Dimanche, 03-01-21

03. Fête de l’Epiphanie. 1ère LECTURE:Is 60,1-6 ;PSAUME – 71 (72) ;2ème LECTURE :Ep 3, 2…6 ;EVANGILE : MT 2, 1-12. Homélies données par l’Abbé Paulin Habimana et le Père Bernard DOURWE, Rcj

PREMIERE LECTURE – Isaïe 60,1-6
1 Debout, Jérusalem, resplendis !
Elle est venue, ta lumière,
et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi.
2 Voici que les ténèbres couvrent la terre,
et la nuée obscure couvre les peuples.
Mais sur toi se lève le SEIGNEUR,
Sur toi sa gloire apparaît.
3 Les nations marcheront vers ta lumière,
et les rois, vers la clarté de ton aurore 4. Lève les yeux alentour, et regarde :
tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ;
tes fils reviennent de loin,
et tes filles sont portées sur la hanche.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
ton coeur frémira et se dilatera.
Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi,
vers toi viendront les richesses des nations.
6 En grand nombre, des chameaux t’envahiront,
de jeunes chameaux de Madiane et d’Epha.
Tous les gens de Saba viendront,
apportant l’or et l’encens ;
ils annonceront les exploits du SEIGNEUR.

PSAUME – 71 (72)
1 Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
2 Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !
7 En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
8 Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !
10 Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
11 Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.
12 Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
13 Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

DEUXIEME LECTURE – lettre de l’apôtre Paul aux Ephésiens 3, 2…6
Frères,
2 vous avez appris, je pense,
en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
3 par révélation, il m’a fait connaître le mystère.
5Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance 
des hommes des générations passées,
comme il a été révélé maintenant
 à ses saints Apôtres et aux prophètes,
 dans l’Esprit.
 6Ce mystère,
c’est que toutes les nations sont associées au même héritage,
au même corps,
au partage de la même promesse,
dans le Christ Jésus,
par l’annonce de l’Evangile.

EVANGILE – selon saint Matthieu 2, 1-12
1 Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem 
2 et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
 3 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
4 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
5 « A Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
7 Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
8 Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
9 Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
 10 Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
 11 Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leur coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

MEDITATION DONNEE PAR l’Abbé Paulin Habimana (Mwezi-Cyangugu).
« Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui »
La fête de l’Épiphanie est une fête de réflexion sur les presents que nous voyons à Bethléem. Dans la lecture de l’Évangile d’aujourd’hui, nous entendons parler des dons des « mages » venus de l’Orient. Mais leurs trois dons - l’or, l’encens et le myrrhe- sont des réponses à un don infiniment plus grand : le Don - avec un D majuscule - nommé Jésus. Dieu le Père a offert ce don divin à l’humanité. C’est la réflexion sur ces quatre dons - trois humains et un divin - qui conduit les chrétiens d’Orient à échanger des cadeaux de Noël.
Dans chacun des passages bibliques d’aujourd’hui, y compris notre psaume responsorial, nous entendons que la grâce de Dieu est donnée en cadeau à tous les peuples de la terre. Dans la première lecture d’Isaïe, nous entendons le prophète proclamer à Jérusalem que « les nations marcheront vers ta lumière » et que « les trésors d’au delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations ». Par le refrain du psaume responsorial, nous proclamons au Seigneur que « chaque nation sur terre vous adorera ». En deuxième lecture de la Lettre aux Éphésiens, nous entendons Saint Paul prêcher que « les Gentils sont cohéritiers, membres du même corps et partenaires de la promesse en Jésus-Christ ».
Tous ces passages des Saintes Écritures attirent notre attention sur le désir de Dieu que sa grâce soit répandue universellement sur toute la terre. Ces passages des Écritures culminent dans l’histoire de l’Évangile sur les « mages de l’Orient », les païens qui sont arrivés à Jérusalem portant les dons annoncés par Isaïe. Lorsque les sages se prosternèrent et rendirent hommage à l’enfant Jésus, ils accomplirent le refrain du psaume d’aujourd’hui. Ces rois païens n’étaient que trois, mais ils représentent tous les Gentils de la terre, du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Ces rois païens représentent tous ceux que Dieu voulait être Co-partenaires avec les Juifs, membres du même corps mystique du Christ.
L’Eglise, en d’autres termes, signifie par Dieu qu’elle est universelle. Universel est simplement un autre mot pour catholique. Le mot catholique fait référence au désir de Dieu que sa grâce couvre la terre du Nord au Sud et d’Est en Ouest. L’Église de Dieu est catholique parce que son cœur est catholique. En d’autres termes, la foi universelle de l’Église de Dieu est le lieu où les deux grands commandements s’embrassent. Jésus nous a appris à aimer Dieu et à aimer notre prochain. Il a développé ce deuxième grand commandement avec la parabole du bon Samaritain, nous enseignant que chaque homme, femme et enfant sur la face de la terre verte de Dieu est notre prochain, sans exception. C’est ainsi que Jésus a aimé sur la croix. Il a donné son corps et son sang, son âme et sa divinité pour toute l’humanité : pour chaque dernier pécheur, sans exception. C’est l’amour qui est devenu chair et qui a habité parmi nous dans la personne de Jésus, qui est né pour nous et qui nous est apparu à Bethléem.
Mais remarquez ! Cet ordre est très important. Ce n’est pas que nous nous donnons à Dieu et, en réponse, Dieu - étant puissamment impressionné par nous - nous donne son Fils. Ce n’est pas ainsi que l’amour de Dieu fonctionne. Dans un passage d’une de ses lettres, Saint Jean l’Évangéliste révèle la nature de l’amour divin qui s’est fait chair et qui a habité parmi nous. « En cela est l’amour : non pas que nous avons aimé Dieu, mais qu’il nous a aimés et nous a donné son Fils en offrande pour nos péchés » (1 Jn 4, 10).

