Dimanche, 11-09-22

11. Dim. –Vr – VINGT-QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, Préf. dominicale. 1ère Lecture : Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps51(50), 3-4, 12-13, 17.19  ; 2ème Lecture : 1 Tm 1, 12-17 ; Évangile : Lc 15, 1-32 (brève : 15, 1-10). Méditation donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc

PREMIERE LECTURE - livre de l’Exode 32, 7...14

En ces jours-là,
7 le SEIGNEUR parla à Moïse :
« Va, descends,
car ton peuple s’est corrompu,
lui que tu as fait monter du pays d’Égypte.
8 Ils n’auront pas mis longtemps
à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre !
Ils se sont fait un veau en métal fondu
et se sont prosternés devant lui.
Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant :
‘Israël, voici tes dieux,
qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.’ »

9 Le SEIGNEUR dit encore à Moïse :
« Je vois que ce peuple
est un peuple à la nuque raide.
10 Maintenant, laisse-moi faire ;
ma colère va s’enflammer contre eux
et je vais les exterminer !
Mais, de toi, je ferai une grande nation. »
11 Moïse apaisa le visage du SEIGNEUR son Dieu
en disant :
« Pourquoi, SEIGNEUR,
ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple,
que tu as fait sortir du pays d’Égypte
par ta grande force et ta main puissante ?
13 Souviens-toi de tes serviteurs,
Abraham, Isaac et Israël,
à qui tu as juré par toi-même :
‘Je multiplierai votre descendance
comme les étoiles du ciel ;
je donnerai, comme je l’ai dit,
tout ce pays à vos descendants,
et il sera pour toujours leur héritage.’ »
14 Le SEIGNEUR renonça
au mal qu’il avait voulu faire à son peuple.

PSAUME - 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19

3 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
4 Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
13 Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

17 Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

DEUXIEME LECTURE - première lettre de Saint Paul à Timothée 1, 12-17

Bien-aimé,
12 je suis plein de gratitude
envers celui qui me donne la force,
le Christ Jésus notre Seigneur,
car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère,
13 moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent.
Mais il m’a été fait miséricorde,
car j’avais agi par ignorance,
n’ayant pas encore la foi ;
14 la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante,
avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.
15 Voici une parole digne de foi,
et qui mérite d’être accueillie sans réserve :
le Christ Jésus est venu dans le monde
pour sauver les pécheurs ;
et moi, je suis le premier des pécheurs.
16 Mais s’il m’a été fait miséricorde,
c’est afin qu’en moi le premier,
le Christ Jésus montre toute sa patience,
pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui,
en vue de la vie éternelle.
17 Au roi des siècles,
au Dieu immortel, invisible et unique,
honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen.

EVANGILE - selon Saint Luc 15, 1-32

En ce temps-là,
1 les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
2 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
3 Alors Jésus leur dit cette parabole :
4 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,
n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert
pour aller chercher celle qui est perdue,
jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
5 Quand il l’a retrouvée,
il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
6 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé ma brebis,
celle qui était perdue !’
7 Je vous le dis :
C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes
qui n’ont pas besoin de conversion.
8 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une,
ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,
et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
9 Quand elle l’a retrouvée,
elle rassemble ses amies et ses voisines
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’
10 Ainsi je vous le dis :
Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se convertit. »
11 Jésus dit encore :
« Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père :
‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’
Et le père leur partagea ses biens.
13 Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
14 Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
17 Alors il rentra en lui-même et se dit :
‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’
20 Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
21 Le fils lui dit :
‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’
22 Mais le père dit à ses serviteurs :
‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
23 allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
24 car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.’
Et ils commencèrent à festoyer.
25 Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
26 Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
27 Celui-ci répondit :
‘Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
28 Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
29 Mais il répliqua à son père :
‘Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
31 Le père répondit :
‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
32 Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé ! »

