Dimanche, 17-11-19

17 novembre 2019 Trente troisième dimanche du temps ordinaire Isabelle de Hongrie (1231) 3ème journée mondiale des pauvres

PREMIÈRE LECTURE (Malachie 3,19-20a) : Le soleil de la justice les illuminera

Lecture du livre du prophète Malachie
Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, – dit le Seigneur de l’univers –, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.
Parole du Seigneur.

PSAUME (Ps 97 (98), 5-6, 7-8, 9)
R/ Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture. (cf. Ps 97, 9)

Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !
Que résonnent la mer et sa richesse,
le monde et tous ses habitants ;
que les fleuves battent des mains,
que les montagnes chantent leur joie.
Acclamez le Seigneur, car il vient
pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice
et les peuples avec droiture !

DEUXIÈME LECTURE (2 Thessaloniciens 3,7-12) : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 7-12)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ; et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné.
Parole du Seigneur.

Alléluia. Alléluia. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Alléluia. (Lc 21, 28)

ÉVANGILE (Luc 21.5-19) : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche. Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Acclamons la parole de Dieu

Commentaire et méditation

Nous nous approchons de la fin de l’année liturgique et, selon une logique qui, probablement fut mal appliquée lorsque l’on distribuait des textes bibliques au cours de chaque année liturgique, le thème central des lectures de ce dimanche concerne la « fin des temps », la « fin du monde et de tout le monde ». Ce thème prolongerait celui de la « finitude humaine » ou selon les saducéens qui interrogeaient Jésus « la résurrection des morts ». Ces sujets qui concernent la vie après cette vie ont intéressé des générations passées jusqu’à leur faire oublier cette vie que nous menons. Or un des Pères de l’Eglise qui a développé à long et en large ses thèmes, en occurrence Saint Augustin, quand il réfléchissait sur le temps avait eu l’intuitif géniale de la difficulté selon laquelle en terme des temps c’est le présent qui réellement existe. Il dit :

« Ce qui semble maintenant claire c’est que ni les choses futures, ni celles du passé n’existent pas, l’on ne peut pas affirmer avec certitude qu’il existe trois temps : Le passé le présent et le futur. L’on peut, à la rigueur, dire qu’il existe le présent du passé, le présent du présent, et le présent du futur. Ces trois modes sont dans l’âme d’une certaine manière. Le présent du passé c’est la mémoire, le présent du passé c’est la mémoire, le présent du présent c’est la vision ; tandis que le présent du futur c’est l’attente » (Saint Augustin, Confessions, XI, 20.).

De ce que vient de nous enseigner l’évêque d’Hippone, nous aurions pu retenir que nous ne devrions jamais oublier notre passé ! Qu’il soit un passé-simple ou un passé-composé, c’est notre histoire et c’est notre héritage ! Il nous appartient. La mémoire vigilante et reconnaissante de ce passé facilite que nous participions activement, courageusement et d’une façon responsable a la construction de notre présent. C’est uniquement de cette façon-là que notre futur devient un plus-que-parfait.
Autrement dit en assumant notre passé, nous vivons le présent tout en préparant un avenir meilleur. Mais alors, comment pouvons-nous vivre dans le monde présent en oubliant un autre thème que ce troisième dimanche du mois de novembre propose comme le centre de notre méditation ? Comment et pourquoi devons-nous nous cramponner sur les fameux textes « apocalyptiques » qui furent un genre littéraire tout à fait conforme au goût des prémodernes, tout en laissant passer inaperçu les préoccupations qui sont les nôtre ? Serez-nous disposer à sacrifier l’espérance des pauvres qui, pourtant, devant Dieu vivant et des vivants, ne sera jamais déçue ? (Cf. le Pape François dans ce message pour la troisième journée mondiale des pauvres).
A la lumière de ce Psaume neuvième qui, d’après le Pontife des pauvres, « manifestent une actualité incroyable », en expriment « une vérité profonde que la foi parvient à imprimer avant tout dans le cœur des plus pauvres : rendre l’espérance perdue devant les injustices, les souffrances et la précarité de la vie », nous aimerions proposer une méditation et un commentaire qui confrontent « la situation des pauvres et l’arrogance de ceux qui l’oppriment (Ps. 10,1-10) » d’une part et, de l’autre part, considérer « le jugement de Dieu pour rétablir la justice et vaincre l’iniquité (cf. 10,14-15) au-delà des visions platoniciennes. Ainsi espérons-nous être l’écho retentissant de « la question qui se pose au fil des siècles résonne encore aujourd’hui : comment Dieu peut-il tolérer cette disparité ? Comment peut-il permettre que le pauvre soit humilié, sans apporter son aide ? Pourquoi permet-il à ceux qui oppriment d’avoir une vie heureuse alors que leur comportement devrait être condamné face à la souffrance du pauvre ? (Cf Pape François, ibid., No 1).

