Dimanche, 01-03-20

1er Mars  : Dim –Vl- PREMIER DIMANCHE DE CAREME [1]- C, Ppr [2]
Rites catéchuménaux [3], 1ère Lecture : Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Ps 51(50), 3-4, 5-6ab,12-13, 14.17 ; 2ème Lecture : 14.17 ;Rm 5, 12 - 19 ; Évangile : Mt 4, 1 - 11. Homélie donnée par Père Bernard Dourwe, Rcj.

PREMIERE LECTURE – livre de la Genèse 2,7-9 ; 3,1-7a

2,7 Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme
avec la poussière tirée du sol ;
il insuffla dans ses narines le souffle de vie,
et l’homme devint un être vivant.
8 Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient,
et y plaça l’homme qu’il avait modelé.
9 Le SEIGNEUR Dieu fit pousser du sol
toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ;
il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin,
et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
3,1 Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs
que le SEIGNEUR Dieu avait faits.
Il dit à la femme :
« Alors, Dieu vous a vraiment dit :
‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? »
2 La femme répondit au serpent :
« Nous mangeons les fruits des arbres du jardin.
3 Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin,
Dieu a dit :
‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas,
sinon vous mourrez.’ »
4 Le serpent dit à la femme :
« Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !
5 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez,
vos yeux s’ouvriront,
et vous serez comme des dieux,
connaissant le bien et le mal. »
6 La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux,
qu’il était agréable à regarder
et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence.
Elle prit de son fruit, et en mangea.
Elle en donna aussi à son mari,
et il en mangea.
7 Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent
et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

PSAUME – 50 (51), 3-4.5-6.12.13.14.17

3 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
4 Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
5 Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
6 Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
13 Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
14 Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
17 Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

DEUXIEME LECTURE – lettre de Saint Paul apôtre aux Romains 5, 12-19

12 Nous savons que par un seul homme,
le péché est entré dans le monde,
et que par le péché est venue la mort ;
et ainsi, la mort est passée en tous les hommes,
étant donné que tous ont péché.
13 Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde,
mais le péché ne peut être imputé à personne
tant qu’il n’y a pas de loi.
14 Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse,
la mort a établi son règne,
même sur ceux qui n’avaient pas péché
par une transgression semblable à celle d’Adam.
Or, Adam préfigure celui qui devait venir.
15 Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute.
En effet, si la mort a frappé la multitude
par la faute d’un seul,
combien plus la grâce de Dieu
s’est-elle répandue en abondance sur la multitude,
cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
16 Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul
n’ont pas la même mesure non plus :
d’une part, en effet, pour la faute d’un seul,
le jugement a conduit à la condamnation ;
d’autre part, pour une multitude de fautes,
le don gratuit de Dieu conduit à la justification.
17 Si, en effet, à cause d’un seul homme,
par la faute d’un seul,
la mort a établi son règne,
combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul,
régneront-ils dans la vie,
ceux qui reçoivent en abondance
le don de la grâce qui les rend justes.
18 Bref, de même que la faute commise par un seul
a conduit tous les hommes à la condamnation,
de même l’accomplissement de la justice par un seul
a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie.
19 En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain
la multitude a été rendue pécheresse,
de même par l’obéissance d’un seul
la multitude sera-t-elle rendue juste.

EVANGILE – selon Saint Matthieu 4, 1-11

En ce temps-là,
1 Jésus fut conduit au désert par l’Esprit
pour être tenté par le diable.
2 Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits,
il eut faim.
3 Le tentateur s’approcha et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
4 Mais Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
5 Alors le diable l’emmène à la Ville sainte,
le place au sommet du Temple
6 et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
jette-toi en bas ;
car il est écrit :
Il donnera pour toi des ordres à ses anges,
et : Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
7 Jésus lui déclara :
« Il est encore écrit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
8 Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne
et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
9 Il lui dit :
« Tout cela, je te le donnerai,
si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
10 Alors, Jésus lui dit :
« Arrière, Satan !
car il est écrit :
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,
à lui seul tu rendras un culte. »
11 Alors le diable le quitte.
Et voici que des anges s’approchèrent,
et ils le servaient.

