Dimanche, 04-03-18

4. Dim-VI- 3ème Dimanche de Carême B, C,
P. du Carême ou Ppr- Rite catéchuménaux : premier scrutin-

Ire Lecture : Ex 20, 1-17 ;
Ps 19 (18),9,9,10,11 ;
2ème lecture :1 Co1, 22-25 ;
Evangile :Jn 2, 13- 25
Homélie donnée par Père Bernard DOURWE, RCJ

Première lecture – Ex 20, 1 – 17
En ces jours-là, sur le Sinaï,
1 Dieu prononça toutes les paroles que voici :
2 « Je suis le SEIGNEUR ton Dieu,
qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage.
3 Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
4 Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux,
ou en-bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux,
pour leur rendre un culte.
Car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je suis un Dieu jaloux :
chez ceux qui me haïssent,
je punis la faute des pères sur les fils,
jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
6 mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements,
je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération.
7 Tu n’invoqueras pas en vain le nom du SEIGNEUR ton Dieu,
car le SEIGNEUR ne laissera pas impuni
celui qui invoque en vain son nom.
8 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
9 Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ;
10 mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l’honneur du SEIGNEUR ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes,
ni l’immigré qui est dans ta ville.
11 Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent,
mais il s’est reposé le septième jour.
C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat
et l’a sanctifié.
12 Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu.
13 Tu ne commettras pas de meurtre.
14 Tu ne commettras pas d’adultère.
15 Tu ne commettras pas de vol.
16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante,
ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

PSAUME – 18 (19), 8-9. 10-11
8 La loi du SEIGNEUR est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du SEIGNEUR est sûre,
qui rend sages les simples.
9 Les préceptes du SEIGNEUR sont droits,
ils réjouissent le coeur ;
le commandement du SEIGNEUR est limpide,
il clarifie le regard.
10 La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du SEIGNEUR sont justes
et vraiment équitables :
11 plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

2ème lecture : 1 Co1, 22-25
Frères,
22 alors que les Juifs réclament des signes miraculeux,
et que les Grecs recherchent une sagesse,
23 nous, nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs,
folie pour les nations païennes.
24 Mais pour ceux que Dieu appelle,
qu’ils soient Juifs ou Grecs,
ce Messie, ce Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes,
et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Evangile : Jn 2, 13-25
13 Comme la Pâque juive était proche,
Jésus monta à Jérusalem.
14 Dans le Temple, il trouva installés
les marchands de boeufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
15 Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple ainsi que les brebis et les boeufs,
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
16 et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d’ici.
Cessez de faire de la maison de mon Père
une maison de commerce. »
17 Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit :
L’amour de ta maison fera mon tourment.
18 Des Juifs l’interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour agir ainsi ? »
19 Jésus leur répondit :
« Détruisez ce sanctuaire,
et en trois jours je le relèverai ! »
20 Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire,
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
21 Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
22 Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ;
ils crurent à l’Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite.
23 Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque,
beaucoup crurent en son nom,
à la vue des signes qu’il accomplissait.
24 Jésus, lui, ne se fiait pas à eux,
parce qu’il les connaissait tous
25 et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ;
lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

COMMENTAIRE
La liturgie de ce troisième dimanche nous offre de méditer sur le don de la loi de Dieu à son peuple dans la première lecture. Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous invite à accueillir la croix de Jésus comme sagesse de Dieu et dans l’Evangile, Jésus purifie le Temple en signe du Temple nouveau qu’il va instaurer par sa mort et sa résurrection.

Dans la première lecture, extraite du livre de l’Exode, Dieu fait alliance avec son peuple Israël à travers le don de la loi. Le décalogue, encore appelé les dix commandements, est donné sur le mont Sinaï après la libération d’esclavage d’Israël et sa sortie de l’Egypte. Ces articles de la charte d’alliance reposent sur la relation avec Dieu et la relation avec le prochain. Elle se veut la reconnaissance de Dieu comme étant l’Unique, à qui il faut rendre le culte véritable et l’engagement à vivre en harmonie avec le prochain dans le respect de sa personne, de sa dignité et de ses biens. Ces commandements, loin d’aliéner le peuple est le signe de l’amour de Dieu. La liberté, condition première pour son établissement trouve sa pleine réalisation en son obéissance. Ce n’est qu’en la mettant en pratique qu’Israël sera heureux et trouvera grâce auprès de son Dieu. La loi du Seigneur nous rend ainsi libre à l’égard de Dieu et des hommes. Elle est source de vie et de bonheur, de sagesse, de jugement limpide, de droiture, de justice, et de pureté, plus précieuse et délectable que tout. Sa non-obéissance détériore les relations interpersonnelles en nous éloignant de plus en plus avec Dieu et les hommes.

