Ascension, 02-06-19

2. Dim – B - SEPTIÈME DIMANCHE DE PAQUES – ASCENSION - G, C, P de l’Ascension (I ou II) -1ère lecture : Ac 1,1-11 ; Ps 47(46),2-6.6-9 ; 2ème lecture : He 9,24-28 et 10, 19-23 ou Ep 1,17-23 ; Évangile : Lc 24,46-53

Méditation Donnée Par Père Bernard Dourwe, Rcj.

01 Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença,
02 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis.
03 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
04 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :
05 alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. »
06 Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »
07 Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.
08 Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
09 Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.
10 Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs,
11 qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Ps 47(46),2-6.6-9
02 Il est grand, le Seigneur, hautement loué, + dans la ville de notre Dieu,
03 sa sainte montagne, altière et belle, joie de toute la terre. La montagne de Sion, c’est le pôle du monde, la cité du grand roi ; *
04 Dieu se révèle, en ses palais, vraie citadelle.
05 Voici que des rois s’étaient ligués, ils avançaient tous ensemble ;
06 ils ont vu, et soudain stupéfaits, pris de panique, ils ont fui.
07 Et voilà qu’un tremblement les saisit : douleurs de femme qui accouche ;
08un vent qui souffle du désert a brisé les vaisseaux de Tarsis.
09 Nous l’avions entendu, nous l’avons vu dans la ville du Seigneur, Dieu de l’univers, dans la ville de Dieu, notre Dieu, qui l’affermira pour toujours.

2ème lecture : He 9,24-28 et 10, 19-23

24 Car le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.
25 Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ;
26 car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.
27 Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés,
28 ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
19 Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus :
20 nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair.
21 Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu.
22 Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure.
23 Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.

Évangile : Lc 24,46-53
46 Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
48 À vous d’en être les témoins.
49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »
50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.
51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.
52 Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.
53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

MEDITATION
Nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Trois jours après sa passion et sa mort, Jésus-Christ est ressuscité des morts en sortant vivant et victorieux du tombeau, quarante jours durant, il va se manifester à ses apôtres en de diverses circonstances afin de les réconforter, de les aider à comprendre le sens des Ecritures à propos de lui et par la suite les envoyer en mission. Après ce temps d’intense catéchèse, il s’en va vers son Père siéger à sa droite et nous préparer une place auprès de lui.

Dans la première lecture extraite du livre des Actes des Apôtres, saint Luc commence son œuvre en décrivant à la suite de la finale de son évangile l’évènement de l’Ascension du Seigneur. Quarante jours après sa résurrection, accompagnée de nombreuses apparitions et des enseignements sur le Royaume des Cieux, Jésus retourne vers son Père. Les témoins du ressuscité grâce au don de l’Esprit Saint sont désormais appelés à cesser de regarder vers le ciel mais plutôt à aller dans le monde entier témoigner de tout ce qu’ils ont vu et entendu. Le départ du Christ, loin de mettre fin à sa mission est l’ouverture et le commencement d’une ère nouvelle. L’ascension fait ainsi charnière entre le ministère de Jésus et le temps de la mission de l’Eglise, lui-même orienté vers le retour du Seigneur.

Le Christ qui siège à la droite du Père est également présent au milieu des siens sous une autre forme. Sa présence invisible s’intensifie. Elle acquiert une profondeur et une extension que ne lui permettait pas son corps terrestre. Grace à l’Esprit, elle se fixera à jamais là où Jésus avait appris à ses Apôtres à le reconnaitre : la parole, les sacrements, le prochain et surtout la mission. Il ne s’agit pas, dès lors de contempler le ciel, mais d’être les témoins du ressuscité sur la terre des hommes, de coopérer avec lui à l’extension de son Règne.

La fête de l’Ascension célèbre le devenir de l’humanité en Jésus Christ. L’absence du Bien-Aimé se transforme en joie parce qu’elle atteste que tout homme a sa place auprès de Dieu. Cette joie devient plus grande encore quand on considère les promesses qui accompagnent le retour de Jésus auprès de son Père. Elles sont au nombre de trois. La première réconforte les Apôtres. Le Maître parti, ils ne seront pas abandonnés face à l’immense tâche qui les attend mais « revêtus d’une force venue d’en haut », l’Esprit Saint. Tel sera l’habit de service, la tenue de combat, qui fera d’eux des « témoins » du Christ depuis Jérusalem « jusqu’aux extrémités de la terre ». Voici donc l’objet de la deuxième annonce : dans l’Esprit Saint, chaque Apôtre sera effectivement un témoin de l’Évangile. La dernière promesse trace une ligne d’horizon à l’Église tout entière : « Jésus reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». Elle est bonne nouvelle. L’Église retrouvera son Seigneur, l’Époux son Épouse. Ainsi le départ du Christ "emporté au ciel", n’est pas une fin, mais un commencement. Après le temps de la présence familière du Maître, de l’Ami, va venir pour les apôtres le temps de la mission en son nom.