MEDITATION DONNEE PAR le Père Bernard DOURWE, Rcj.

Le mystère de Noël nous offre de contempler l’Incarnation du Verbe au milieu des hommes. Le Verbe fait chair se veut la lumière de toutes les nations. Par sa venue, le salut est désormais universel. Célébrer l’Epiphanie c’est célébrer la manifestation du Seigneur à tous les hommes. Le Dieu d’Israël est également le Dieu des nations païennes. Tous, juifs et païens, croyants et non croyants, sont invités à reconnaitre en Jésus le Messie. L’Epiphanie nous invite à ouvrir les horizons. Ce n’est pas seulement aux juifs que le mystère de Dieu est offert. Il n’est pas seulement pour ceux qui se reconnaissent chrétiens. Il est pour toute l’humanité. Les mages venus de l’Orient pour rendre hommage au Nouveau-né couché dans la mangeoire en sont l’expression de cette universalité du salut.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce des jours meilleurs pour Israël et pour toutes les nations. Le retour de l’exil est une Bonne Nouvelle pour tous. Les peuples sont appelés à converger vers Jérusalem la ville Sainte pour rendre grâce au Seigneur, lui qui a délivré son peuple de l’exil. Le peuple des nations, qui vivait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Et cette lumière brille pour tous.

Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens souligne également cette universalité du salut qui s’offre à tous les hommes sans aucune autre condition que la foi en Jésus-Christ. Il est venu réconcilier en lui toute l’humanité pour ne faire qu’un seul corps. Sa révélation est l’œuvre de l’Esprit au cœur des croyants, par la prédication vivante de l’Evangile.

Dans l’Evangile, les mages qui viennent rendre hommages au Seigneur sont les représentants de toutes les nations en attente de la Révélation qui ouvre les portes du Royaume de Dieu à tous les hommes. Ces mages, assoiffés de connaitre les mystères de Dieu se mettent en route à la recherche du sens de l’étoile qui brille différemment des autres. Ils sont convaincus que cette étoile est le signe de la naissance du Roi des juifs et ils ne peuvent pas manquer d’aller lui offrir leurs présents et se prosterner devant lui. Ils vont découvrir après de nombreux efforts que cette étoile particulière indiquait la naissance du Christ au milieu des hommes. Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d’obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ. Dans cette recherche, nous devons tous nous entraider afin de parvenir au royaume de Dieu par la foi droite et les bonnes actions, et d’y resplendir comme des fils de lumière.

Désormais tout homme est appelé à se laisser éclairer par le Fils de Dieu. La rencontre avec l’Evènement Jésus doit apporter des lumières nouvelles sur notre histoire et sur notre existence. C’est pourquoi les mages, après avoir rencontré et adoré Jésus sont appelés par l’ange à prendre un chemin nouveau. Il n’est plus question pour eux de retourner dans les pratiques païennes ou de reprendre les chemins anciens. Jésus petit enfant dans la crèche a changé leur vie. Avec eux, nous devons prendre un chemin nouveau éclairé par Jésus-Christ.

Sur ce chemin nouveau, l’autre cesse d’être une menace comme pensait le roi Hérode. Celui-ci en effet est jaloux de savoir qu’un autre roi est né. La manifestation de Dieu aux hommes est considérée par lui comme une menace, une agression à son pouvoir. Et nous savons par la suite qu’il va ordonner le massacre des enfants innocents après que les mages aient pris un autre chemin. La soif du pouvoir va le fermer au projet rédempteur de Dieu. Pourtant, la venue de Dieu au milieu des siens doit être une joie débordante, une action de grâce qui nous appelle à sortir de nous-mêmes afin d’accueillir l’universel et d’aller vers l’autre pour admirer les merveilles de Dieu œuvrant dans notre histoire.

Ces païens venus de l’Orient reconnaissant à travers leurs offrandes la divinité, la royauté et l’immortalité de ce petit enfant entre les mains de sa mère. L’or en effet est l’offrande par excellence au roi, l’encens est réservé au culte à Dieu et la myrrhe est en vue de son ensevelissement. Plus qu’un geste banal d’offrande, les mages nous permettent de découvrir en Jésus le Dieu Eternel, Roi de l’univers qui vient apporter la lumière dans nos ténèbres et nous revêtir de notre dignité d’enfants de Dieu.
Jésus-Christ Vrai Dieu et Vrai homme continue à être dans notre vie cette lumière qui brille dans nos ténèbres et nous appelle à sortir de nos ténèbres pour accéder à son admiration lumière. Nous comprenons donc pourquoi notre vocation comme chrétien est d’être lumière du monde. Car le Dieu que nous suivons est la Lumière des nations. Confions nous donc au Seigneur afin qu’il illumine nos vies.

Seigneur toi la lumière des nations qui vient éclairer tout homme et tout l’homme, toi qui a guidé les mages jusqu’à toi, nous nous tournons vers toi pour te présenter nos ténèbres et nos obscurités afin que tu daignes nous conduire à la lumière véritable. Toi qui vis et règne avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.