Dimanche, 11-12-2022

11. Dim – Vl ou Rose - TROISIEME DIMANCHE DE L’AVENT(Gaudete) – C, P Av I ; 1ère Lect. : Is 35, 1-6a.10 ; Ps 146(145), 7, 8, 9ab.10a ; 2ème Lect. : Jc 5, 7-10 ; Évangile  : Mt 11, 2-11 ; Méditation donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc

Première lecture (Is 35, 1-6a.10)

Dieu, lui-même en personne, nous sauve
Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient.
Parole du Seigneur.

Psaume (Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a)

R/Viens, Seigneur, viens et sauve-nous

Le Seigneur fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin,
d’âge en âge, le Seigneur règnera.

Deuxième lecture  : Lecture de la lettre de l’apôtre Saint Jacques (Jc 5, 7-10)

Restons fermes, endurants et patients
Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
Parole du Seigneur.

L’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 11, 2-11)

Es-tu celui qui doit venir ?
En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire et méditation

« Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » (Phil. 4, 4-7).
Traditionnellement appelé le dimanche de « Gaudete », ce troisième dimanche de l’Avent apporte une joyeuse invitation qui retentit en nos cœurs. Cette heureuse et bonne nouvelle proviendrait, non seulement, du fait que le Christ est déjà venu, ni de l’espérance qu’il reviendrait dans sa gloire, mais aussi et surtout parce que nous croyons que depuis son incarnation, maintenant et pour toujours, il est au milieu de nous. Comme lui-même nous l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu`à la fin du monde. » (Mt 28, 20). C’est donc la présence du Christ qui est la source de notre joie (1 P 1, 8-9). Sa présence, parmi nous, nous remplit de joie (Act. 2, 28). Comme nous le réitère l’apôtre des gentils, soyons donc dans la joie (Phil 4.4).
Ce dimanche nous offre une occasion favorable pour méditation sur l’art de trouver la joie au cœur de nos vies. S’adressa à tous les Chrétiens et à toutes les personnes de bonne volonté, le Pape François réitère mainte fois que nous devons conserver la joie. Personne ne devrait nous la voler. Dans son encyclique programme sur l’annonce de l’évangile dans le monde d’aujourd’hui, François constate que la plus grande menace de cette joie est « le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Église. » « Apparemment tout arrive normalement. » Mais en réalité, nous devons reconnaitre que « La foi s’affaiblit et dégénère dans la mesquinerie. » Nous vivons dans « La psychologie de la tombe, qui transforme peu à peu les chrétiens en momies de musée. » Pour ce faire, le Pape explique que déçus par la réalité, par l’Église ou par eux-mêmes, d’aucuns « Vivent la tentation constante de s’attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance. » C’est ainsi que les personnes qui étaient sensées d’être « Appelés à éclairer et à communiquer la vie, […] se laissent finalement séduire par des choses qui engendrent seulement obscurité et lassitude intérieure, et qui affaiblissent le dynamisme apostolique. » Devant une telle situation le Pape François insiste : « Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ! » (Evangelii Gaudium, No 83).

Le Pape François a repris cette invitation lors de sa Visite Apostolique en Colombie. À la Nonciature Apostolique de Bogotá, François a encouragé les jeunes à ne pas se laisser voler la joie et l’espérance. Il a dit « Merci pour la joie, merci pour le courage. Ne vous laissez pas voler la joie. » (Bogota, 6 sept 2017). Ce désir de la joie est au fond de notre être en tant personne humaines. Notre nature profonde aspire à la joie. Nous chrétiens catholiques, nous croyons fermement que le Christ est venu dans ce monde pour donner à celles et ceux qui le rencontrent le goût de la joie. Les lectures et la liturgie de ce dimanche nous rappellent donc notre vocation d’être nous-mêmes la source de la joie dans le monde. N’est pas que nous devons proclamer la joie comme une urgence ou un impératif catégorique pour une société où beaucoup désespèrent et la majorité de nos contemporains sont tristes ou s’ennuient ? La joie n’est-elle pas l’unique alternative nécessaire qui correspondrait à la condition de l’homme postmoderne caractérisé par l’inconstance, l’ennui et l’inquiétude ? Qu’est-ce que nous proposons à celles et à ceux qui expérimentent l’ennui du temps et qui n’espèrent avoir une existence qui a du sens ? Le fait que nous soyons nous-mêmes monotones ne révèle-t-il pas que non seulement nous vivons dans une société qui sembler manquer de but ; mais aussi que notre époque ne sait pas ce qui peut lui procurer la félicité ?