L’Ascension du Seigneur réjouit le cœur des disciples, parce qu’elle célèbre l’exaltation du Christ ressuscité à la droite du Père. Mais elle est aussi un avantage pour les croyants, ainsi que Jésus l’a dit lui-même à ses Apôtres, au soir de la dernière Cène (Jn16, 7). Elle inaugure une ère nouvelle de l’histoire du salut : celle du don de l’Esprit répandu à profusion sur les croyants, et celle de la prédication dans le monde entier, de la Bonne Nouvelle du salut acquis par la mort et la résurrection du Fils de Dieu fait chair. Cette prédication engage chacun de nous à être au sein de ce monde les témoins de la présence de Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun.

La célébration de l’Ascension tourne donc notre regard vers le monde où nous vivons. Là se construit patiemment et humblement, dans l’amour le Corps dont le Christ est la Tête. Car le Seigneur n’a pas abandonné les siens. Il est au contraire d’autant plus présent au milieu d’eux qu’il ne se trouve plus soumis aux contraintes de la condition humaine qui limitait son action dans le temps et dans l’espace.
Célébrer, aujourd’hui, le mystère de l’Ascension, c’est proclamer que « le ciel » est la destinée de tout homme : chacun vivra éternellement auprès de Dieu, puisque le chemin est ouvert par le Christ. C’est aussi nous engager à annoncer à tout homme cette merveilleuse nouvelle du salut : chacun est aimé, pour lui-même ; chacun est attendu dans le cœur de Dieu, dans sa gloire : le Christ, « une fois pour toutes », nous a obtenu cette promesse d’éternité bienheureuse. Si nous y croyons vraiment, si nous avons cette « certitude que donne la foi », alors oui, vraiment, nous ne pouvons rester là à regarder le ciel. Une bonne nouvelle, ça se partage, ça s’annonce, au plus vite. En contemplant et en célébrant aujourd’hui le Christ retourné vers son Père et maintenant assis à sa droite, nous devons donc célébrer aussi l’espérance d’être un jour auprès de lui, car c’est pour nous qu’il a tout vécu : sa naissance, sa vie publique, sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension.

Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédé dans la gloire auprès de toi, et c’est là que nous vivons en espérance. Par Jésus.


Nous vous proposons aussi la médiation ci-après :

SEPTIÈME DIMANCHE DE PAQUES C : Actes 7, 55-60 ; Psaume 96 ; Apocalypse 22, 12-20 ; Jean 17, 20-26.

Entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche est un dimanche de la prière : Prière d’Etienne, prière de l’Esprit et de l’épouse, Prière de Jésus à son Père. Au moment où Jésus vient de quitter le monde (Ascension), l’évangile le présente en prière pour le monde : le Ressuscité n’a pas délaissé les hommes. L’accomplissement de sa mission par sa Passion-Résurrection mène à sa glorification et nous ouvre le même horizon. Ainsi, Etienne supporte son martyre et contemple le ciel qui nous appelle (1ère lecture). Ainsi, Jean voit et chante la fête du salut éternel. (2ème lecture) Mais avant la réalisation plénière du Royaume, le Christ nous confie de poursuivre sa mission : que soit parfaite notre unité, pour que le monde croie. Dire notre foi nous engage à témoigner de l’amour qui nous unit.

