Dimanche, 15-01-23

15. Dim – Vr - DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE-G, C, P dominicale –1ère Lecture : Is 49, 3.5-6 ; Ps 40 (39), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd ; 2ème Lecture  : 1 Co 1, 1-3 ; Évangile : Jn 1, 29-34. Méditation donnée par l’Abbé Marc NIZEYIMANA, Recteur du Grand Séminaire de RUTUNGO (Kigali).

PREMIERE LECTURE - Isaïe 49, 3.5-6

3 Le SEIGNEUR m’a dit :
« Tu es mon serviteur, Israël,
en toi je manifesterai ma splendeur. »
5 Maintenant le SEIGNEUR parle,
lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère
pour que je sois son serviteur,
que je lui ramène Jacob,
que je lui rassemble Israël.
Oui, j’ai de la valeur aux yeux du SEIGNEUR,
c’est mon Dieu qui est ma force.
6 Et il dit :
« C’est trop peu que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob,
ramener les rescapés d’Israël :
je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre. »

PSAUME - 39 (40)

2 D’un grand espoir, j’espérais le SEIGNEUR,
Il s’est penché vers moi
4 Dans ma bouche il a mis un chant nouveau
une louange à notre Dieu.

7 Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime
8 alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

« Dans le livre, est écrit pour moi
9 ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »

10 Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
SEIGNEUR, tu le sais.
11 J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

DEUXIEME LECTURE - première lettre de Saint Paul apôtre aux Corinthiens 1,1-3

1 Paul, appelé par la volonté de Dieu
pour être apôtre du Christ Jésus,
et Sosthène notre frère,
2 à l’Église de Dieu qui est à Corinthe,
à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus
et sont appelés à être saints
avec tous ceux qui, en tout lieu,
invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ,
leur Seigneur et le nôtre.
3À vous, la grâce et la paix,
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.

EVANGILE - selon Saint Jean 1,29-34
En ce temps-là,
29voyant Jésus venir vers lui,
Jean le Baptiste déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde ;
30c’est de lui que j’ai dit :
L’homme qui vient derrière moi
est passé devant moi,
car avant moi il était.
31Et moi, je ne le connaissais pas ;
mais, si je suis venu baptiser dans l’eau,
c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
32 Alors Jean rendit ce témoignage :
« J’ai vu l’Esprit
descendre du ciel comme une colombe
et il demeura sur lui.
33Et moi, je ne le connaissais pas,
mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :
‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer,
celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’
34Moi, j’ai vu, et je rends témoignage :
c’est lui le Fils de Dieu. »