La joie que la liturgie de ce dimanche nous propose est l’opposé de l’ennui. Elle est contraire à la monotonie ! C’est une joie qui nous incite à aimer l’instant présent. La joie est un signe que l’homme est fait non pour vivoter, mais pour vivre pleinement et jouir de la vie ici et maintenant. Cette joie révèle que nous croyons qu’il est bon de vivre. La joie confirme que nous vivons réellement. Toutefois, bercés par les médias qui proclament presque uniquement la mauvaise nouvelle, troublés par les prophètes du malheur, de nombreux habitants de notre siècle aimeraient, sans nul doute, se replier sur eux-mêmes. D’aucuns préfèreraient non pas penser. Il y a d’autres qui ne veulent plus oser vivre ! En effet, comment trouver une boussole dans un monde malheureux et angoissé ? Comment construire une humanité joyeuse alors que dans les coins du monde bouillonnent des guerres meurtrières et fratricides ?

En plaçant leur message de la joie dans le sciage de l’utopie chrétien, la première et la deuxième lecture coïncident en soulignant la place de la patience, la persévérance et surtout l’espérance. Tandis qu’à travers le prophète Isaïe, Dieu promet qu’il viendrait lui-même libérer son peuple ; Saint Jacques nous conseille d’avoir de la patience car le Seigneur est en route vers nous. De fait, pour le prophète Isaïe et l’apôtre Jacques nous devons attendre. Nous devons espérer. D’ailleurs cela vaut la peine. Il faut persévérer. L’utopie chrétienne a sa raison d’être. C’est-à-dire que l’utopie en tant que ce qui n’a pas de la place, ce qui ne peut être trouvé nulle part, ce qui ne s’est pas encore matérialisé, ce qui n’a pas eu le temps de se réaliser, ce que personne n’a pas pu obtenir ou construire ; c’est en cela que consiste la réalisation dans l’espace et le temps notre joyeux enthousiasme, notre courageuse félicité et notre désireuse béatitude !
Nous ne doutons pas que la manière de susciter cet espoir, de la vivre et de la transmettre aurait été naturellement utile et très efficace pendant de nombreuses générations avant nous. Para ailleurs, nous ne conjecturons pas non plus qu’aujourd’hui, cette approche fonctionnerait aisément. Qui ne sait pas que le motif classique pour fonder l’espoir consistait à pointer un futur proche en disant que le Seigneur arrive ? Qu’il va s’introduire dans notre histoire d’une manière apocalyptique ? Que sa venue est imminente et que notre espoir consiste à « attendre » son arrivée ?