Commentaire et méditation
Les lectures de ce dimanche nous proposent un message de grande joie et de paix. Dieu est jours à la recherche des pécheurs que nous sommes. Aussi est-il éperdument heureux de nous retrouver. Il nous accueille et nous embrasse. Pour ce faire, commençons le commentaire et la méditation de ce dimanche par un simple examen de conscience. Combien de fois ne pouvons-nous pas faire la même chose les uns pour les autres ? Combien de fois pardonnons-nous tous ceux qui nous offensent souvent ? Est-ce qu’il n’est pas difficile pour nous d’entrer dans la dynamique de la miséricorde ? Lorsque nous pardons, est-ce que nous le faisons à contrecœur ou avec joie ? Avez-nous le courage de faire le premier pas vers la réconciliation ou attendez-vous que l’autre personne, courbée et d’une façon honteuse, vienne vers nous pour nous demander le pardon ? Qu’est-ce que nous apprenons à travers les trois paraboles que nous propose l’évangile d’aujourd’hui ? Est-ce que nous nous considérons comme le pasteur qui a perdu sa brebis et s’acharne pour le chercher jusqu’à ce qu’il retrouve ? Ou nous sommes comme cette brebis galeuse ? Sommes-nous comme cette femme qui cherche sa pièce d’argent et quand elle la trouve organise une fête qui coutera plus que la pièce retrouve ? Ou sommes-nous comme cette monnaie qui disparait de temps à autre du porte-monnaie de son propriétaire ? Notre modelé serait-il le père prodigue ? Qu’est-ce que nous trouvons en nous qui ressemble aux attitudes du fils ainé ? Qu’est-ce que le fils-cadet nous inspire ?
Comme pour nous aider à approfondir notre examen de conscience, les textes de la liturgie d’aujourd’hui nous présentent un large éventail de thèmes, parmi lesquels nous pouvons choisir un ou plusieurs pour notre méditation. Dans le contexte particulier du Rwanda, J’ose nous proposer l’icône du Père miséricordieux et prodigue.
Pour sa grande compassion envers nous, le Père-Miséricordieux nous interdit de nous fabrique les idoles. La première lecture (Ex 32, 7-11. 13-14) nous dit qu’avant que Moïse ne quitte la montagne, où il a séjourné durant 40 jours et 40 nuits, pour qu’il puisse recevoir les commandements que Dieu donne à son peuple, le Seigneur avertit son prophète de la fabrication du veau d’or. Il n’a pas fallu longtemps à Israël pour se détourner des chemins de Dieu !
L’extrait que nous lisons ce dimanche nous montre comment Moïse intercède en faveur du peuple. L’auteur ajoute que la colère de Dieu l’incline à vouloir se débarrasser de son peuple et à recommencer l’aventure de l’élection avec Moïse : « je ferai de toi une grande nation. » Cependant, Moïse négocie pied à pied avec Dieu. Quel sens cela aurait-il d’avoir fait tout cela (les plaies d’Égypte, le passage de la mer Rouge…) si c’est pour en arriver à ruiner le peuple dans le désert ? Tout le monde se moquera de Dieu ! Mais l’élément le plus fort que Moïse met en avant pour intercéder en faveur du peuple, c’est la délité de Dieu : Le Seigneur a promis à Abraham et cette délité l’oblige au-delà du péché du peuple. C’est donc la prodigalité de Dieu qui fait que des peuples pécheurs, comme nous, nous continuons d’exister.
Pour nous associer à l’intercession de Moïse, la liturgie nous offre le psaume responsorial 50. Une confession de David que nous empruntons pour confesser, nous aussi, nos péchés devant Dieu. C’est par un acte créateur renouvelé que Dieu restaurera la délité du pénitent. Toutefois, le psalmiste prononce une phrase qu’aujourd’hui nous pouvons interpréter d’une manière erronée. « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. » Dieu pourrait-il son trouver plaisir dans la souffrance de ses enfants ? Autrement dit Dieu le Père serait-il l’auteur de la mort de son fils ?
Le cœur brisé et broyé que nous demandons ce dimanche évoque le cœur de chair. C’est-à-dire un cœur qui n’est pas endurcie, pétrifié, insensible, indifférent, sclérosé. La deuxième lecture (1 Tim 1, 12-17) rassemble un ensemble de consignes que l’apôtre Paul veut léguer à son disciple. A travers ce testament, Paul fait mémoire de son propre itinéraire. Lui qui persécuta l’Église, lui qui maintenant est apôtre de Jésus ressuscité, est ainsi le témoin vivant de la miséricorde de Dieu à l’égard des pêcheurs. Ainsi, c’est toute la lettre qui est mise à l’aune de cette expérience. Néanmoins, Paul ne tire aucune fierté de la violence qu’il exerça par le passé. Il la confesse humblement afin que l’on sache que ce qu’il est devenu est bien le fruit de l’œuvre de Dieu en lui. L’esprit abattu et le cœur brise nous aideraient à reconnaitre qu’en réalité, une fois devenus chrétiens, nous avons accepté que le Christ vit en nous. « Ce n’est pas moi qui vis, Christ vit en moi » (Ga 2, 20).
