Dimanche, 30-10-22

30.Dim. – Vr– TRENTE ET UNIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, P dominicale. 1ère Lecture : Sg 11, 23 – 12, 2 ; Ps 145 (144), 1-2, 8-9, 1011, 13cd-14 ; 2ème Lecture:2Th1,11–2,2 ; Évangile : Lc 19, 1-10. Homélie donnée par l’Abbé Longin Nduwayezu, prêtre de Cyangugu.

PREMIERE LECTURE – livre de la Sagesse 11,22 – 12 ,2
11, 22 Seigneur, le monde entier est devant toi
comme un rien sur la balance,
comme la goutte de rosée matinale
qui descend sur la terre.
23 Pourtant, tu as pitié de tous les hommes,
parce que tu peux tout.
Tu fermes les yeux sur leurs péchés,
pour qu’ils se convertissent.
24 Tu aimes en effet tout ce qui existe,
tu n’as de répulsion envers aucune de tes oeuvres ;
si tu avais haï quoi que ce soit,
tu ne l’aurais pas créé.
25 Comment aurait-il subsisté,
si tu ne l’avais pas voulu ?
Comment serait-il resté vivant,
si tu ne l’avais pas appelé ?
26 En fait, tu épargnes tous les êtres,
parce qu’ils sont à toi,
Maître qui aimes les vivants,
12, 1 toi dont le souffle impérissable les anime tous.
2 Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu,
tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent,
pour qu’ils se détournent du mal,
et croient en toi, Seigneur.

PSAUME – 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14

1 Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
2 Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais !

8 Le SEIGNEUR est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
9 la bonté du SEIGNEUR est pour tous,
sa tendresse pour toutes ses oeuvres.

10 Que tes oeuvres, SEIGNEUR, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
11 Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

13 Le SEIGNEUR est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
14 Le SEIGNEUR soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

DEUXIEME LECTURE – deuxième lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens 1, 11 – 2, 2

Frères,
1, 11 nous prions pour vous à tout moment,
afin que notre Dieu vous trouve dignes
de l’appel qu’il vous a adressé ;
par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir
tout le bien que vous désirez,
et qu’il rende active votre foi.
12 Ainsi, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous,
et vous en lui,
selon la grâce de notre Dieu
et du Seigneur Jésus Christ.
2, 1 Frères, nous avons une demande à vous faire
à propos de la venue de notre Seigneur Jésus Christ
et de notre rassemblement auprès de lui :
2 si l’on nous attribue une inspiration,
une parole ou une lettre
prétendant que le jour du Seigneur est arrivé,
n’allez pas aussitôt perdre la tête,
ne vous laissez pas effrayer.

EVANGILE – selon Saint Luc 19, 1-10

En ce temps-là,
1 entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
2 Or il y avait un homme du nom de Zachée ;
il était le chef des collecteurs d’impôts,
et c’était quelqu’un de riche.
3 Il cherchait à voir qui était Jésus,
mais il ne le pouvait pas à cause de la foule,
car il était de petite taille.
4 Il courut donc en avant
et grimpa sur un sycomore
pour voir Jésus qui allait passer par là.
5 Arrivé à cet endroit,
Jésus leva les yeux et lui dit :
« Zachée, descends vite :
aujourd’hui il faut que j’aille demeurer ta maison. »
6 Vite, il descendit,
et reçut Jésus avec joie.
7 Voyant cela, tous récriminaient :
« Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
8 Zachée, debout, s’adressa au Seigneur :
« Voici, Seigneur :
je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens,
et si j’ai fait du tort à quelqu’un,
je vais lui rendre quatre fois plus. »
9 Alors Jésus dit à son sujet :
« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison,
car lui aussi est un fils d’Abraham.
10 En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver
ce qui était perdu. »

MEDITATION

« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent a la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres »

Frères et Sœurs dans le Christ,

La Parole de Dieu que nous méditons en ce 31ème dimanche nous introduit dans le cœur de Dieu : un cœur plein d’amour, de tendresse et de pitié pour nous. La première lecture, en effet, est une prière de louange à l’amour de Dieu qui a créé toutes choses et les maintient en vie. Mais par-dessus tout, l’auteur du livre de la Sagesse loue Dieu parce qu’il prend en pitié l’homme et le relève du péché : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent... Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pêchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur » (Sg 11,...).
Cet amour plein de patience de la part de Dieu pour l’homme pécheur s’appelle miséricorde. Partant de son étymologie du latin miseria=misère, et cor (cordis)=cœur, nous pouvons dire que la miséricorde est l’amour qui jaillit du cœur de Dieu qui se penche sur la misère de l’homme, surtout la misère du péché.
Voilà donc l’amour que nous sommes invités à contempler en ce dimanche : en renouvelant notre confiance en Dieu qui nous aime tous sans acception de personne et nous donne la chance de nous convertir à son amour chaque fois que nous nous en détournons. « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant et non pas plutôt a ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? Je ne prends plaisir à la mort de personne : convertissez-vous, et vous vivrez », lisons-nous dans un autre passage de l’Écriture (Ez 18, 23.32).
Dans le passage de l’Évangile, Jésus se présente à nous comme celui en qui s’incarne cet amour-miséricorde de Dieu : il est celui qui est venu à chercher et à sauver les pécheurs pour les ramener vers Dieu. Mais comme nous le voyons dans l’Évangile, il y a deux attitudes possibles en face de cet amour. La première est celle de pointer du doigt les autres, en se croyant juste et sans péchés, jusqu’à condamner les autres. C’est l’attitude de ceux qui s’indignent contre Jésus : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
Cette tentation peut nous atteindre, nous aussi aujourd’hui : condamner les autres comme pécheurs, mais en oubliant de nous interroger sur notre relation personnelle avec Dieu, avec Jésus. Cette page de l’Évangile nous invite à accueillir sa lumière pour reconnaître notre péché, y renoncer par la pénitence et redécouvrir le chemin de retour vers Dieu. Il s’agit d’un appel plus que jamais pressant à notre temps où nous vivons dans un monde dans lequel "la conscience du péché s’est considérablement affaiblie", comme le remarque le Pape Jean-Paul II et bien avant lui son prédécesseur Pie XII qui affirmait : "Le plus grand péché actuel c’est que les hommes ont commencé à perdre le sens du péché". Oui, comme chrétiens nous avons besoin de reconnaître et haïr le mal du péché qui consiste en "un manquement à l’amour véritable envers Dieu et envers le prochain à cause d’un attachement pervers à certains biens" (Catéchisme de l’Église Catholique, 1849).
Pour redécouvrir le sens du péché et le besoin du pardon de Dieu, fixons le regard sur la seconde attitude, celle de Zachée. L’Évangile nous dit que Zachée était le chef des collecteurs d’impôts, qu’il était riche mais petit de taille. Au temps de Jésus, les collecteurs d’impôts, appelés aussi "publicains", étaient considérés comme des pécheurs notoires, des pécheurs publics. C’est pour cela qu’on peut comprendre l’indignation des contemporains de Jésus : "il est allé loger chez un pécheur". Malgré tout Zachée sent en lui un désir de voir Jésus dont il avait peut-être entendu parler.
La petitesse physique de Zachée qui l’empêche de voir Jésus peut représenter la "petitesse spirituelle" de notre coeur qui de fois nous empêche à nous aussi de voir Jésus dans notre vie, dans sa parole, dans le visage de l’autre, surtout du plus petit, du plus pauvre et des plus sans-défense. Mais le coeur ouvert de Jésus est plus grand que notre petitesse, c’est pourquoi il voit de loin Zachée et l’appelle en son nom pour lui demander de descendre et de l’accueillir chez lui.

Pourrions-nous aujourd’hui revivre l’expérience de l’amour de Dieu qui connait chacun par son nom et établit avec nous une relation d’intimité ! Pourrions-nous contempler ce coeur de Dieu plein d’amour avec un effort de conversion comme celui de Zachée : « Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus » ! La rencontre avec Jésus ne laisse pas Zachée indifférent, bien au contraire elle provoque en lui une décision radicale de se convertir en se détachant des biens pour venir en aide aux nécessiteux et rendre justice à ceux dont il a détourné les biens. Ce sur quoi Jésus déclare : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Nous aussi, en ce dimanche nous avons la chance de rencontrer Jésus dans sa Parole et dans son Eucharistie. Que nous inspire l’attitude de Zachée et sa promptitude à accueillir le salut de Dieu ?
Abbé Longin Nduwayezu, prêtre de Cyangugu