Dans la première lecture le prophète Malachie, à travers un langage apocalyptique, encourage les justes qui servent entièrement le Seigneur, indiquant que le jour viendra où la justice de Dieu sera ressentie pour ceux qui ne respectent pas sa loi ; qu’ils ne sont pas ceux qui dirigent réellement la marche de l’histoire, mais que c’est le Dieu qui aime la vie qui la guide, la guidant sur le chemin de la paix et de la vie, de la solidarité et du partage. Tous ceux qui marchent sur le chemin du Seigneur seront illuminés par le « soleil de justice » qui rayonne de sa lumière au milieu des ténèbres, au milieu de la douleur et de la mort.

Le psaume responsorial que nous lisons aujourd’hui est un hymne au Roi et Seigneur de toute la création. C’est ce dernier qui dirige à juste titre tous les peuples de la terre, qui aime et qui est fidèle au peuple qui lui appartient et à qui il appartient. Dieu est un Dieu juste, qui mérite d’être loué par tous, car il a vaincu la mort et rendu la vie possible pour tous ; c’est pourquoi toute la création loue et célèbre la présence de ce Dieu miséricordieux et juste au milieu du peuple libéré de toutes formes de misere. C’est un psaume de remerciement pour les bénéfices que les gens ont reçus pour avoir placé leur espoir dans le Dieu de la vie.

La deuxième lecture nous rappelle que beaucoup parmi les chrétiens de Thessalonique, en particulier les classes supérieures et dirigeantes, avaient pensé qu’ils ne devraient pas s’inquiéter des choses de la vie quotidienne : telles que le travail. Ils devraient attendaient plutôt, les bras croisés, la venue imminente du Seigneur et se consacrer à l’inactivité. . Saint Paul attire fortement l’attention sur cette attitude, parce que ce sont des personnes qui vivent du travail des autres, qui exploitent les autres, les esclaves qui travaillent pour eux et, grâce à cela, eux accumulaient des richesses sans faire aucun effort. C’est à eux que Paul s’adresse avec véhémence : « Celui qui ne travaille pas qui ne mange pas » (v. 10), car cette attitude n’est pas typique de l’enseignement des apôtres.

Dans l’évangile ce dimanche, saint Luc nous présente l’épisode qui nous fait penser que la magnifique présence du temple de Jérusalem aurait aveuglé la foi des Juifs jusqu’au point que l’architecture et le pouvoir de la religion étaient plus significatifs que le Dieu d’Israël lui-même. Il se peut également que les sacrifices, le rituel, la construction majestueuse aient été plus importants que les attitudes éthiques exigées par Dieu qui sauve de l’esclavage, libère de l’exile et la servitude et s’insurge contre l’exploitation et l’oppression des pauvres.

Devant un Dieu pour qui le véritable culte consiste à faire miséricorde et à établir la justice sociale, les chefs du peuple pensaient le corrompre en lui offrant des sacrifices. Ils semblent oublier carrément et tout simple ce que le prophète Daniel avait prédit en disant que « le sacrifice qui plait à Dieu était un esprit brisé […] un cœur brisé et brouillé » (Ps 50, 17. 19). C’est cette attitude pervertie qui consistait à filtre « le moucheron » tout en avalant « le chameau » (Mt 23, 24) qui aurait provoqué que Jésus déclare que ce Temple sera détruit ; car il ne permet pas une relation légitime avec Dieu et ne favorisait pas l’équité et l’égalité entre les frères. Au contraire, par son apparence, il créait de grandes divisions sociales et légitimait des injustices que les pauvres, les humbles subissaient de la part de leurs chefs et dirigeants.