Si nous acceptons que le Christ vit en nous la compréhension et l’application pratique des trois paraboles que nous propose l’évangile de ce dimanche (Lc 15, 1-31) serait facile. En effet, l’évangile d’aujourd’hui regroupe les trois « paraboles de la Miséricorde » de Dieu :
1.Le pasteur qui perd sa brebis. Puis la cherche en laissant 99 autres. Et se sente joyeux quand il la trouve.
2.La femme qui perd sa drachme. Puis met son temps pour la recherche et une fois qu’elle la retrouve dépense pour faire la fête.
3.Le Père miséricordieux et ses deux fils coralliens.
Ces trois paraboles trouvent leur aboutissement dans la troisième. Cette dernière a reçu le titre traditionnel de la « Parabole du fils ». Le contexte de ces trois paraboles est celui-ci : Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. L’accueil qui leur était réservé par Jésus était l’objet de récriminations. C’était des gens qui se croyaient justes et recommandables qui étaient scandalisés par Jésus. Les pharisiens et les scribes reprochaient au maître de Galilée de faire bon accueil aux pecheurs et de manger avec eux : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Ce contexte nous oblige à nous poser de sérieuses questions : Est-ce que nous ne sommes-nous pas comme ces pharisiens et scribes qui ne voient le péché que chez les autres ? Savons-nous et acceptons-nous qu’aucune personne, pécheresse soit-elle, n’est jamais « abandonné » par Dieu, ni définitivement « perdu » pour Jésus ? Sommes-nous conscients que toutes les personnes sont « recherchées » continuellement par quelqu’un qui les aime ? Sommes-nous d’accord avec Jésus qui déclare que Lui, « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ? » (Jean 3:17).
Avec des gestes et des paroles, Jésus exprime sa prédilection pour les personnes qui, à son époque, étaient considérées comme "perdues" à cause du leur statut social, situation de sante, conditions laborales, le genre et/ou l’âge. La proximité et l’affection manifestées à l’égard des marginalisés ont été sévèrement critiquées par ceux qui s’érigent en garants de la foi, de la religion et de la politique. Jésus explique donc sa façon de procéder en nous faisant savoir ce qu’il a appris de son Père. Ses paroles nous aident à comprendre que sa vie est le reflet du cœur de Dieu.
Voilà pourquoi nous l’avons signalé que la méditation d’aujourd’hui va mettre l’accent sur l’icône du Père miséricordieux et prodigue. Nous verrons que le père de l’Evangile se comporte comme beaucoup de mères en faveur de leurs enfants. La parabole du "père qui avait deux fils" révèle Dieu comme un Père qui manifeste a ses enfants un amour tendre. Compassion, miséricorde et tendresse sont ses traits les plus caractéristiques.
L’histoire nous fait savoir que Dieu aime ses enfants, qu’il les accompagne dans leurs décisions. Même si quelques fois les décisions erronées peuvent être cause des souffre et des malheurs, Dieu est toujours prêt à embrasser, à consoler, à festoyer… Le Seigneur attend avec impatience et anxiété le retour de ses enfants égarés dans les idolâtries variées. Le père est effusif dans ses démonstrations d’affection. Il célèbre avec joie le moment des retrouvailles.
Qu’est-ce que les auditeurs directs de parabole auraient dû ressentir en entendant ces paroles ? Qu’ont-ils dû ressentir en entendant que Dieu était heureux de retrouver les pécheurs, si longtemps exclus de la table fraternelle et familiale ? À quels personnages de la parabole ont-ils dû s’identifier ? Qu’ont-ils dû penser ? Était-il possible que Dieu agisse ainsi avec tout le monde ? Était-il nécessaire de révéler les reproches et l’amertume de ceux qui pensaient connaître Dieu, mais qui se rendaient compte qu’ils avaient eux aussi commis des erreurs à leur manière ?
Nous qui avons appris l’habitude d’appeler la troisième parabole de l’évangile d’aujourd’hui « la parabole du fils prodigue », pensons-nous désormais qu’en réalité le principal protagoniste n’est pas les enfants, mais bel et bien le Père ? Allons-nous accepte de nous identifier a lui qui est plein de miséricorde, et qui, par-dessus tout, se montre prodigue ?