Le péché qui est l’expression par excellence de la désobéissance aux commandements de Dieu va créer une fois pour toute la distance et la séparation de l’homme avec Dieu. Le Christ Jésus va donc venir réconcilier les hommes entre eux et avec Dieu en mourant sur la croix. Mais son sacrifice ne sera pas compris par tous les hommes. Pour les juifs en effet, dire que Jésus-Christ est mort sur une croix pour le salut des hommes et il est ressuscité est un scandale. Pour eux, mourir pendu ou crucifié est une malédiction. Pour les païens par contre, c’est plutôt une folie car les grecs, bien avancés dans des réflexions philosophiques conçoivent la mort et résurrection comme étant irrationnelles et inadmissibles. C’est donc un scandale et une folie de dire que Jésus mort sur une croix est le Fils de Dieu. Dieu ne saurait d’après eux se faire homme et plus encore mourir sur une croix comme un vulgaire malfaiteur. C’est insensé. Contrairement à eux, Saint Paul, convaincu de son expérience de la rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas, nous invite à mettre notre espérance et notre fierté en ce Christ mort et ressuscité pour le salut de toute l’humanité. Par son sang versé, pour la rémission des péchés, le monde est à jamais réconcilié avec Dieu qui se révèle là où les hommes ne voient que la honte et l’échec.

L’acceptation de la vérité de la mort et de la résurrection de Jésus continue à heurter les esprits de nos contemporains. Plusieurs refusent d’admettre cette vérité indéniable de notre foi. Dans un monde enfreint au rationalisme et au matérialisme, l’homme cherche à admettre pour vrai ce qui est fruit d’une expérience pragmatique et vérifiable. Or la foi nous conduit à aller bien au-delà du rationnel et du sensible. Car Dieu ne saurait être objet d’une vérification scientifique/rationnelle.
Avant de s’offrir en sacrifice rédempteur, Jésus va purifier le temple en chassant les trafiquants et les marchands qui ont fait de la maison de son Père un lieu de trafic. Cette purification du temple, sera comprise par ses disciples, après sa mort et sa résurrection comme une annonce du Temple nouveau inauguré par sa résurrection. En purifiant le culte qui se pratique au temple, Jésus veut nous aider à retrouver la vraie signification de ce lieu. Le temple est la maison du Seigneur, une maison de prière, de rencontre du Seigneur et non pas un espace voué à toutes formes de pratiquent qui éloignent de Dieu. Il doit être débarrassé de tout ce qui n’est pas à son service et pour sa gloire.

Au-delà du temple matériel, il conduit ses contemporains à un temple plus grand : le temple spirituel. Ce temple spirituel c’est son corps qui va connaître la mort puis la résurrection trois jours après. Le lieu de la présence de Dieu n’est plus un édifice, c’est désormais le corps du Christ. Toute la liturgie chrétienne n’existe qu’autour de ce Corps. Saint Paul dira aux corinthiens : « vous êtes le Corps du Christ » (1 Co 12, 27). Et le Christ nous associe à ce mystère en nous offrant une dignité d’enfant de Dieu par l’Esprit Saint « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3, 16-17). Ainsi, ce n’est pas seulement le « corps ressuscité » de Jésus qui est le nouveau Temple, mais le corps de chaque baptisé. Nous devons donc traiter nos corps comme étant des sanctuaires, des lieux de la rencontre et de la présence de Dieu.

Tu nous as fait don de la loi Seigneur afin qu’elle guide nos pas sur le chemin de la liberté des enfants de Dieu. Accorde-nous en ce temps de préparation de la célébration du mystère pascal de nous laisser instruire par elle. Ainsi, nous aurons la joie d’accueillir l’Evangile de la croix de Jésus qui veut nous unir à son Corps mystique, Temple nouveau et gage de notre salut. Lui qui règne avec Toi dans l’unité du Saint Esprit un seul Dieu pour les siècles dans siècles. Amen.
Père Bernard DOURWE, RCJ .