La grande leçon des lectures de ce dimanche consiste en nous rappeler qu’il tellement est important que nous découvrions dans nos vies une expérience de la foi qui est traversée par un service inconditionnel envers les autres. C’est ainsi que nous sentons le passage de Dieu à travers notre existence et c’est ainsi que nous construisons le véritable temple de Dieu qui, en fin de compte, ne devrait pas être assimilé à des édifices ostentatoires, mais à la communauté de croyants inspirés par la Parole de Dieu. Dans ce volet, nous pouvons comprendre vers ou pointe le genre apocalyptique aujourd’hui. N’est pas que nous avons une invitation de faire face au « drame dans le drame » que le Pape François dénonce dans le message qu’il nous a envoyé pour nous montrer le sens qu’il convient de donner à cette journée international pour les pauvres ? Pouvons-nous contenter de renvoyer au jour final la situation des personnes qui, par égoïsme d’une minorité nantis, « ne sont pas autorisés à voir la fin du tunnel de la misère » ? Comment pouvons-nous payer le luxe de continuer à « théoriser et à mettre en œuvre une architecture hostile afin de se débarrasser de leur présence même dans la rue, dernier lieu d’accueil » ? Avec quel regard les regardons-nous quand « ils errent d’une partie de la ville à l’autre, dans l’espoir de trouver un travail, une maison, de l’affection » ? Est-ce que la « violence et maltraitance » qu’ils subissent nous touchent directement au cœur ? Le fait qu’ils soient « obligés de passer des heures interminables au soleil brûlant pour récolter les fruits de la saison et en sont récompensés par un salaire dérisoire », continuera de nous laisser indifférents ? Ne devons-nous pas plut nous engager pour qu’ils aient la sécurité d’emploi et des conditions humaines qui leur permettent de se sentir égaux aux autres ? Avant de leur parler d’une fin du monde lointain, ne devrions-nous pas mettre fin à des mécanismes qui provoquent que pour eux il n’y ait pas « de chômage ni d’indemnité, ni même la possibilité d’être malade » ? (Cf Loc. cit., No 2).

Les précédentes considérations nous permettent de proposer une rectification des points de vue qui furent presque omniprésent dans les discours du christianisme, au cours de sa longue histoire. En effet, la fin du monde fut un thème lie à l’élution du christianisme, de façon que l’on peut se demandait si d’aucuns ne pensent encore aujourd’hui que cela faisait partie de l’identité chrétienne et de sa doctrine ! Est-ce que être chrétien signifierait vraiment croire que notre vie se terminerait par un jugement de Dieu sur nous, ainsi que sur l’existence du monde dans son ensemble ? Est-il défendable théologiquement parlant que Dieu déciderait, à un moment donné, probablement par surprise, de mettre fin au monde et toute l’humanité serait convoquée à son procès, qui se tiendra dans la vallée de Josaphat, c’est-à-dire juste sur le mur oriental du temple de Jérusalem ? Ils auraient raison ceux qui ont transformé cette vallée en un véritable cimetière convoitée par ceux qui souhaitent y être enterrés, jusqu’à ce qu’ils deviennent le « cimetière VIP » d’Israël ?

Ceux nous présentent encore cette caricaturale présentation mettent ce concept de "fin du monde" dans un contexte d’une vision du monde qui imaginait Dieu comme un « Tout-Puissant Juge » qui habite en dehors du monde. Puis placée au-dessus de tout et accroché dans un deuxième étage céleste, il observerait et interviendrait fréquemment dans le monde. Alors que l’humanité qu’il a créée, en attendant son jugement final se débattrait pour réussir un test qui la permettra de passer à la vie définitive. Une vie qui serait ailleurs, dans « un nouveau ciel et une nouvelle terre », car la vieille terre serait détruite avec la fin de la période d’essai de l’humanité. Dans ce lieu tout serait différent : une "vie éternelle" au paradis - ou en enfer peut-être pour certains. N’est-ce pas que nous semble ridicule et rigollot que nous racontions ou décrivions aujourd’hui cette vision qui, par ailleurs, pendant des siècles a été identifiée à la doctrine chrétienne ?

Pendant presque un millénaire et demi, beaucoup ou, plus ou moins presque tous, ont cru et fait croire que cela était révélé par Dieu lui-même. Donc douter d’une telle « vérité » ou questionner l’un de ses détails était considérée comme un péché grave, une « manque de foi ». Pire encore, il était taxé de commettre un mépris envers la révélation. Sur la vision globale ou la « grande histoire », parce que c’était vraiment admise comme une histoire, que le christianisme offrait à partir de la doctrine du péché originel, jugement particulier, jugement universel, paradis, purgatoire ou de l’enfer ... Il n’était pas permis de douter, questionner, s’interroger...

Aujourd’hui, nous pouvons hocher la tête quand nous nous rendons compte jusqu’à quel point cette vision était composée sur base des traditions mythologiques ancestrales, d’une pensée païenne platonicienne... Oh, comme tu fus un grand génie, monsieur Platon !, Toi qui a réussi à créer une « image » du monde qui elle captivait l’imagination de l’humanité pendant des générations et des générations, durant des millénaires, jusqu’à traverser plus de vingt-cinq siècles.

C’est la révolution scientifique amorcée au XVIe siècle qui aurait commencé à remettre en question cette vision du monde d’un christianisme platonisant : les sphères célestes, les sept cieux, la séparation entre le monde supra-lunaire parfait et l’infra-lunaire imparfait ou corruptible, la description vivante de le « plus récent » qui concerne la mort, le jugement, l’enfer et la gloire... Malheureusement la vision qui était en train de s’effondrer dans le monde scientifique, s’est réfugié dans la vision religieuse, faisant comme si le ciel aristotélico-platonicien constituait partie intégrante de la foi chrétienne. Bien que le ciel astronomique nous apparaissions comme totalement différents, ces grotesques représentations ont continué de nourrir l’imaginaire de certains prédicateurs chrétiens.

Aujourd’hui, avec les progrès réalisés par la science, l’eschatologie, c’est-à-dire la branche de la science théologique qui traite de l’eskhatos, comprenez le dernier, ne sait pas où placer ce dernier la, ni comment le relier avec ce que nous savons tous aujourd’hui. Voilà pourquoi il est difficile de continuer à parler de ce qui était considéré comme ultime dans les coordonnées théologiques traditionnelles : les réalités finales directement liées aux « épreuves » et au « jugement de Dieu » sur nous, et une « vie éternelle » vue comme le prix ou punition correspondante... La vie, la mort et la continuité possible ou non de la vie... tout cela a été soulevé dans les coordonnées de cette vision mythique qui place Dieu la en haut au-dessus de tout. Il décidait de créer une humanité à qui il a donné des défis, ceux qui le surmontent auront la vie éternelle ; tandis que ceux qui échoueront la condamnation éternelle.

Cette vision et conviction mythiques d’un Dieu qui crée les êtres humains dans une vie provisoire pour prouver s’ils auraient l’accès à la vie éternelle est tellement intériorisée que, même aujourd’hui, de nombreux chrétiens non seulement continuent à le penser comme ça, mais ne voient pas la possibilité de la vie , la mort et au-delà de la mort sont des dimensions existentielles humaines qui doivent cesser d’être considérées et « utilisées » comme des récompenses et des punitions de Dieu envers les humains pour leur conduite. A partir des lectures de ce dimanche, il serait se leurrer, penser que beaucoup de prédicateurs auront du mal à concentrer leur homélie pour surmonter cette interprétation traditionnelle !

Mais, heureusement, une autre manière de présenter le christianisme est possible. C’est possible parce que c’est déjà réel : beaucoup le vivent déjà, et certains en donnent même la raison, leur foi et leur nouvel espoir, détachés des récompenses et des punitions. Ce n’est pas le moment de présenter une eschatologie entièrement renouvelée, mais de faire référence à trois œuvres recommandées à ceux qui tentent de repenser leur foi en dehors du paradigme mythique païen et prémoderne. Nous proposons a ceux qui veulent et peuvent approfondir ce thème de consulter les auteurs suivant. Au moins de lire un de leurs écrits :

* Roger LENAERS sj, Otro cristianismo es posible, Abya Yala, Quito, Ecuador, 2006 (tiempoaxial.org).
* Les « 12 thèses de Mgr John Shelby SPONG », que l’on trouve dans la plupart des moteurs de recherche Internet.
* John Shelby SPONG, Vida eterna : una nueva visión. Más allá de las religiones, más allá del teísmo, más allá de cielo e infierno, 232 pp, in www.tiempoaxial.org
Le sous-titre de ce livre : « Au-delà des religions, au-delà du théisme, au-delà du paradis et de l’enfer » dit tout sur l’intention et l’orientation de ce livre.
* Le magazine CONCILIUM a récemment, en novembre 2006 consacré ce numéro 318 les articles monographiques qui traite de la « résurrection des morts ».