Ce schéma conceptuel selon lequel Dieu qui s’est incarne en Jésus prépare son imminente retour n’est plus plausible aujourd’hui. L’annoncé d’une une seconde venue qui scellera la fin du monde semble anecdotique. Pour certaines mentalités postmodernes, dire que nous sommes dans un temps intermédiaire, incertain et prévoir une menacé qui ressemble à l’épée de Damoclès, l’épée suspendue sur notre tête, parait comme une menace inadmissible. La divine surprise qui adviendrait comme un voleur fait sa surprise inclusion devient de plus en plus comme une image qui ne captive plus l’attention des gens de notre génération. Aujourd’hui une telle cosmovision ne fonctionne plus. Elle n’est pas convaincante.
D’ailleurs dans cette vision l’on prétendait que Dieu viendrait punir les mauvais et rétribuer les bons. C’est ainsi qu’il remettrait les choses en ordre. Il se vengerait en punissant ceux qui ont transgressé sa sainte volonté et qui ont commis les maux en blessant ses élus dont nous faisons partis. Une telle conception était probablement très efficace dans les temps passés. De même que cela fut le cas dans la pédagogie qui suivait le paradigme selon lequel tout se joue entre récompense et punitions. Ceux qui travaillent bien ont de bons résultats ! Tandis que ceux qui présentent un travail médiocre récoltent de mauvaises notes. Aujourd’hui, très peu d’esprits lucides peuvent accepter que cette pédagogie enfantine soit appliquée au mystère existentiel de l’être humain. Moins encore, serait calquée à une spiritualité chrétienne mature et adulte !

Les générations qui assumaient une telle vision avaient naturellement une compréhension du monde mythiquement religieux. Leur savoir était complètement inséré dans les coordonnées de la description du monde que les religions avaient développé à ces époques. Il s’agissait d’un mode de pensée selon laquelle le « plan de Dieu » consisterait essentiellement à mettre à l’épreuve l’être humain pour qu’il puisse mériter une autre vie joyeuse, comme récompense. La personne humaine devrait réussir l’épreuve pour hériter la joie. Une vie meilleure ou pire, une récompense ou punition correspondraient à la vie que chacun aurait menée avant le retour du Christ.

Une telle vision du monde a séduit l’imaginaire de nos aînés. Elle a duré des millénaires d’années. Les chrétiens parlaient d’une seconde venue de Jésus tout en donnant des preuves que Dieu aurait prévues pour nous. Ils présentaient des possibles menaces qui adviendraient par surprise. Dieu viendrait et ferait irruption dans ce monde temporel pour achever son éon et pour inaugurer une nouvelle ère comme le kairos de toute chose. Des récompenses et des châtiments seraient attribués à chacun conformément à sa conduite. Cet imaginaire religieux traditionnel, ancien et, sans nul doute, caduque. Il s’épuise et disparaît avec les générations plus âgées. Elle s’efface et perd sa vivacité. Sa plausibilité dans les générations moyennement jeunes est réduite. Elle est presque totalement rejetée par les générations plus jeunes et assez savantes. C’est une conception qui n’est plus en vogue. La transmission de ce genre de foi fait donc problème. Nous devons donc découvrir une proclamation aisée et heureuse.

Le nouvel imaginaire ou la nouvelle vision du monde que beaucoup d’entre nous avons acquis regorge les données et les épreuves qui nous interdisent de concevoir la réalité d’une manière « anthropocentrique » et « anthropomorphique. » Sur la base d’une nouvelle cosmologie et l’ensemble des autres sciences, nous constatons qu’il n’est plus aisé de penser que tout consiste et tout se résume en un plan que Dieu aurait élaboré enfin de prouver l’être humain. L’être humain n’admet plus une spiritualité qui lui dit qu’il est le centre du cosmos. D’aucuns savons désormais que le cosmos n’a pas été créé pour constituer un terrain d’un drame qui conduirait au salut ou à la condamnation. Il est également inadmissible ou inapproprié que le mystère si respectable de l’au-delà soit associé à une menace de possibles punitions ou à une supposée promesse d’une quelconque récompense. Mais alors, est-il possible d’être chrétien sans croire en ces images qui aujourd’hui n’entrent pas aisément dans notre vision du monde ?