MEDITATION

L’Evangile de ce dimanche nous parle de qui est Jésus, de sa mission, et de comment il la remplira. « Voici l’agneau de Dieu, voici Celui qui enlève le péché du monde  », dit Jean Baptiste à la foule rassemblée autour du Jourdain. Il ne parle pas des péchés mais du péché. Il n’utilise pas le pluriel, mais une sorte de singulier collectif. Il s’agirait donc d’un péché qui, en quelque sorte, contienne, génère, explique tous les péchés. Quel est ce péché ? Si nous voulions tenter une réponse, nous pourrions pointer du doigt à la violence, à la corruption, à l’injustice, à l’égoïsme des nations. Cette réponse, surtout en rapport avec des situations historiques dans lesquelles nous vivons, pourrait être plausible.
Mais la Bible, dès sa première page, nous donne une autre réponse. Elle nous dit que le péché du monde, la mère de tous les autres péchés, est l’orgueil. Et par l’orgueil, on dit non à Dieu ; on ne se confie pas à Lui, on ne croit pas en Lui. À l’origine de tout péché, il y a un dialogue tacite avec Dieu : « Tu me proposes un choix que je ne sens pas mien et me promets une félicité qui pour moi reste incertaine et indéfinie. Pourquoi devrais-je te croire alors que moi la félicité je la vois ici et maintenant, à portée de main, facile à saisir ? » Ça c’est le péché du monde : ne pas croire en Dieu. Ça c’est aussi notre péché, encore plus grave parce que peu d’entre nous la reconnaissons. Nous, nous n’avons pas confiance en Dieu, nous n’avons pas confiance en Christ. En effet, nos choix, que ce soient en rapport avec la richesse, la justice, le sexe et autres, vont bel et bien dans une direction tout à fait contraire au chemin tracé par l’Evangile. Quelques passages de l’Evangile nous font peur ; nous les considérons comme dangereuses !
Il arrive donc que, au lieu de modifier notre comportement, nous modifiions l’Evangile. Le résultat on peut facilement le comprendre : quelques passages pour nous sont comme si elles n’auraient pas existées. Sommes-nous encore croyants ? Ne nous trompons pas. Les vrais croyants sont ceux qui se remettent complètement à la Parole de Dieu, avec une confiance totale, comme le serviteur de Yahvé, de qui a parlé la première lecture, qui se sent appelé à être instrument de salut pour tous les peuples. Ou comme Saint Paul qui, comme nous l’avons appris de la seconde lecture, se présente à la communauté de Corinthe comme quelqu’un investi dans la mission d’apôtre. Nous au contraire, devons l’admettre, nous sommes coincés par le grand péché du monde qui est celui de ne pas se confier à Dieu.
Si celui-ci est le péché du monde, avec quoi pouvons-nous le combattre ? Le péché du monde, qui est l’orgueil, ne peut être vaincu que par l’humilité de la foi. Ceci nous fait comprendre pourquoi le Sauveur, Celui qui enlève le péché du monde, se soit présenté dans l’Evangile sous l’image de l’agneau. L’agneau a une grande force allusive : il rappelle différentes vertus comme la mansuétude, la douceur, l’humilité, la docilité. Il évoque aussi la donation et le sacrifice ; et ceci en référence à l’Agneau Pascal. Seul celui qui adopte l’attitude de l’agneau peut vaincre le péché du monde. Et l’Evangile de ce dimanche nous donne une parole d’espérance : « Voici l’agneau de Dieu » ; le voici, Il n’est pas loin de vous, Il est parmi vous, est l’un de vous. Vous pouvez le toucher, vous pouvez l’écouter et le suivre, vous pouvez vivre avec lui. Par cette voie, on peut comprendre le vrai sens de la vie chrétienne. Etre chrétien ne veut pas dire adhérer à une formule de foi et à une morale, lesquelles on peut se permettre de les changer, mais veut dire être en communion avec le Christ. Il n’y a pas de possibilité de compromission.
C’est cela que l’apôtre Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe : « À l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus. » C’est comme si il disait : « À vous qui êtes saints, unis au Christ qui est l’agneau de Dieu, recevez, vous aussi, le pouvoir d’enlever le péché du monde. » Si nous sommes unis au Christ, nous portons en nous la sainteté du Christ. Mais le discours n’est pas complet, parce que l’apôtre Paul, aux paroles que nous avons mentionnées, ajoute : « Aux saints, appelés à être saints. » Nous avons été sanctifiés dans le Christ Jésus, mais nous sommes appelés à nous sanctifier davantage. La vraie sanctification se fait par le témoignage de vie, et non pas seulement à travers supplications et prières. C’est avec ça que nous pouvons bénéficier de la grâce et de la paix dont nous parle Saint Paul. Grâce et paix qui sont le secret d’une joie que ne connaissent pas ceux qui, pour être heureux, adoptent le voie de l’affirmation personnelle, loin de l’amour de Dieu. Le péché du monde est l’incapacité d’aimer et de reconnaitre l’amour de Dieu pour nous.
« Et moi je ne le connaissais pas » : c’est étonnant que Jean Baptiste affirme ne pas connaitre Jésus ! On peut noter ici un signe d’humilité devant la grandeur de Jésus, mais aussi la reconnaissance que connaitre Jésus signifie bien beaucoup de choses. Connaitre Jésus n’est pas le simple fait de le rencontrer, l’admirer, le célébrer comme l’homme qui le plus a conquis notre cœur. Ça n’est pas encore la foi. La foi est pouvoir lui dire : « Toi, O Jésus, es ce Dieu je cherche. C’est Toi qui me parles de Dieu plus que quelqu’un d’autre. C’est toi qui me révèles la vie de Dieu, Toi la face de Dieu. À travers Toi je peux reconnaitre Dieu dans mon prochain … »
«  Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève le péché du monde. » : Comme Jean Baptiste, nous sommes invités à présenter Jésus à nos frères et sœurs, que ce soit en paroles, par écrits ou en actes. Disant ceci, j’en profite pour rendre hommage au Pape Emérite Benoit XVI, qui nous a quitté récemment et nous a laissé des bons ouvrages sur « Jésus de Nazareth  ».
Abbé Marc NIZEYIMANA, Grand Séminaire de Rutongo