Dimanche, 01-11-20

1er Nov. Dim – B – TOUS LES SAINTS, So, G, C, Ppr -1e lecture : Ap 7, 2-14 14 ; Ps 24(23), 1-2, 3-4ab, 5-6 ; 2e lecture : 1 Jn 3,1-3 ; Évangile : Mt 5, 1 - 12a.
Homélie donnée par Abbé Paulin Habimana, Diocèse de Cyangugu.

PREMIERE LECTURE – LIVRE DE L’APOCALYPSE DE SAINT JEAN 7, 2 – 4. 9 – 14
Moi, Jean,
2 j’ai vu un ange
qui montait du côté où le soleil se lève
avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ;
d’une voix forte, il cria aux quatre anges
qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer :
3 « Ne faites pas de mal à la terre,
ni à la mer, ni aux arbres,
avant que nous ayons marqué du sceau
le front des serviteurs de notre Dieu. »
4 Et j’entendis le nombre
de ceux qui étaient marqués du sceau :
ils étaient cent quarante-quatre mille,
de toutes les tribus des fils d’Israël.
9 Après cela, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
10 Et ils s’écriaient d’une voix forte :
« Le salut appartient à notre Dieu,
qui siège sur le Trône,
et à l’Agneau ! »
11 Tous les anges se tenaient debout autour du Trône,
autour des Anciens et des quatre Vivants ;
se jetant devant le Trône, face contre terre,
ils se prosternèrent devant Dieu.
12 Et ils disaient :
« Amen !
Louange, gloire, sagesse et action de grâce,
honneur, puissance et force
à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
13 L’un des Anciens prit alors la parole et me dit :
« Ces gens vêtus de robes blanches,
qui sont-ils ? et d’où viennent-ils ? »
14 Je lui répondis :
« Mon seigneur, toi, tu le sais. »
Il me dit :
« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »

PSAUME – 23 (24)
1 Au SEIGNEUR, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
2 C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.
3 Qui peut gravir la montagne du SEIGNEUR
et se tenir dans le lieu saint ?
4 L’homme au coeur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
5 Il obtient, du SEIGNEUR, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
6 Voici le peuple de ceux qui le cherchent
qui recherchent la face de Dieu !

DEUXIEME LECTURE – PREMIERE LETTRE DE SAINT JEAN 3, 1 – 3
Bien-aimés,
1 voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu
– et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas :
C’est qu’il n’a pas connu Dieu.
2 Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.
3 Et quiconque met en lui une telle
Confiance dans les promesses du Christ.
Espérance se rend pur comme lui-même est pur.

EVANGILE – selon saint Matthieu 5, 1-12a
En ce temps-là,
1 voyant les foules,
Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
2 Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
3 « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
4 Heureux ceux qui pleurent :
car ils seront consolés.
5 Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
8 Heureux les coeurs purs,
car ils verront Dieu.
9 Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux !
11 Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
12 Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! » »

MEDITATION

Ce n’est pas la première fois que nous entendons ou méditons ces lectures de la fête de La-toussaints, mais permettez-moi de les méditer brièvement ensemble. Aujourd’hui Jésus nous adresse un message de bonheur pour tous ceux qui, comme l’écrit l’apôtre saint Jean, sont « enfants de Dieu » ; qui viennent de la grande épreuve et ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau ; bref ceux qui sont « en Dieu et Dieu en eux ».
Les béatitudes sont une annonce de bonheur, une bonne nouvelle, un résumé de l’évangile. Les pauvres, les méprisés, les découragés peuvent être heureux. Car le vrai bonheur n’est pas question de richesses, de succès et de plaisir. De quel bonheur s’agit-il ici et pour quand ? Le bonheur dont parle Jésus n’exclut pas les contrariétés et la souffrance. Jésus vise des gens que l’on considère comme malheureux. Les béatitudes ne visent pas de catégories différentes. Les mots variés ne sont que pour récupérer une seule et même pensée : « Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez vous a mon école, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes, car mon joug est agréable et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30).
Le bonheur dont parle jésus est un bonheur « dès maintenant » ; le texte grec dit simplement : « Votre récompense est (εστιν) grande dans les cieux ». Ce n’est pas seulement un bonheur promis pour plus tard, pour l’au-delà, de l’autre coté et après la mort. Jésus dit que les écrasés de ce monde sont effectivement et peuvent être effectivement heureux au moment même où Jésus le leur dit. L’on sait également que Matthieu, parlant des "cieux", veut dire "Dieu", un mot que tout bon Juif ne prononçait pas. Ainsi, pour dire "le Royaume de Dieu", Matthieu écrit toujours "le Royaume des cieux". Si je veux donc comprendre le propos de Jésus, je dois traduire : "Votre récompense est grande en Dieu", et aujourd’hui même. Cela évite un énorme contresens que beaucoup de gens ont fait, ne serait-ce que Karl Marx, quand il expliquait que la religion poussait à la résignation et était « l’opium du peuple » ; le peuple qu’on drogue et qu’on dort avec la promesse d’être heureux plus tard !
Ceci n’exclut pas la perspective du monde à venir : les béatitudes permettent bien un bonheur qui ne se réalisera pleinement que dans le monde à venir, le royaume de Dieu, mais cette espérance transfigure déjà le présent. L’avenir heureux que promette Jésus à ceux qui sont écrasés par des situations actuellement pénibles partout dans le monde est une réalité présente dans la personne et l’amitié de Jésus.

Ce bonheur est finalement le règne de Dieu, l’Amour de Dieu qui illumine véritablement et des Aujourd’hui si l’on veut toute situation de souffrance. Jésus ne définit pas le royaume de Dieu, mais il évoque l’idée qu’on des fait du Roi, de l’Oint idéal dans tout l’Ancien Testament. La première fonction du Roi est d’assurer la libération de son peuple de toutes les forces étrangères qui le menacent et d’assurer la justice et la protection des petits et des pauvres contre tous les riches et les puissants qui ont toujours tendance à exploiter les faibles. Quand Jésus affirme que les pauvres sont les privilégiés de Dieu, que le règne de Dieu est pour eux, que la justice royale prend le parti des petits, Jésus ne veut pas dire que les pauvres sont meilleurs, plus vertueux que les autres. Il ne s’agit pas ici de la psychologie des pauvres ou de la morale des pauvres. Ila ya dans ces proclamations de béatitudes, une révélation d’une certaine idée de Dieu : Dieu se doit lui-même d’être un bon roi. Dieu met son point d’honneur à rendre heureux, mystérieusement, ceux qui sont privés de tout bonheur humain.

Jésus nous invite à la conversion où nous devons faire attention à l’autre, prendre le temps pour l’écouter, accueillir ce qu’il dit. Et aussi se battre contre toutes les formes d’oppression, d’injustice ; chercher la paix et la réconciliation, ne pas passer à côté d’une misère. Accueillir, découvrir l’autre, vouloir le faire grandir en lui répétant : « Tu vaux beaucoup plus que tu ne le crois ».