La réponse est certes affirmative. Toutefois, cette affirmation serait effective si nous acceptons de payer le prix d’une soigneuse purification de notre espérance et, plus largement, si nous disposons à opérer une rectification de notre vision religieuse du monde. Nous devons dépasser des images qui appartiennent à une époque révolue et qui qui n’est plus la nôtre. En réalité, ce qui compte dans un tel processus, c’est la révision du contenu profond de notre expérience spirituelle, entreprendre une révision de la dimension de notre espérance pour la placer au-delà et au-deçà des catégories gnoséologiques, des schémas mentaux, des visions du monde apocalyptiques et des figures d’une conception du temps que nos ancêtres utilisaient pour rendre compte de leur foi.

Il s’agit de reconnaitre que le christianisme, tout au long de sa longue et millénaire histoire, a déjà abandonné de nombreux paradigmes qui étaient courantes à une époque et qui, plus tard, devenaient obscurcies, inadéquats et, par conséquent, inacceptables. Certaines explications qui paraissaient rationnelles et plausibles, aujourd’hui on aurait honte de les évoquer publiquement. Par exemple, pendant de nombreux siècles, la prédominance de la pensée statique, l’hypothèse de l’historicité et l’ignorance de la nature évolutive de tout, nous ont fait penser que nous ne pouvons rien changer, que nous devons croire à la lettre ce que nos aînés ont exprimé, sans rien questionner. L’on nous invitait à revivre notre propre expérience profonde mais avec une liberté limitée et une créativité réservée. Puisque rien ne devait pas être innové. Par ailleurs, n’est pas que l’histoire est là pour prouver le contraire envers celles et ceux qui savent et veulent le voir ? Le présent ne nous nous enseigne-t-il pas qu’il y en a déjà beaucoup, parmi nos contemporains qui, en chrétiens convaincus, croient le contraire.

La péricope de l’Évangile de Matthieu que nous lisons aujourd’hui présente le « test messianique. » Jean-Baptiste, à partir de sa prison envoie des émissaires pour demander à Jésus s’il est celui qu’on attendait. Il veut savoir s’il est vraiment celui-là pour qui il était envoyé pour préparer les chemins. Il veut savoir s’il devrait en attendre un autre. Jésus ne répond pas par des preuves théologiques. Non plus il ne fait pas un recourt à des citations bibliquement, apologétiques. Il ne fait pas appel à des dogmes ou à des doctrines. Il renvoie tout simplement ses interlocuteurs aux faits purs. Il les invite à se référer aux phénomènes qu’ils peuvent, eux-mêmes, voir, entendre, toucher et vérifier pour se rendre compte de leur fiabilité : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifies, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres… »

Ces « faits » concrets sont des éléments pour confirmer la bonne nouvelle. Ils sont la preuve de l’époque messianique. Aussi sont-ils et doivent-ils être, la preuve visible, lisible et vérifiable de l’identité de ceux qui suivent le Messie. Appartenir à Xristos, c’est-à-dire être « chrétiens », signifie que notre vie produit ces mêmes faits qui caractérise la présence de Dieu parmi nous. Un Dieu qui agit à travers nous pour que nous soyons la bonne nouvelle pour les pauvres. De cette manier et uniquement de cette façon-là, nous serons des disciples du Messie. Nous sommes des Xristos, c’est-à-dire des chrétiens qui témoignons la joie du Christ parmi les siens. Ce message de l’Évangile a traversé les siècles : la joie a été donnée. Elle appartient à l’humanité qui sait l’accueillir. Elle n’est pas le fruit d’un effort ou d’une sagesse humaine. Elle est gratuite. La joie est au-dedans de nous. Il faut simplement le reconnaître. Réjouissons-nous donc dans le Seigneur, parce qu’il est avec nous, tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Tout compte fait frères et sœurs, au cours des deux premières semaines du temps de l’Avent, l’Eglise nous invitait à faire mémoire du peuple d’Israël et de sa persévérance dans l’espérance envers la venue du Messie. Ce Messie promis par les prophètes devait être un Roi de justice et de paix. Avec Lui, le peuple d’Israël saurait enfin s’accorder pleinement avec Dieu dans la fidélité à l’alliance qui lui a été offerte. Il retrouverait alors son éminente dignité, la fierté de son élection et la gloire que lui assurerait le témoignage rendu à Dieu au milieu des nations.
Dès le premier dimanche de l’Avent, nous nous tournons vers le Christ qui est, pour nous, le Messie tant attendu par Israël. Nous rappelons sa venue parmi nous et sa présence au cœur de notre monde depuis sa naissance dans la nuit de Bethléem jusqu’à sa mort sur la Croix au calvaire. Invités à nous tourner vers l’avenir nous sommes certes en attente de son ultime retour, tout en sachant qu’il est parmi nous. Notre espérance est celle de la manifestation plénière de sa gloire que tous les peuples pourront reconnaître pour que s’accomplisse la promesse d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle. Des réalités que nous nous devons incarner partout où nous sommes par nos vies croyantes. Par le Christ, avec Lui et en Lui, Dieu s’est fait tout en tous.

