Dimanche, 24-11-19

DIMANCHE DU CHRIST, ROI DE L’UNIVERS
2S 5, 1-3 ; Ps 122(121), 1-2, 3-4, 5-6a.7a ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43

Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce dernier dimanche de l’Année liturgique reviennent sur la Royauté du Christ. La première lecture nous présente l’investiture du roi David. La deuxième parle du Christ, en qui tout subsiste, Principe et fondement de tout ce qui est, au ciel et sur la terre. Il s’agit de l’Hymne au Christ-Roi. Dans l’Évangile, le bon larron confesse sa foi en Jésus-Christ et implore sa miséricorde en disant : « Souviens-toi de moi quand tu viendras comme Roi ». Que cette intention soit aussi la nôtre !

Le dernier dimanche de chaque Année liturgique est consacré la fête du Christ, Roi de l’Univers. Il s’agit d’une fête chrétienne, instituée par le pape Pie XI, en 1925, par l’encyclique Quas Primas, afin de mettre en lumière l’idée que les nations devraient obéir aux lois du Christ (https://wikipedia.org/wiki/Qwas.Prima). Dans l’histoire de notre pays, le roi Mutara III Charles Léon Pierre RUDAHIGWA, le 27/10/1946, a prononcé une prière solennelle de consécration de son pays et son peuple pour que justement le Rwanda et les Rwandais soient une nation qui marche à la lumière du Christ. Durant la messe solennelle destinée à cet effet, après la Communion, pendant le moment d’action de grâces, le roi Mutara s’avança et s’agenouilla devant le Saint-Sacrement, le monde présent en recueillement. Il mit sa couronne à l’autel et prononça la prière de consécration de son pays au Christ-Roi et à sa divine Mère :
« Nyagasani Yezu, Mwami w’abantu bose n’uw’imiryango yose,
wowe hamwe n’umubyeyi wawe Bikira Mariya umugabekazi w’ijuru n’isi.
Jyewe Mutara Charles Leon Pierre Rudahigwa ndapfukamye kugira ngo nemeze ko ari mwe bagenga b’inteko b’u Rwanda,
mukagomba no kutubera umuzi ushingiweho ubutegetsi bwarwo n’ingoma yarwo.
Nyagasani Kristu-Mwami, ni wowe warwiremeye, uruha abategetsi bo kurugenga mu izina ryawe. Ugumya kurugwiza uruyobora ku ngoma nyinshi rutarakumenya.
Igihe warurindirije ubonye kigeze, uruha kogeramo ingoma yawe. Uruzanamo intumwa zawe zo kurugwizamo urumuri rw’amahame abeshaho iteka. Urwoherezamo kandi n’abo kururera ngo barwigishe ubutegetsi barutoze amajyambere y’ibyiza bikiza byose hano mu nsi.
Natwe abanyarwanda twese twemeje ku mugaragaro ko tukuyobotse ukaba uri umwami wacu. Twakiranye icyubahiro amahame abeshaho y’Ubwami bwawe.
Mwimanyi nguhaye igihugu cyanjye cyose, abo tuv’ind’imwe nanjye ubwanjye.
Abagabo barutuyemo, ubahe umutima w’ubudacogora mw’ishyaka, barurwanira ryo kurushyira imbere no kurukomezamo amahoro wazaniye isi yose. Ubavanemo imico ya kera yo kugirirana nabi no guhuguzanya, no kubeshyerana, no kwiba no kwambura n’izindi ngeso mbi zose zidahuje n’ubuvandimwe wifuza kubona bwirambuye mu ngoma yawe. [,,,,]
N’amahanga yose uko anagana tugusingirize mu ruhame tugira tuti : Kristu Mwami n’umubyeyi we Bikira Mariya baragahorana ibumbye byose, ubunubu n’iteka ryose ».

