Dimanche, 10-07-22

10. Dim – Vr -QUINZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, P Dominicale. 1ère Lecture : Dt 30, 10-14 ; Ps69 (68), 14, 17,30-31, 33-34,36ab-37 ou bien : 18B, 8, 9, 10, 11 ; 2ème Lecture : Col 1, 15-20 ; Évangile : Lc 10, 25-37. Méditation donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.

Première lecture (Dt 30, 10-14)
La loi de Dieu est tout près de toi
Moïse disait au peuple d’Israël : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses ordres et ses commandements inscrits dans ce livre de la Loi ; reviens au Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme. « Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : ’Qui montera aux cieux nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’ Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : ’Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’ « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique. »
Psaume responsorial (Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37)
R/ Cherchez Dieu, vous les humbles et votre cœur vivra.
Moi, je te prie, Seigneur :
c’est l’heure de ta grâce ;
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi,
par ta vérité sauve-moi.
Réponds-moi, Seigneur,
car il est bon, ton amour ;
dans ta grande tendresse,
regarde-moi.
Et moi, humilié, meurtri,
que ton salut, Dieu, me redresse.
Et je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.
Car Dieu viendra sauver Sion
et rebâtir les villes de Juda :
patrimoine pour les descendants de ses serviteurs,
demeure pour ceux qui aiment son nom.

OU BIEN PSAUME 18 (Ps 18b (19), 8, 9, 10, 11)
R/ Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ! (Ps 18b, 9ab)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :
plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons

Lecture de la lettre de Saint Paul, Apotre aux Colossiens (Col 1, 15-20)

Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total
Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté. Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.
Bonne nouvelle de Jésus Chris selon saint Luc (Lc 10, 25-37)

Aime le Seigneur ton Dieu, aime ton prochain et aimer toi, toi-même ; ainsi auras-tu la vie
Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ? » L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie. » Mais lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus : « Et qui donc est mon prochain ? » Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort. « Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. « Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de pitié. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : ’Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.’ « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi fais de même. »
Commentaire et méditation

« Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Telle est la question qu’un docteur de la loi pose à Jésus. Apparemment, il s’agirait d’une question très importante. Il aspire à posséder la vie éternelle. Il chercherait la vie en Dieu. Il aspirerait à la vie qui ne finit pas. Toutefois, l’évangéliste rétracte ces intentions que nous pouvons accorder à ce docteur de la Loi. Son intention est malsaine. Il veut « mettre à l’épreuve » son interlocuteur ! Ce docteur est mal intentionné. Même si à la fin de la péricopes, nous constatons que c’est lui qui tombera dans le piège que lui-même voulait tendre à son interlocuteur divin, nous devons reconnaitre ce lettre a bien formuler son interrogation. N’est-ce pas qu’en tant que croyants, nous aspirons à posséder la vie immortelle. Nous aimerions hériter une éternité heureuse ?
A la fin de sa conversation avec Jésus, le docteur de la loi est devenu lui-même confondu. Il chercha, mais en vain, à sauver la face. Cette interrogation qui aurait sans nul doute déclenché une conversation intéressante entre Jésus et le spécialiste de la loi de mosaïque a loupé sa finalité à cause des mauvaises intentions tordues. Néanmoins cette question guidera notre méditation de ce quinzième dimanche du temps ordinaire année « C ».
Dès le départ remarquons que Jésus n’a pas répondu à la question d’une façon simple et discursive. Au contraire, il a répondu à tette embarrassante interrogation par une double question : « Dans la Loi qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ? » Cette double question de Jésus nous aide à découvrir que la problématique de la Loi est au centre de l’évangile et au cœur des autres lectures de ce dimanche.
La première lecture, extraite du livre du Deutéronome (Dt 30, 10-14), nous enseigne que la Loi du Seigneur est très accessible. Elle « n’est pas au-dessus » de nos forces ni hors d’atteinte. « Elle est tout près » de chacun de nous. « Elle est dans ta bouche et dans le cœur ». Nous sommes donc devant un merveilleux moment dans la Bible où la Loi est appelée « Parole » de Dieu. Lors de l’Alliance au Sinaï, Dieu a donné Moïse et au peuple qu’il représentait les dix « Paroles. » Entendons le Décalogue (Ex 20, 1-17 ; Dt 5, 6-22).
Ces dix Paroles données par Dieu, ne sont pas d’abord des ordres. Elles ne sont des interdits. Elles sont des bénédictions. Dieu les prononce au cœur de l’homme pour le libérer de tous ses esclavages et servitudes. Effectivement, dans le Deutéronome, nous lisons : « Demain, quand ton fils te demandera : ‘Pourquoi ces édits, ces Lois et ces coutumes que le Seigneur notre Dieu vous a prescrites ?’, […] Tu diras à ton fils : ‘Nous étions esclaves de Pharaon en Egypte, mais d’une main forte, le Seigneur nous a fait sortir d’Egypte […]. Le Seigneur nous a ordonné de mettre en pratique toutes ces Lois et de craindre le Seigneur notre Dieu pour que nous soyons heureux tous les jours et qu’il nous garde vivants comme nous le sommes aujourd’hui’ » (Cf. Dt 6, 20-25).
La Loi est une Parole donnée par Dieu à l’homme pour le libérer afin qu’il vive. Mais alors si cette parole de Dieu n’est pas lointaine pourquoi nous écoutons d’autres paroles codées, magiques et ésotériques ? Si la Loi de Dieu n’est pas inaccessible ; pourquoi nous leurrons jusqu’à aller loin de la vérité ? Ce dimanche accueillons la Parole qui est toute proche nous. Acceptons qu’elle trouve le chemin de nos cœurs et qu’elle se proclame par nos lèvres.
Le psaume responsorial 68 ou bien 18, chacun nous dit que « la loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ». Que « les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ». Pour cette merveille, nous devons magnifier le Seigneur qui nous donne accès à sa parole. Nous devons lui rendre grâce parce les pauvres découvrent cette grande vérité et ils sont en fête. Grace à sa Loi « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Cette Parole que Dieu nous adresse, nous devrions la faire nôtre et nous sommes invités à la prononcer pour engendrer, à notre tour, la vie autour de nous. Toutefois recevoir la parole de Dieu, comme une connaissance, se révèle dès lors insuffisant et stérile. Il faut la transmettre comme un trésor reçu, trésor d’une loi « plus désirable que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuse que le miel qui coule des rayons ». N’est pas que cela que Jésus propose au docteur de la loi qui l’interroge à propos de la vie éternelle ?
Dans son discours avec le connaisseur de la loi, Jésus montre que c’est dans nos entrailles que la Loi divine doit d’abord agir. Il nous demande et nous recommande d’avoir l’empathie entre nous. C’est cette miséricorde qui nous pousse à nous faire proches de notre frère. L’empathie nous ouvre au don de la vie. Ainsi pouvons-nous opérer ce que Dieu a réalisé pour nous en son Fils Jésus-Christ. Comme nous le rappelle saint Paul dans la deuxième lecture d’aujourd’hui en lui tout a été créé. Bref, les interrogations successives que présente l’évangile d’aujourd’hui constituent les véritables questions que nous devons nous posé continuellement : comment lisons-nous la parole de Dieu, quel est le sens que nous donnons à ce que nous lisons ? S’agit-il d’un ensemble de préceptes à appliquer pour être en règle et se voir récompenser de « la vie éternelle » ? Ou bien nous sommes conscients qu’il est question d’un appel que Dieu nous adresse à aimer, à donner, à nous donner ?