Tout compte fait, ce dimanche nous a aidés de méditer sur les spéculations millénaires sur la fin du monde. Quelques personnes terrorisées par les menaces d’une fin tragique allaient des églises et les temples. Quelques leaders religieux continuent d’utiliser ce discours pour récolter des intérêts économiques en provenance de cette catastrophe spirituelle. Alors que certains maintiennent ce style qui n’a guère de place aujourd’hui pour enrichir au détriment de pauvres qui attendent de nous une religiosité qui libère, pour nous aujourd’hui comme chrétiens appartenant à l’Eglise catholique, il semble qu’avec les enseignements et les exemples du Pape François, nous devrions voir le sens libérateur qui se dégage derrière les discours eschatologiques. Alors de nombreuses sectes fondamentalistes et millénaristes annoncent, à partir de ces textes, la fin du monde et invitent à une conversion qui permettrait à leurs adeptes de faire partie de ceux qui seront sauvés dans le future, et que d’autres personnes, à cause de leurs multiples occupations, ne se soucient même pas du passage de l’histoire et du déroulement des événements et d’autres encore en profitent pour accumuler des richesses en soutirant chez les pauvres du peu qu’ils ont, tout en leur permettant des richesses qui arriveraient s’ils donnent des sommes convoitées par les prédicateurs charlatans, nous devons faire un examen de conscience chacun personnellement et tous communautairement : Suis-je insensible aux événements d’injustice, d’inégalité et de mort que les pauvres subissent ? Sommes-nous engages suffisamment pour qu’il y ait la justice, l’égalité, l’équité dans notre entourage ?

Pour la prière des fidèles

1. Prions pour nos communautés chrétiennes, afin que nous devenions solidaires avec des pauvres, des marginaux et des exclus et que notre témoignage de vie soit un signe du Royaume devant le monde.

2. Prions pour tous ceux qui travaillent à l’implantation d’un nouvel ordre social sur la terre, afin que leurs luttes et leurs efforts créent de nouvelles voies de liberté, mettant fin à la misère des uns qui fait la richesse des autres.

3. Prions pour tant de chrétiens insensibles à la douleur et aux souffrances de beaucoup de leurs frères, afin que l’Esprit de Jésus les touche dans leur cœur et puisse générer des actions qui réconfortent et aident les pauvres à sortir de la situation insortable qui les opprime.

4. Prions pour ceux qui sont persécutés à cause de l’évangile qui libère et rend libre, afin que Jésus les accompagne, les réconforte et leur donne du courage de continuer leur mission prophétique.

5. Prions pour l’Eglise, afin qu’elle témoigne devant le monde la présence de Jésus et que son message devienne le ferment dans la construction du royaume de Dieu.

6. Prions pour les victimes des guerres ; les veuves, les orphelins, les personnes déplacées, les malades et les prisonniers, afin que le Seigneur génère de la générosité, la compassion et de la solidarité chez de nombreux personnes de bonne volonté.

Prière communautaire

Seigneur, notre Dieu, toi que tous les peuples ont cherché depuis les origines de l’histoire jusqu’en nos jours, nous confessons que sous mille formes religieuses, dans les traditions spirituelles les plus diverses qui se sont produites au cours des millénaires, « vraiment, tu n’es pas un Dieu cache » (Is. 45, 15-23). Ouvrez nos yeux et nos esprits pour savoir comment valoriser l’immense richesse de ta présence et de ton action dans l’histoire. Ainsi pourrons-nous nous ouvrir à ton irruption imprévisible, capable de nous surprendre toujours avec de nouvelles voies et formes de vivre notre religiosité. Là où nous semblons voir une crise de religion ou d’incrédulité, nous te demandons de nous associer à la clameur universelle de tous les hommes et de toutes les femmes, de tous les peuples et de toutes nations, de toutes les traditions et toutes les cultures. De même que tu fais partie de notre histoire ne permets pas que nous te cherchions en dehors de nos expériences existentielles et vécus historiques.

Marie, femme qui, dans un présent continuel, a porté dans ses entrailles le maitre de tous temps : Passés, comme futures ! Enseigne-nous à transformer les relations entre tous les êtres sauvés par ton Fils. Aussi assiste les efforts que nous déployons pour rendre ce monde que nous habitons un lieu plus humain par d’amour, plus libre pas notre engagement, plus juste par notre détermination et plus pacifique en éradiquant la violence qui génère la misère. Que notre foi en Jésus, ton Fils et notre grand Frère, nous mène à la construction d’une nouvelle humanité au milieu de laquelle le Royaume de Dieu, le Père Jésus Christ, est visible et lisible et la condition, pour que nous, les disciples du Seigneur Jésus, soyons des évangélisateurs cohérents, est de semeur des signes tangibles d’espérance. (Cf. Pape François, Loc. Cit. No 10). Mère du Verbe de Kibeho Prie pour nous.

Padre Jean Bosco Nsengimana MIHIGO, msscc