Laissons qu’en ce troisième dimanche de l’Avent, le dimanche de « Gaudete », notre joie retentisse. Réjouissons dans le Seigneur. La source de cette joie nous est révélée dans le chant de la deuxième préface de l’Avent. Il n’est plus seulement question de deux venues du Seigneur, mais de trois : « Notre Seigneur est celui que tous les prophètes avaient chanté, celui que la Vierge attendait avec amour, celui dont Jean-Baptiste a proclamé la venue et révélé la présence au milieu des hommes. C’est lui qui nous donne la joie d’entrer dans le Mystère de Noël, pour qu’il nous trouve quand il viendra vigilant dans la prière et rempli d’allégresse ».
Non seulement le Christ est venu ! Non seulement le Christ viendra dans sa gloire ; mais dès maintenant il vient. Il est présent ! Il est là ! Il est parmi nous. La liturgie de Noël n’est pas que le souvenir de la venue de Jésus à Bethléem, elle est un mémorial qui réactualise pour nous cette venue. Elle nous la rend sacramentellement présente si nous la célébrons dans la foi en Dieu qui est, qui était et qui vient.
Le Christ nous offre d’entrer dans le Mystère de Noël parce qu’il répond déjà à notre attente. Dans une joyeuse et persévérante vigilance jusqu’à sa pleine manifestation, soyons dans la joie. Comme il nous l’a promis, le Seigneur est avec nous. La prophétie d’Isaïe s’accomplit toujours que nous sommes joyeux. Prenons courage de construire joyeusement le Royaume de Dieu. Croyons en ce Dieu du Royaume pour être joyeux.

Prière scripturaire

C’est toi Seigneur notre joie. Père très bon, alors que nous nous approchons de la célébration de la fête de Noël, nous te demandons d’augmenter notre espoir, afin que nous n’oubliions jamais de fournir les efforts visant à construire un monde dans lequel l’amour est possible. Ta mystérieuse présence au dedans de nous et parmi nous fait germer en nous et au tour de nous la joie de vivre. Que cette joie soit préservée contre les assauts du temps et de l’espace. Que rien n’arrive pas à dissoudre la joie que tu nous donnes. Nous nous abandonnons à ta puissante agissante et ta présence qui réjouit notre cœur. Nous te rendons grâce parce que tu nous conduits à l’être. Tu nous gardes dans ta joie. Nous croyons fermement qu’un jour tu nous embrasseras pleinement jusqu’à ce que nous nous absorbions dans le sein de la sainte et joyeuse Trinite. Cette allégresse de nous maintenir éternellement unis à Toi nous consume. Nous sommes joyeux, parce que tous que nous t’avons demandé nous croyons que nous l’avons déjà obtenu ; étant donné que nous l’avons sollicité par Jésus de Nazareth, ton Fils et notre Grand-Frère, dont nous nous préparons à célébrer sa naissance à Bethlehem. Mère du verbe de Kibeho : prie pour nous. Amen.

Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc