Dimanche, 19-03-23

19. Dim. – Vl ou Rose (Lætare) - QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME - C, Préf. de carême (ou préf. propre si l’aveugle-né Jn 9, 1-41) – Rites catéchuménaux : deuxième scrutin – 1ère Lecture : 1S16, 1b.6-7.10-13a ; Ps 23(22), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; 2ème Lecture : Ep 5, 8-14 ; Évangile : Jn 9, 1-41 (ou brève : 9, 1.6-9.13-17.34-38). Méditation donnée par Abbé Marc NIZEYIMANA, Recteur du Grand Séminaire

PREMIERE LECTURE - premier livre de Samuel 16,1b.6-7.10-13a
En ces jours-là,
1 le SEIGNEUR dit à Samuel :
« Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars !
Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem,
car j’ai vu parmi ses fils mon roi. »
6 Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab,
il se dit :
« Sûrement, c’est lui le messie,
lui qui recevra l’onction du SEIGNEUR ! »
7 Mais le SEIGNEUR dit à Samuel :
« Ne considère pas son apparence ni sa haute taille,
car je l’ai écarté.
Dieu ne regarde pas comme les hommes :
les hommes regardent l’apparence,
mais le SEIGNEUR regarde le cœur. »
10 Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils,
et Samuel lui dit :
« Le SEIGNEUR n’a choisi aucun de ceux-là. »
11 Alors Samuel dit à Jessé :
« N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit :
« Il reste encore le plus jeune,
il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé :
« Envoie-le chercher :
nous ne nous mettrons pas à table
tant qu’il ne sera pas arrivé. »
12 Jessé le fit donc venir :
le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le SEIGNEUR dit alors :
« Lève-toi, donne-lui l’onction : c’est lui ! »
13 Samuel prit la corne pleine d’huile,
et lui donna l’onction au milieu de ses frères.
L’Esprit du SEIGNEUR s’empara de David à partir de ce jour-là.

PSAUME - 22 (23),1-6
1 Le SEIGNEUR est mon berger :
je ne manque de rien.
2 Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
3 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

4 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi,
ton bâton me guide et me rassure.

5 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

6 Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du SEIGNEUR
pour la durée de mes jours.
DEUXIEME LECTURE - lettre de saint Paul aux Ephésiens 5,8-14
Frères,
6 autrefois, vous étiez ténèbres ;
maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ;
conduisez-vous comme des enfants de lumière
7 – or la lumière
a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité –
8 et sachez reconnaître
ce qui est capable de plaire au Seigneur.
9 Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres,
elles ne produisent rien de bon ;
démasquez-les plutôt.
10 Ce que ces gens-là font en cachette,
on a honte même d’en parler.
11 Mais tout ce qui est démasqué
est rendu manifeste par la lumière,
14 et tout ce qui devient manifeste est lumière.
C’est pourquoi l’on dit :
Réveille-toi, ô toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera.

EVANGILE - selon saint Jean 9, 1-41 (lecture brève)
En ce temps-là,
en sortant du Temple,
1 Jésus vit sur son passage
un homme aveugle de naissance.
6 Il cracha à terre
et, avec la salive, il fit de la boue ;
puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
7 et lui dit :
« Va te laver à la piscine de Siloé »
– ce nom se traduit : Envoyé.
L’aveugle y alla donc, et il se lava ;
quand il revint, il voyait.
8 Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant
– car il était mendiant –
dirent alors :
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
9 Les uns disaient :
« C’est lui. »
Les autres disaient :
« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait : « C’est bien moi. »
13 On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
14 Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue
et lui avait ouvert les yeux.
15 À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.
Il leur répondit :
« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,
et je vois. »
16 Parmi les pharisiens, certains disaient :
« Cet homme-là n’est pas de Dieu,
puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »
D’autres disaient :
« Comment un homme pécheur
peut-il accomplir des signes pareils ? »
Ainsi donc ils étaient divisés.
17 Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :
« Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »
Il dit : « C’est un prophète. »
34 Ils répliquèrent :
« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,
et tu nous fais la leçon ? »
Et ils le jetèrent dehors.
35 Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors.
Il le retrouva et lui dit :
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
36 Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
37 Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
38 Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.