Les textes de ce dimanche nous exhortent à prendre cette loi d’extérieure pour la transformer en une loi intérieure. C’est à cette condition que nous pouvons devenir responsables. L’effort à accomplir pour obtenir la vie éternelle doit avant tout ouvrir à la miséricorde. Nous devons passer de l’accomplissement à l’être et à vivre. C’est précisément pour entrer dans cette « lecture » de la Loi que Jésus va raconter au légiste la parabole du Bon Samaritain.
Remarquons que le docteur de la loi n’a pas répondu qu’à la première partie de la question que Jésus lui a adressée. Il a répété textuellement « ce qui est écrit » dans la Loi. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ». Il a répété mais il n’a pas dit ce qu’il lisait lui-même. Sa réponse manque donc l’élément de la manière dont il interprétait ce grand commandement.
Le récit de la parabole amène le docteur de la Loi à sa propre lecture. Il comprendra que la vie éternelle est enfin de compte le fruit d’une vie menée comme un don à faire aux autres. A l’instar du Christ, le Bon Samaritain par excellence, nous devons nous livrer en faveur de nos prochains. Le docteur de la loi va découvrir que le salut s’obtient non pas en aimant celui qui serait reconnu comme son prochain mais, par amour, en se faisant le prochain de tout le monde comme Jésus. L’enjeu du récit réside dans le basculement de la question : « Et qui donc est mon prochain ? »
Cette question inspire l’hypothèse de son origine. Elle ne peut provenir que de quelqu’un qui ne s’occupe que d’observer scrupuleusement la loi. Obéir aux commandements parce qu’ils sont décrétés. Le docteur de loi sait qu’il doit aimer. Mais il a également catalogué qui peut être exclu de son amour ! Il ne pense pas aux personnes qui souffrent des agressions de tous genre. Il ne s’imagine pas qu’il existe des personnes qui sont tirées sur le bord des chemins qu’il parcourt fréquemment. Il est insensible à la réalité.
Cette attitude indifférente n’est guère convenable à Jésus qui passe sa vie à soulager la souffrance de ceux qu’il croise sur son chemin. Jésus qui arrive même à transgresser les lois, à l’instar de la loi du sabbat et les normes de pureté, en faveur des personnes nécessiteuses ne peut pas accepter cette réponse incomplète. Au contraire, il prend l’occasion de dénoncer d’une façon provocatrice tout légalisme religieux qui ignorerait l’amour des personnes en danger.
Ce texte nous offre, a nous aussi, une occasion de faire notre examen de conscience. N’aurions-nous pas un grand bénéfice à nous interroger sur la permanence et même sur le développement de notre capacité à aimer dans notre obéissance aux préceptes du Seigneur ? Lorsque nous appliquons les commandements de la Loi divine, avouons-nous que nous nous laissons bien souvent enfermer par eux ? Au lieu de nous ouvrir à nos frères et à nos sœurs, l’observance de la Loi ne nous renferme-t-elle pas nous-mêmes sur nous-mêmes ?
A partir de ces dernières interrogations, écoutons attentivement Jésus qui nous propose la parabole qu’il situe sur le chemin qui descend de Jérusalem à Jéricho. « Un homme », c’est-à-dire un inconnu qui peut être n’importe qui parmi nos contemporains et nos voisins. Il s’agit d’un être humain abattu par la violence, le malheur, chômage, la discrimination, l’incarcération, les tortures, les abus du pouvoir…
Cet inconnu est tombé dans les mains des autres personnes qui ne respectent pas les droits de leurs semblables. Il est agressé par des bandits. Il est « roué de coup ». Il est tabassé et dépouillé de tout. Ces bourreaux l’ont « laissé à moitié mort ». Ce voyageur est désormais livré à la merci du premier passant qui pouvait le sauver ou l’achever. Personnellement, il n’avait plus de ses forces ni physiques ni spirituels. Par lui-même, il ne pouvait plus rien.
Mais tout n’est pas finit. Voici que « Par hasard », continue le texte, deux premières personnes qui passent successivement à cet endroit sont des hommes de la religion. Il s’agit d’un prêtre et un lévite. Le texte souligne que c’est « par hasard » que ces gens passent dans cette localité ! Est-ce que cela signifierait que c’est d’une façon fortuitement inattendue, accidentelle, imprévisible voir inexplicable que le prêtre et le lévite passent dans un endroit périlleux ! Est-ce qu’on veut dire que des hommes consacrés au culte religieux n’avaient rien à faire dans ce lieu-là ? Est-ce pour dire que ce qui est propre à ce type de prêtre et lévite n’est pas de s’abaisser jusqu’aux blessés qui gisent dans les fossés ? Leur lieu habituel serait-il le temple seulement ? Leur unique occupation, serait-elle les célébrations rituelles ?
Hélas, la réponse semble plutôt affirmative que négative. Car lorsque ces fonctionnaires de Dieu arrivèrent à la hauteur du blessé, chacun de son côté « le vit et passa de l’autre côté » ! Les deux hommes religieux manquent de compassion et de miséricorde. Malheureusement comme le constate le Pape Francois, la chose dont a le plus besoin l’Eglise aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles. Elle a besoin de la proximité, la convivialité. Mais est-ce que cette Eglise qui est comme un hôpital de campagne après une bataille, serait une realite aujourd’hui au Rwanda et dans le monde ? Savons-nous qu’il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ? Sommes-nous disposer à soigner les blessures sans excuse ?
Les lectures nous exigent de reconnaitre que l’Eglise s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Il parait que nous avons oublié que les ministres de l’Eglise, nous devrions être avant tout des serviteurs de miséricorde. Le confesseur, par exemple, court toujours le risque d’être soit trop rigide, soit trop laxiste. Aucune des deux attitudes n’est miséricordieuse, parce qu’aucune ne fait vraiment cas de la personne. Le rigoureux s’en lave les mains parce qu’il s’en remet aux commandements. Le laxiste s’en lave les mains en disant simplement « cela n’est pas un péché » ou d’autres choses du même genre. Aujourd’hui, nous apprenons que les personnes doivent être accompagnées et soignées.
Les lectures de ce jours nous rappelle que les ministres de l’Eglise, nous devons être miséricordieux. Nous devons prendre soin des personnes, les accompagner comme le bon Samaritain qui lave et relève son prochain. Aujourd’hui nous avons lu l’Evangile à l’état pur. Les ministres de l’Evangile, nous devons être des gens capables de réchauffer le cœur des personnes, de dialoguer et de cheminer avec nos communautés blessées et laissées à moitié mortes. Le peuple de Dieu veut des pasteurs et pas des fonctionnaires ou des clercs d’Etat.
Ce que Jésus demande au docteur de la loi n’est pas une attitude personnelle. Il semble qu’il est question d’une réaction structurelle. C’est une attitude et un danger qui guette ceux qui se dévouent au monde du sacré en général. A ceux qui vivent loin du monde réel sommes interpelés. Ceux qui disent religieux mais qui ne se laissent pas attraper par la réalité de la vie, dans laquelle les gens luttent, travaillent et souffrent, sommes apostrophés. Le culte sacré ne doit jamais devenir une fonction qui nous éloigne de la vie réelle considérée comme profane. Jésus veut nous enseigner que ce culte qui nous empêche le contact direct avec le monde de la souffrance et qui nous empêche de réagir devant les blessés que nous voyons dans les périphéries existentielles ne conduit pas à la vie éternelle.
Apres les religieux insensibles, le texte présente une autre figure. Voici qu’un samaritain arrive sur cet endroit. Ce dernier ne vient pas du temple. Il n’appartient même pas au peuple élu d’Israël. Il vit d’une activité si peu sacrée que l’est sa petite affaire de commerçant. Mais lorsqu’il aperçoit le blessé, il ne se demande pas s’il est son prochain ou pas. Il s’émeut et fait pour lui tout ce qu’il peut. C’est celui-là qu’il nous faut imiter. D’ailleurs, Jésus le propose au légiste comme modèle exemplaire à suivre : « Va et toi, fais de même ». Qui allons-nous imiter lorsque nous rencontrerons sur notre chemin les victimes frappées par la crise économique de nos jours ? Allons-nous imiter le samaritain quand nous allons rencontrer les enfants seuls et sans défense ?
D’après Jésus, ce ne sont pas les hommes du culte qu’il faut imiter. Ces derniers ne peuvent pas nous indiquer comment nous devons traiter ceux qui souffrent. Nous devons imiter les personnes qui ont un cœur compatissant.
Cependant, dans ce texte nous avons un autre personnage que dans la plus part de temps nous ne prêtons pas attention. Il s’agit de l’aubergiste. Celui-ci, par ailleurs, peut représenter l’Eglise et nous aussi aujourd’hui. N’est-ce pas que Jésus, le Bon samaritain, nous a laissé le soin de nous occuper de nos frères et de nos sœurs et quand il reviendra il nous payerait tout ce que nous aurions fait en son nom ? Est-ce que réellement nous nous occupons de ceux qui sont blessés et abandonnés dans nos périphéries existentielles ?
Frères et sœurs, les textes de ce dimanche nous révèlent que les limites que nous mettons à l’amour viennent du fait que nous confondons la Loi avec Celui qui la prononce comme une Parole de bénédiction sur chacune de nos vies !
Puissions-nous ne jamais oublier ce que Paul Beauchamp nous rappelle à propos de la loi de Dieu : « Que serait la Loi sans la Présence ? L’exégèse des paroles de Jésus et les commentaires même les meilleurs risquent de faire oublier le corps, la bouche d’où elles sortent, l’air, l’esprit, la musique de celui qui parle. Il a été là, Jésus, qui parlait depuis cette montagne. Ce n’est pas cela, d’ailleurs, qui est nouveau. On oublie vite, aussi que la Torah n’a jamais parlé toute seule. Le Sinaï était le lieu de la présence du Dieu d’Israël. Autrement, cette Loi ne serait rien. » (Paul Beauchamp, La loi de Dieu, Paris, Seuil, 1999, p. 128).
Prière scripturaire
Seigneur, permet que nous ne perdions jamais de vue que ta Loi est avant tout une Parole que tu nous adresses en nous bénissant. Elle est le Verbe qui nous libère en nous ouvrant à nos frères et sœurs en humanité. Enseigne-nous donc à nous faire les canaux de cette miséricorde dont tu nous fais grâce et qui nous sauve chaque fois que nous l’implorons. Chaque jour nous avons beaucoup d’occasions de pratiquer la charité chrétienne. Malheureusement, nous n’en profitons pas toujours à cause de notre égotisme, de nos charges qui constituent souvent la source de nos respects humains et de notre vanité. Dégage-nous Seigneur de ces pièges pour que nous puissions commencer à aimer tous et chacun sans exception aucune. Aide-nous à apprendre cette leçon très importante qui provient de l’Evangile d’aujourd’hui : Il ne suffit pas des intentions « d’être bons » ; il faut pratiquer la miséricorde qui nous transforme et nous rend prochain les uns des autres.
Marie, Mère de la miséricorde divine, prie pour-nous. Mère du Verbe de Kibeho inspire-nous des gestes qui conviennent en faveur de nos prochains, les plus proches.
Amen.
Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.