Cette parabole nous renvoie également à l’icône de l’amour que de nombreuses mères portent à l’égard de leurs enfants, surtout lorsqu’ils ont des problèmes ou des difficultés. Parce que, surtout dans notre continent africain en général, dans la région des Grand-Lacs d’Afrique et au Rwanda en particulier, beaucoup de foyers sont dirigés par les mères. Les papas sont morts ! Ils sont en prison ! Ou ils sont envoyés à faire des absurdes guerres. Les pères ne sont donc pas présents pour attendre patiemment les enfants qui reviennent de l’école renvoyés parce qu’ils n’ont pu payer le minerval ! Le Père est absent quand son enfant a besoin de lui dans les différentes situations.
Pensons surtout à ces femmes souffrantes de notre peuple qui luttent pour sortir leurs enfants du piège des démagogies qui humilient les uns, trompent les autres. Dans notre région certaines attitudes enveniment et intoxique l’avenir de jeunes générations. La délinquance ne rencontre pas des politiques qui assureraient un possible issu. Combien de douleur dans le cœur des mères qui assument d’une façon impuissante ces situations angoissantes ? Combien sont des incompréhensions à leur égard de la part des autres membres de la société qui, pour une raison ou pour une autre, ne comprennent pas l’affection que ces vaillantes mamans portent à l’égard de leurs enfants ! Et que de joie lorsqu’elles ces mères voient leurs enfants réussir même de petites choses, comme terminer l’école primaire ? Combien une maman se mettrait à festoyer en voyant que son fils ou sa fille se remet sur le droit chemin, se rétablit, sort de la mort ? Avec quel amour nos mères prennent soin de nous et nous soutiennent, même dans les pires moments ?
Cet évangile nous offre une occasion de penser également aux mères et aux pères qui ne se lassent pas de chercher et de demander le retour de leurs enfants disparus, victimes de violences… Avec la liturgie de ce dimanche n’ayons pas peur de nous demander sincèrement : serait-il un seul qui est perdu ; ou bien tous les 99 sont partis il nous reste un seul ? Dans l’Eglise avons-nous les 99 de ceux qui ont été baptises dans nos paroisse ?
Jésus parle de la perte d’une brebis et dit que la chose normale à faire est de laisser les 99 autres qui sont pour le moment dans la bergerie et de partir à la recherche de celle qui s’est égarée. Mais il y a des situations où les chiffres semblent être inversés : près de 99 personnes se sont égarées, et il n’en reste que quelques-unes dans la bergerie. C’est ce que la réalité qui, parfois semble à une fiction, suggérer.
Aujourd’hui sous certaines latitudes ecclésiales, par exemple en Europe du Nord et en Amérique, les églises sont désertes. Là-bas, en de nombreux endroits, les chrétiens sont déconcertés. Ils ont le sentiment qu’une vague croissante de matérialisme s’abat sur eux. Les vielles utopies sont mortes. Une politique de monétarisme et de réalisme s’impose à tous les niveaux. La société semble se séculariser à pas de géant. Le bateau de Pierre semble basculer ? Beaucoup sont partis. Ils les ont vus partir. Avec tristesse et résignation une ou deux sont restés. D’autres n’entrent pas dans la bergerie. Le panorama ne leur plaît pas. Il reste quelques-uns qui, repliés sur eux-mêmes, se consacrent à sauver et à préserver ce qui leur reste. Tant de choses ont été perdues. Il semble que les quatre-vingt-dix-neuf brebis soient effectivement parties. Il n’en reste que quelques-uns, à la garde desquels nous devons nous consacrer entièrement.
Comme nous sommes en période « d’une Église en sortie », pour certains il est évident que l’argument de la préservation des vestiges n’est pas valable pour justifier pourquoi nous ne sortons pas dans la rue pour aller à la rencontre des 99 qui ne veulent plus venir à l’église. Mais il ne sera pas non plus très utile de sortir à la recherche de ces 99, pour leur présenter à nouveau la même chose, précisément ce dont ils ont voulu s’éloigner. L’affaire est plus complexe aujourd’hui : car lorsqu’on a affaire à un phénomène aussi massif qu’en Europe du Nord et en Amérique, on ne peut plus accuser la sécularisation.....