MEDITATION

Chers Frères et Soeurs,

Dans la liturgie de ce quatrième dimanche du Carême nous y trouvons la définition du chrétien. Un chrétien est une personne qui a reçu la lumière ; qui a effectué un passage des ténèbres à la lumière. La première lecture nous dit que celui qui n’a pas reçu la lumière juge les choses avec les yeux du corps et non du cœur ; en réalité il n’y voit rien. Dans l’Evangile, on nous indique comment atteindre cette lumière. La deuxième lecture quant à elle, complète ce thème en nous montrant ce que nous pouvons faire pour vaincre l’obscurité.
Aujourd’hui, Jésus est au tribunal en train d’être jugé, mais il est jugé en absence ; il est représenté par un aveugle-né. Le Dimanche des Rameaux, Jésus comparaitra lui-même devant le tribunal ; il fera sa propre défense. Autrement dit, aujourd’hui Jésus nous rappelle qu’en tant que ses disciples, nous sommes invités à le défendre ; à témoigner pour lui jusqu’au péril de notre vie.
La guérison d’un aveugle-né peut être mise en scènes pour montrer combien des gens peuvent arriver à la foi, et pour ce, gagner une vision spirituelle du moment où ils ne connaissaient pas qu’ils étaient spirituellement aveugles. C’est une mise en scènes de ce que signifie accéder à la foi, la professer et la défendre. Bref, Jésus nous apprend comment voir avec les yeux du cœur.
Comme mise en scènes, nous allons analyser le message de cette histoire scène par scène :
(1) La façon dont l’aveugle a été guéri : Les circonstances du miracle sont singulières, et sans doute significatives. Jésus pouvait le guérir seulement en prononçant des paroles, comme il avait fait pour les autres, mais « il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l’aveugle ». Le fait d’utiliser sa salive signifie que tout ce qui lui appartient contient une puissance de guérison. Enduire avec la boue les yeux de l’aveugle pouvait les fermer pour de bon, et non les ouvrir. La puissance de Dieu travaille souvent à contre sens ; il fait d’abord comprendre aux gens leur aveuglement avant de les faire voir. L’homme a été modelé avec la glaise du sol (Gn 2,7), et ici le Christ utilise la même matière pour donner la vue à un corps formé de glaise. Puis, Jésus l’a envoyé se laver dans la piscine de Siloé. Ce lavement n’a rien à faire avec la guérison de cet homme ; Jésus voulait tout simplement tester son obéissance.
(2) L’interrogatoire des voisins : Cet événement inhabituel de donner la vue à un homme né aveugle n’a pas manqué d’être à la une des causeries dans son village. Pour beaucoup de gens, cet homme qu’ils voyaient devant eux n’étaient pas le même que celui qui étaient aveugle. Toutefois, cette hypothèse a été directement réfutée par le concerné.
(3) Premier procès des Pharisiens à l’homme guéri, en présence de ses parents : C’est un procès passionné et fondé sur des préjugés. Ils interrogèrent d’abord l’homme guéri lui-même sur la véracité de son état avant la guérison et de sa guérison elle-même. Puis, ils cherchèrent à confronter ses réponses avec celles de ses parents. Toutefois, les parents tout en confirmant son état d’avant, préférèrent la neutralité sur l’identité de son guérisseur parce qu’ils n’avaient pas été présents lors de la guérison. L’hypothèse, soutenue par les Pharisiens était que le guérisseur agissait en contradiction avec la Loi. Donc, ce miracle qui pouvait faire taire les opposants de Jésus, a, au contraire, suscité un effet contraire ; au lieu d’être acclamé comme un prophète, Jésus a été traité de criminel. Pour l’homme guéri, son guérisseur n’était autre qu’un prophète.
