets dans nos vies qui gênent et doivent être nettoyés. Nous avons pris nos propres âmes, censées être la maison de Dieu, et les avons transformées en marchés. Le matérialisme, l’égoïsme et l’hédonisme, l’amour de l’argent, de soi et du plaisir, ont pris la place de Dieu dans nos cœurs et l’a déplacé de sa propre maison. Pendant ce temps de Carême, Jésus veut nettoyer nos âmes pour nous, chasser tout ce qui a poussé Dieu hors des vies, afin qu’il puisse nous rencontrer.
Jésus est le nouveau Temple, la demeure de Dieu parmi les hommes et notre lieu de rencontre avec lui. Mais en faisant de son corps humain ce nouveau Temple, il a fait de tous nos corps des temples. Il veut que nous le rencontrions non pas dans un endroit éloigné, mais juste dans le temple de notre propre cœur. Il veut venir à notre rencontre, afin de pouvoir nous élever de la destruction du péché à de nouvelles vies ressuscitées de communion avec Dieu par Jésus-Christ. En cette sainte saison du Carême, purifions le temple de notre cœur, afin que nous puissions être de véritables temples, véritable demeure de Dieu et lieux de rencontre avec celui qui nous élève à une vie nouvelle.

HOMELIE 2, par le Père Bernard DOURWE ,RCJ

La liturgie de ce troisième dimanche nous offre de méditer sur le don de la loi de Dieu à son peuple dans la première lecture. Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous invite à accueillir la croix de Jésus comme sagesse de Dieu et dans l’Evangile, Jésus purifie le Temple en signe du Temple nouveau qu’il va instaurer par sa mort et sa résurrection.

Dans la première lecture, extraite du livre de l’Exode, Dieu fait alliance avec son peuple Israël à travers le don de la loi. Le décalogue, encore appelé les dix commandements, est donné sur le mont Sinaï après la libération d’esclavage d’Israël et sa sortie de l’Egypte. Ces articles de la charte d’alliance reposent sur la relation avec Dieu et la relation avec le prochain. Elle se veut la reconnaissance de Dieu comme étant l’Unique, à qui il faut rendre le culte véritable et l’engagement à vivre en harmonie avec le prochain dans le respect de sa personne, de sa dignité et de ses biens. Ces commandements, loin d’aliéner le peuple est le signe de l’amour de Dieu. La liberté, condition première pour son établissement trouve sa pleine réalisation en son obéissance. Ce n’est qu’en la mettant en pratique qu’Israël sera heureux et trouvera grâce auprès de son Dieu. La loi du Seigneur nous rend ainsi libre à l’égard de Dieu et des hommes. Elle est source de vie et de bonheur, de sagesse, de jugement limpide, de droiture, de justice, et de pureté, plus précieuse et délectable que tout. Sa non-obéissance détériore les relations interpersonnelles en nous éloignant de plus en plus avec Dieu et les hommes.

Le péché qui est l’expression par excellence de la désobéissance aux commandements de Dieu va créer une fois pour toute la distance et la séparation de l’homme avec Dieu. Le Christ Jésus va donc venir réconcilier les hommes entre eux et avec Dieu en mourant sur la croix. Mais son sacrifice ne sera pas compris par tous les hommes. Pour les juifs en effet, dire que Jésus-Christ est mort sur une croix pour le salut des hommes et il est ressuscité est un scandale. Pour eux, mourir pendu ou crucifié est une malédiction. Pour les païens par contre, c’est plutôt une folie car les grecs, bien avancés dans des réflexions philosophiques conçoivent la mort et résurrection comme étant irrationnelles et inadmissibles. C’est donc un scandale et une folie de dire que Jésus mort sur une croix est le Fils de Dieu. Dieu ne saurait d’après eux se faire homme et plus encore mourir sur une croix comme un vulgaire malfaiteur. C’est insensé. Contrairement à eux, Saint Paul, convaincu de son expérience de la rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas, nous invite à mettre notre espérance et notre fierté en ce Christ mort et ressuscité pour le salut de toute l’humanité. Par son sang versé, pour la rémission des péchés, le monde est à jamais réconcilié avec Dieu qui se révèle là où les hommes ne voient que la honte et l’échec.

L’acceptation de la vérité de la mort et de la résurrection de Jésus continue à heurter les esprits de nos contemporains. Plusieurs refusent d’admettre cette vérité indéniable de notre foi. Dans un monde enfreint au rationalisme et au matérialisme, l’homme cherche à admettre pour vrai ce qui est fruit d’une expérience pragmatique et vérifiable. Or la foi nous conduit à aller bien au-delà du rationnel et du sensible. Car Dieu ne saurait être objet d’une vérification scientifique/rationnelle.

Avant de s’offrir en sacrifice rédempteur, Jésus va purifier le temple en chassant les trafiquants et les marchands qui ont fait de la maison de son Père un lieu de trafic. Cette purification du temple, sera comprise par ses disciples, après sa mort et sa résurrection comme une annonce du Temple nouveau inauguré par sa résurrection. En purifiant le culte qui se pratique au temple, Jésus veut nous aider à retrouver la vraie signification de ce lieu. Le temple est la maison du Seigneur, une maison de prière, de rencontre du Seigneur et non pas un espace voué à toutes formes de pratiquent qui éloignent de Dieu. Il doit être débarrassé de tout ce qui n’est pas à son service et pour sa gloire.

Au-delà du temple matériel, il conduit ses contemporains à un temple plus grand : le temple spirituel. Ce temple spirituel c’est son corps qui va connaître la mort puis la résurrection trois jours après. Le lieu de la présence de Dieu n’est plus un édifice, c’est désormais le corps du Christ. Toute la liturgie chrétienne n’existe qu’autour de ce Corps. Saint Paul dira aux corinthiens : « vous êtes le Corps du Christ » (1 Co 12, 27). Et le Christ nous associe à ce mystère en nous offrant une dignité d’enfant de Dieu par l’Esprit Saint « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3, 16-17). Ainsi, ce n’est pas seulement le « corps ressuscité » de Jésus qui est le nouveau Temple, mais le corps de chaque baptisé. Nous devons donc traiter nos corps comme étant des sanctuaires, des lieux de la rencontre et de la présence de Dieu.

Tu nous as fait don de la loi Seigneur afin qu’elle guide nos pas sur le chemin de la liberté des enfants de Dieu. Accorde-nous en ce temps de préparation de la célébration du mystère pascal de nous laisser instruire par elle. Ainsi, nous aurons la joie d’accueillir l’Evangile de la croix de Jésus qui veut nous unir à son Corps mystique, Temple nouveau et gage de notre salut. Lui qui règne avec Toi dans l’unité du Saint Esprit un seul Dieu pour les siècles dans siècles. Amen.

Père Bernard DOURWE, RCJ.