MEDITATION

Nous l’avions déjà compris le mercredi des Cendres, la Parole nous le dit très clairement aujourd’hui : le Carême est le temps du choix. La parole de Dieu s’adresse à notre liberté de croyant, et nous propose la vie. Pourtant, résister à la tentation n’est pas facile… Dès le jardin d’Eden, le premier péché a été de succomber à la ruse du tentateur (1ère lecture). Et en réalité, l’homme n’a guère changé depuis. Mais le péché conduit à la mort (2ème lecture). Et seul Jésus, qui a su résister au tentateur (évangile), nous délivre du péché et de la mort par sa résurrection : mystère de notre salut (psaume) que nous célébrons à chaque eucharistie. En ce premier dimanche de carême, l’Eglise nous met en garde contre les tentations. Non pas des tentations comme celles apprises dans notre enfance, mais des tentations qui portent sur la vie de notre monde. Bien sûr, si nul d’entre nous n’a à reconnaître qu’il est responsable des malheurs de ce monde, nul d’entre nous non plus ne peut dire qu’il n’y est pour rien. Ne fût-ce que par le silence, si souvent complice.
Cette lecture, empruntée au premier livre de la Bible, la Genèse, nous montre comment les premiers hommes, créés pour le bonheur, sombrèrent dans le péché et le malheur, pour n’avoir pas voulu, par orgueil, respecter le plan de Dieu.
Saint Paul établit un parallèle entre l’œuvre d’Adam et celle du Christ : par la faute du premier, par sa désobéissance à Dieu nous avons été constitués pécheurs ; nous retrouvons la vie et le bonheur, grâce à l’obéissance et au sacrifice du second.
En se faisait l’un de nous, le Christ a accepté de tout connaître de notre condition humaine, hormis le péché. C’est ainsi que, dès le début de son ministère après 40 jours de jeûnes et de prière au désert, nous le voyons en butte à la tentation. Il affronte trois tentations. Ces tentations sont aussi les nôtres au quotidien.
"Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain". La tentation de transformer les pierres en pain équivaut à réduire le réel, la création, la nature à un garde-manger pour satisfaire son estomac. Ou encore à tenter d’avoir la mainmise sur notre monde, sans égard pour son caractère sacré. C’est aussi le refus de sentir en son corps les limites de la condition humaine. En résistant à cette tentation, Jésus montre que la force de l’être humain c’est d’être plus qu’une bête qui se contente d’assouvir son appétit.
"Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas" Jésus est ensuite tenté de mettre le Seigneur à l’épreuve, d’exiger quelque chose de Dieu, en vertu de son titre de Fils. Jésus montre que le fait d’être baptisé ne donne aucune protection magique qui permettrait à quelqu’un de se conduire en irresponsable.
"Tous ces Royaumes de la terre, je te les donnerai si tu te prosternes devant moi pour m’adorer." La troisième tentation est celle de l’idolâtrie. L’idée ne nous viendrait peut-être pas aujourd’hui de nous prosterner devant des représentations de divinités païennes. Mais l’idolâtrie existe, quand une valeur absolue est accordée à quelqu’un ou quelque chose qui ne le mérite pas. Les exemples ne manquent pas. Le fanatisme, qu’il soit de type religieux, politique ou tout autre en constitue la manifestation la plus évidente.
Du dialogue entre la femme et le serpent au jardin d’Éden jusqu’aux joutes oratoires entre Jésus et le tentateur au jardin du désert, il n’y a pas grande distance. Dans ces deux lieux, le mensonge s’étale, s’installe, le doute est introduit et l’humanité atteinte en profondeur et en dignité. Terrible sensation. À la cacophonie des tentations de ce monde qui va jusqu’à la remise en question de son humanité, Jésus répond au tentateur par une parole : « Il est écrit… ». Une parole qui renvoie le tentateur au créateur, une parole dont on perçoit la force et la portée, une parole qui ne s’érode pas au fil du temps : la Parole donnée par Dieu à son peuple.
Il y a quelques jours, en entrant dans le temps du Carême, nous marquions la volonté de nous mettre en marche avec d’autres, en Église, en réponse à la parole de Dieu relayée par le prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur ! » La parole du prophète est forte. Elle résonne comme une nécessité et nous invite à nous mettre en marche, coûte que coûte, vers le Seigneur. La liturgie du mercredi des Cendres ne nous laisse pas sans balises pour la route. Il y a bien sûr, le geste des cendres qui nous rappelle que nous prenons la route vers Pâques, et que nous ne la prenons pas seuls ! Il y a aussi l’invitation à l’aumône, à la prière, et au jeûne. Autant de repères pour vivre la traversée du désert et le face-à-face avec Dieu !

Dieu notre Père, voici que s’ouvre devant nous ce temps de carême. Pendant quarante jours, nous voulons marcher à ton pas et apprendre de toi à aimer davantage encore notre condition d’homme, puisque tu nous as faits à ton image. Redis-nous combien tu nous aimes et combien tu nous pardonnes, en Jésus, ton Fils, Homme et Dieu, vivant avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

Père Bernard Dourwe, Rcj.