(4) Deuxième procès des pharisiens à l’homme guéri : Cette fois-ci l’affaire prit vraiment l’allure d’un procès. Faisant en vain toute tentative d’invalider les évidences, les pharisiens eurent recours à la diffamation de Jésus ; convaincant la foule qu’il était un mauvais homme. Malheureusement, l’homme les défiait toujours en criant que Jésus était un prophète. Il n’avait pas besoin de le prouver, mais il le sentait en lui de par la grâce qu’il avait reçue pendant la guérison. Il ne voulait pas de discussions contre son expérience ; il revenait à lui seule d’être témoin de la puissance et de la grâce du Christ, bien qu’il ne l’avait pas vu avant. Finalement, étant incapables de le vaincre théologiquement et par le bon sens, les pharisiens eurent recours à la force physique, et avec grande propension et passion, ils mirent fin à tout discours, et jetèrent l’aveugle guéri hors de la Synagogue.
(5) Le dialogue de l’aveugle guéri avec Jésus : Jésus s’approche de ce pauvre homme avec une grande tendresse. C’est Jésus lui-même qui le cherche et qui court après lui pour l’encourager et le réconforter, parce que ce dernier avait, avec le peu d’information à sa disposition, très bien parlé, courageusement et hardiment, en défense du Seigneur Jésus. Jésus se met toujours au côté de celui qui prend sa défense, et se fait sien celui qui le choisit, lui, sa vérité et son chemin. Même si souvent les persécuteurs excluent les bonnes personnes de la société, ils ne les excluent pas pour autant de la communion avec le Christ, et non plus ne peuvent pas leur barrer le chemin à sa rencontre. Jésus trouve toujours gracieusement et reçoit ceux qui, pour sa cause, sont injustement rejetés par les hommes. En confessant notre foi, nous faisons face à pas mal de tribulations, et avons besoin de faire preuve d’audace, perce que le Christ est toujours de notre côté.
L’aveugle guéri venait d’être catéchisé par le Christ lui-même, parce qu’il commence à avoir une réelle vision. Il reconnait Jésus en étapes : il connait d’abord son nom, il le reconnait comme prophète et finalement il l’appelle Seigneur et l’adore. Ensuite, Jésus lui mandate d’aller rendre témoignage de la vérité sans avoir peur d’être de nouveau rejeté. C’est seulement le Christ qui nous attire vers lui. Il est toujours auprès des âmes qui le cherchent plus qu’elles ne peuvent l’imaginer ; il se laisse trouver. Des chrétiens qui doutent se demandent souvent, « Où est le Seigneur pour que nous puissions croire en lui ? » Comme le souligne Saint Paul, dans la deuxième lecture, ces derniers sont dans les ténèbres ; ils sont sous le régime du péché.
En effet, les pécheurs, étant dans les ténèbres, vont leur chemin sans savoir où ils vont, ni ce qu’ils font. Ils ont les yeux du corps, mais n’ont pas les yeux du cœur. Ils peuvent être à côté des personnes sans se rendre compte de leur présence. Sans les yeux du cœur, on ne se voit même pas soi-même. Quelqu’un croit se connaitre, mais il ne se rend pas compte de son être profond, caché, qui est le vrai visage de lui-même. C’est aussi avec les yeux du cœur qu’on peut voir Dieu et croire en lui.
Pour finir, Saint Paul nous invite à ne pas être de mèche avec les pécheurs, parce que si nous conspirons à leurs péchés, nous devons aussi en assumer les conséquences avec eux. C’est pourquoi nous devons les reprouver au lieu de pactiser avec eux. Nous devons prudemment dénoncer les péchés des hommes et faire un effort pour les convaincre de revenir de leur situation peccamineuse.

Abbé Marc NIZEYIMANA, Recteur du Grand Séminaire de Rutongo, Kigali.