Etienne vient de défendre les mêmes idées que Jésus, devant le même tribunal. Il se sait condamné ; mais il est déjà ailleurs. Au moment de mourir, il contemple la gloire du Christ et prie pour ses bourreaux. Le premier martyr chrétien, Etienne, est animé d’une certitude : il va à la rencontre de son Seigneur. Il ne regarde pas ses accusateurs, il « regardait vers le ciel ». Et celui qu’il voyait est « Le Fils de l’Homme », celui qui motivait sa fougue évangélisatrice. Quand la mort approche, sous les coups des pierres lancées contre lui, Etienne confiait son esprit à Jésus, son maître, et c’est à lui qu’il demandait de pardonner aux bourreaux. Le Christ, est central dans notre foi, il est « le commencement et la fin » dans notre vie spirituelle. Qu’il soit, comme pour Etienne, « l’Etoile resplendissante du matin ». L’exemple d’Etienne nous dit la force que peut avoir la foi dans une vie, jusqu’au témoignage suprême du martyre… C’est l’occasion de nous demander quelle est notre foi, et jusqu’où nous sommes capables d’aller, dans nos choix, pour le Seigneur.

La finale de l’Apocalypse est précisément un appel au Christ : « Viens, Seigneur Jésus ! » Ce retour, ou plutôt cette venue nouvelle de Jésus, les premiers chrétiens l’attendaient, et même la jugeaient imminente. En toute période de crise (et notre histoire est faite de crises successives), nous nous tournons vers le Seigneur pour appeler sa présence vivifiante. « Marana tha » : ces derniers mots de la Bible nous indiquent ce qui devrait être notre ultime prière : « Viens, Seigneur Jésus ! » Ouvrir les bras et dire simplement : "Viens"... Derrière ce geste, il y a souvent toute une histoire d’amour. C’est aussi l’histoire de l’Eglise, tendue vers la venue de celui qu’elle aime.

Avec la plus grande attention, nous accueillons les paroles que Jésus adresse au Père pour nous, ses disciples, car il nous entraîne à sa suite et dans sa grande prière pour son Eglise et pour le monde. Les mots de Jésus, dans cette longue prière que nous offre l’évangile de ce jour, ont la force d’une parole, d’un plaidoyer que personne ne voudrait laisser perdre. La prière de Jésus n’est cependant pas le mot de la fin, un peu comme le seraient les dernières paroles d’un mourant. Rien n’est figé. Rien n’est arrêté. De testament stérilisant l’avenir, il n’est point question dans ces lignes.

Jésus s’éloigne. Il est déjà plus loin, ailleurs, sur le chemin qui passe par le Golgotha. Sa prière dit la proximité de l’ultime moment. Elle est semence d’avenir jetée à la face du monde. Jésus ne dit rien aux disciples pour l’avenir de l’Église. Mais il prie pour l’unité ! Autant dire qu’il prie pour l’ouverture des disciples au monde. L’unité est tout sauf la fusion. Elle appelle à la découverte, à l’acceptation et au respect de l’altérité de son prochain. Elle est appelée à être semblable à celle qui unit le Christ à son Père. « Qu’ils soient un comme nous sommes un. »

Faire l’unité, marcher vers l’unité : et si c’était cela la meilleure préparation à la venue de l’Esprit en nous ? Oui, il nous faut rechercher toujours davantage l’unité dans nos relations humaines, familiales, conjugales, professionnelles, ecclésiales. Faire en sorte que nos vies ne soient pas un perpétuel contre-témoignage à la foi que nous professons. Et pour cela, peut-être nous faut-il commencer par faire l’unité en nous car, souvent, nous sommes des êtres « divisés », tiraillés, écartelés entre notre désir d’être chrétiens, de vivre réellement de la foi au Christ et toutes les pesanteurs, les lourdeurs de nos existences.

Les « grands témoins » que nous admirons tant sont des hommes et des femmes qui, avec une infinie patience, luttant souvent contre leur caractère de feu, ont su trouver la voie de l’unité intérieure. Comme si toute leur vie était centrée, aimantée par l’amour de Dieu. « Comment vous assurez que Dieu vous a donné son Esprit ? Interrogez vos entrailles, conseillait saint Augustin. Si elles sont pleines de charité, vous avez l’Esprit de Dieu ! »

Notre Dieu et Seigneur, ta bonté est pour tout ce qui vit et respire, et tu nous donnes de la reconnaître dans nos vies. Toi qui nous appelles à bâtir l’unité et la paix, accorde-nous de croire qu’en Toi tout est possible. Ouvre nos cœurs à l’action de ton Esprit. Et fais-nous travailler à l’œuvre que tu as entreprise et qui s’achèvera un jour en Toi, pour les siècles des siècles. Amen.
Père Bernard Dourwe, Rcj.