Par cet acte, le Mwami soumet son peuple et son pouvoir au Christ et aux principes de l’Evangile, en disant : "Seigneur Jésus, donne aux Rwandais le respect et l’amour de ton Royaume et de notre pays, le Rwanda. Donne la paix aux familles, aux époux. Qu’ils aient la communion du cœur, qu’ils soient un seul corps comme tu [le Christ] es un avec ton Église" [1] . Le roi Mutara RUDAHIGWA voudrait que la foi en Jésus-Christ et aux valeurs chrétiennes d’amour universel, de justice et d’équité façonnent l’âme du Munyarwanda. Ainsi l’Évangile constituera-t-il le ferment de cohésion sociale et du développement économique et politique du pays. Il voulait faire de sa nation un royaume chrétien.
Sommes-nous fiers de notre adhésion au Christ-Roi ? Le Christ est-il vraiment notre référence dans nos options, dans notre vie quotidienne ? Sommes-nous conséquents de notre Baptême ?
En quoi consiste en fait le Royaume du Christ ? Alors que les rois de ce monde se font servir et règnent en maîtres sur leurs sujets, le Christ, lui, sert et lave les pieds de ses disciples, jusqu’à sacrifier sa vie sur la croix. Quand Pilate lui demanda : « Es-tu le roi des Juifs ? », Jésus déclara : « Ma Royauté n’est pas de ce monde, si ma Royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs (Jean 18, 36) ». Jésus, par sa prédication et sa vie, a fondé un Royaume de paix, de justice et d’amour. Après avoir imploré l’Esprit-Saint sur ses Apôtres, il les a envoyés baptiser au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28-19). De cette communauté des baptisés est née l’Église, régie par les Successeurs des Apôtres et l’Esprit-Saint. L’Église, l’assemblée croyante, constitue ce Royaume qui dépasse les limites spatio-temporelles, car le Christ règne sur les vivants et les morts. Son Royaume est amorcé déjà avec la création par le Verbe. Il est continué par le témoignage des Patriarches, des Prophètes et des Apôtres du Christ. Ce Royaume va gagner tous les peuples, avec le don de l’Esprit-Saint aux Apôtres à la Pentecôte. Il est annoncé partout, à toutes les nations par des personnes des toutes races, langues, couleurs et conditions sociales qui se sont engagées et s’engagent encore pour la civilisation de l’amour et la justice.

Le Royaume du Christ est fondé sur l’esprit des Béatitudes (Matthieu 5,1-13). Habitent ce Royaume, les pauvres de cœur, les doux et les humbles, les persécutés pour la justice. La Royauté du Christ consiste en la noblesse du cœur. Aujourd’hui, hier et demain, le Christ est suivi par des personnes de toutes les couleurs, langues et conditions sociales qui veulent suivre les préceptes de justice, d’amour et de paix prônés par l’Évangile. La mosaïque des saints nous en dit long, qui des enfants martyrisés au lendemain de leur naissance, qui des jeunes comme saints Dominique Savio et Kizito, qui des vieux comme saints Polycarpe et Marie Muzeyi, qui des gens de position sociale négligée comme les premiers martyrs chrétiens, qui des nobles et grands de la société comme saints Thomas More et le roi de France Louis IX, qui des grands érudits comme saints Thomas d’Aquin et Augustin d’Hippone, qui des personnes de formation modeste comme saintes Thérèse de l’Enfant Jésus et Bernadette Soubirous. Tout le monde y est convié. Le Royaume du Christ ne consiste pas en ce qu’on a, plutôt en ce qu’on est.

Le Royaume du Christ ne bannit pas la richesse et le pouvoir. La Royauté du Christ consiste à une attitude du cœur dépouillé de toute vaine gloire. Le pouvoir et la richesse seront ordonnés au service et jamais ne seront utilisés comme moyen d’ostentation et d’oppression. La richesse et l’exercice du pouvoir ne vont pas à l’encontre de l’adhésion au Christ. Tout doit concourir à la gloire de Dieu et au salut de l’homme. La royauté du Christ est donc une autorité qui fait grandir ceux dont on a la charge. Le bon exemple, le témoignage, la recherche de la contribution de tout un chacun et le leadership partagé caractériseront les fidèles du Christ.

Chers frères et sœurs, prions pour que le Christ règne dans nos cœurs et dans notre vie quotidienne par nos actes et nos paroles. Prions pour que nous soyons des figures vivantes du Christ-Roi, Maître et Serviteur.

Abbé Valens NSABAMUNGU, prêtre du Diocèse de BYUMBA