D’ailleurs, nous ne pouvons pas maudire la réalité sociologique : le monde moderne est séculier. Il ne peut en être autrement. Probablement ce que nous devrions avoir dans notre conscience ecclésiale et pastorale, c’est une version du christianisme pour le monde séculier. Nous ne devons donc pas demander aux 99 de retourner au bercail. Nous ne devons pas leur proposer une culture sacrée, prpre a un christianisme dont ils ont depuis longtemps ressenti le besoin de se libérer.
En Amérique latine, en Afrique, et en Asie nous ne sommes pas encore dans cette situation. Toutefois, dans un monde globalisé, les observateurs socioreligieux insistent sur le fait que nous allons également dans cette direction. Que personne ne pense qu’au Rwanda cela est différente. En fait, ceux qui accompagnent les églises qui sont en ville savent déjà que ces symptômes des chiffres sont clairs. Est-ce que plusieurs personnes ne vont pas au sport plutôt que d’aller à la messe ? Que signifient les dix commandements de Dieu aujourd’hui ?
La première lecture nous a présenté le thème des dix commandements... Dieu les aurait donnés à Moïse pour le peuple d’Israël, puis pour les chrétiens, et intentionnellement pour toute l’humanité. Ils seraient le fondement de la moralité. Sans eux, nous ne saurions pas comment nous comporter moralement. Avant eux, notre espèce particulière a à elle seule 200 000 ans, mais les commandements du mont Sinaï ne pouvaient en tout état de cause pas être antérieurs à 3 200 ans. Est-ce que nous avons pu être dans un état d’immoralité, quasiment animale ?
Il ne fait aucun doute que les 10 commandements ont joué un rôle très important dans la culture judéo-chrétienne. Par ailleurs, nous sommes obligés de reconnaitre que dans des autres cultures, religions et traditions, existent des autres formulations morales qui ont également joué un rôle important. Aujourd’hui encore, pour de nombreux chrétiens, les dix commandements constituent la référence morale explicite de la volonté de Dieu. Toutefois, il ne fait aucun doute, qu’il y a déjà beaucoup de gens instruits, studieux. Ils connaissent l’histoire l’archéologie, la psychologie et savent bien l’origine du décalogue. La grande majorité de ces personnes, au moins 99, se sentent mal-à-l’aise, surtout lorsqu’ils vont à la messe et entendent ces textes commentés comme s’il s’agissait des récits fiables. Ils ne savent pas comment nous les proposons ces propos pour eux infantiles en leur présentent les interprétations de ces textes comme étant des révélations purement et simplement divine. Ils veulent comprendre pourquoi nous prenons ces documents antiques comme des communications qui auraient eu lieu au Sinaï, entre Moïse e Dieu. Par conséquent, quelques fois, sans le dire, ils se moquent de nous. Lorsque nous voulons les faire croire que seuls ces textes seraient encore aujourd’hui le seul et unique fondement de la morale humaine.... Ce malaise a, peut-être, provoqué que beaucoup, à peu près, 99 brebis désertent le bercail.
Puissions-nous vivre notre moralité et notre religiosité d’une manière consciente et responsable. De même que Dieu ne se contente pas d’attendre le retour du pêcheur, puisse notre mère l’Église laisser des attitudes de la mauvaise marâtre pour sortir à la recherche des brebis galeuse ! Puisse-t-elle festoyer sans aucune condition préalable quand un de ses fils ou fille reviennent a la maison paternelle ? Les pasteurs seraient-ils capable de sortir pour inviter également les aînées qui ne veulent pas entrer ? Comme le disait St Jean Marie Vianney avant de rendre son dernier souffle, puissions-nous tous croire « Que Dieu est bon ! Quand on ne veut pas aller à lui, c’est lui qui vient vers nous ! »

Prière scripturaire
Oh Dios, Pere miséricordieux,
Tu es plein de patience :
Tu ressens une joie immense
En pardonnant au pécheur qui revient vers ta miséricorde.
A cause de ta miséricorde tu as accepté que ton Fils soit le reflet de ton amour préférentiel pour les-laisser-pour-compte.
Père, tu nous pardonnes
Tu regardes notre misère avec miséricorde.
Tu oublies nos offenses et tu nous pardonnes.
Aide nous pour que nous soyons toujours prêts
De pardonner du fond du cœur, sans regret.
Donne-nous la grâce d’accueillir tous ceux qui nous ont offensés.
Puissions-nous être des personnes
Qui savent comment pardonner et aussi comment accepter le pardon.
Avec l’humilité et la bonté que Jésus-Christ vous a montrées.
Mère du Verbe de Kibeho enseigne-nous comment nous pouvons ressembler au Père miséricordieux. Amen.

Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc