CEJP : La situation conflictuelle s’est sensiblement améliorée dans les districts de Nyanza, Rubavu et Karongi.

L’un des points concluants de l’atelier organisé par la Commission Episcopale Justice et Paix (CEJP) le 28-08-2019 à Kigali est que “le nombre de conflits précédemment accueillis auprès de l’administration des 3 districts pilotes de son programme « Promotion de la gouvernance participative, la prévention et la gestion des conflits » s’est considérablement réduit en dix mois.

L’atelier visait à partager les expériences avec d’autres acteurs œuvrant dans la zone de prévention des conflits, à discuter de l’état de la question au niveau des communautés locales concernées par le programme et à identifier des mécanismes efficaces de gestion des conflits.

Selon Oswald Samvura, responsable des programmes au sein de la CEJP, ce programme a permis aux communautés locales ou transfrontalières de prendre conscience des mécanismes d’information et d’échanges entre elles. « Grâce à ce programme, les bénéficiaires apprennent à utiliser le dialogue si les conflits surgissent et à faire recours à des astuces de communication interactive entre citoyens et prestataires des services de prévention des conflits », a déclaré Oswald.

Pour M. Samvura, le programme atteint de mieux en mieux son objectif. Cela se voit au niveau des personnes qui participent activement aux réunions et discutent avec les organes administratifs des problèmes et de la prise de décision politique pour leur bien-être social et économique.

L’on témoigne des bienfaits du programme...

Dans son témoignage, Nyirabukeye Anisie, bénéficiaire du programme dans le district de Nyanza, s’est sentie plus ouverte, plus consciente et plus utile à sa communauté depuis qu’elle est devenue partie intégrante du processus de gestion du conflit. « J’ai osé dénouer le conflit entre mon voisin et un membre de ma famille, qui demandait injustement une indemnisation pour ses biens endommagés pendant le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Cela a finalement donné lieu à un point de réconciliation et le bon voisinage est actuellement sans précédent », a-t-elle témoigné.
Quant à Uwizeyimana Béatrice, agent du secteur de Nyundo (Rubavu), l’existence des groupes dénommés “justice et paix” a visiblement réduit le nombre de personnes qui faisait la queue devant les bureaux administratifs en raison de conflits. « Avant que ce programme ne commence, de nombreuses personnes venaient nous voir pour des différends fonciers, des violences domestiques ou des situations de désaccords intercommunautaires, des suspicions liées au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 et ses conséquences, ... mais la situation est actuellement calme. Nous estimons que cette initiative a permis aux gens d’acquérir plus de connaissances et d’informations sur leurs droits et leurs devoirs, par exemple l’inscription des nouveau-nés dans les registres de l’état civil, la légalisation du mariage, etc. La collaboration étroite entre les prestataires de services de gestion des conflits et les autorités publiques constitue un autre avantage. Cela donne des fruits et nous les encourageons à aller de l’avant », a avoué Uwizeyimana.

Pour les experts du domaine, y compris Fidèle Ndayisaba, secrétaire exécutif de la Commission Nationale pour l’Unité et la Réconciliation, les conflits destructeurs sont basés sur le manque d’amour, le refroidissement des relations entre les personnes et le manque de vérité, pilier central de toute proximité et accord emphatique. Pour lui, maîtriser et utiliser le dialogue dans le processus de gestion des conflits est une approche efficace à ce niveau.

Le programme a été lancé il y a seulement dix mois

Depuis novembre 2018, la CEJP opère des changements palpables en matière de gestion des conflits au sein des communautés locales asservies par son programme de “Promotion de la gouvernance participative, la prévention et la gestion des conflits”. Financé conjointement par la Direction du Développement et de la Coopération de l’Agence de Coopération Suisse ainsi que par le Secours Catholique France, ce programme concerne trois districts : Nyanza (Sud), Rubavu et Karongi (Est), où il cible une population adulte estimée à 154 114 personnes, dont 66 810 sont des femmes (soit environ 44%) réparties dans 9 secteurs, 27 cellules et 135 villages.

Ce programme a pour objectif principal de mobiliser et d’éduquer la population cible en matière de gouvernance participative et de respect des droits fondamentaux des citoyens. L’accent est mis sur la diffusion d’informations sur leurs droits et devoirs vis-à-vis des décisions prises pour le développement du pays. A ce niveau, il est engagé dans une communication interactive avec les districts, la société civile et les institutions gouvernementales à différents niveaux pour plus de participation et d’éligibilité.

JMV Uwitonze/DOCICO