Dimanche, 15-05-22

15. Dim – B - CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES - G, C, Pr Pascale - Dimanche de la Lecture de la Bible [1]. 1ère Lecture : Ac 14, 21b-27 ; Ps 145 (144), 8-9, 10-11, 12-13ab ; 2ème Lecture : Ap 21, 1-5a ; Évangile : Jn 13, 31-33a.34-35. Collecte pour la BSR . Homélie donnée par l’Abbé Longin NDUWAYEZU, prêtre du Diocèse de Cyangugu.

PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 14, 21b-27
En ces jours-là, Paul et Barnabé,
21 retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ;
22 ils affermissaient le courage des disciples ;
ils les exhortaient à persévérer dans la foi,
en disant :
« Il nous faut passer par bien des épreuves
pour entrer dans le royaume de Dieu. »
23 Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Eglises
et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur
ces hommes qui avaient mis leur foi en lui.
24 Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie.
25 Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé,
ils descendirent vers Attalia,
26 et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie,
d’où ils étaient partis ;
c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu
pour l’oeuvre qu’ils avaient accomplie.
27 Une fois arrivés, ayant réuni l’Eglise,
ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux,
et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi.

PSAUME - 144 (145), 8-13
8 Le SEIGNEUR est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
9 la bonté du SEIGNEUR est pour tous,
sa tendresse pour toutes ses oeuvres.
10 Que tes oeuvres, SEIGNEUR, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
11 Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
12 Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
13 ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.

DEUXIEME LECTURE - Apocalypse de Saint Jean 21, 1-5a
Moi, Jean,
1 j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle,
car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés
et, de mer, il n’y en a plus.
2 Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle,
je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,
prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.
3 Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône.
Elle disait :
« Voici la demeure de Dieu avec les hommes ;
il demeurera avec eux,
et ils seront ses peuples,
et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
4 Il essuiera toute larme de leurs yeux,
et la mort ne sera plus,
et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur :
ce qui était en premier s’en est allé. »
5 Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles. »

EVANGILE - selon Saint Jean 13, 31...35
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples
31 quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
32 Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
33 Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
34 Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
35 À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

MEDITATION
Fréres et Sœurs en Christ, Bienaimés de Dieu,
en ce 5ème Dimanche de Pâques, nous continuons de méditer sur le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mystère de notre salut. Les lectures qui nous sont proposées nous invitent à méditer sur les conditions de reconnaissance de notre identité de chrétiens, de disciples du Christ : le témoignage de la foi au Christ mort et ressuscité, l’espérance de notre destin final de gloire et l’amour fraternel et oblatif.
1. Le témoignage de la foi  : La première marque de l’être chrétien, c’est de rendre témoignage à la foi en Jésus, mort et ressuscité. En effet, l’Église est née de la foi en la résurrection de Jésus et ses disciples ont reçu pour mission de transmettre cette bonne nouvelle à tous les hommes. C’est dans ce cadre que la première lecture nous relate quelques étapes de l’œuvre apostolique de Saint Paul. Avec Barnabé, son compagnon de mission, Saint Paul fait le tour des communautés qu’il a fondées pour les confirmer dans la foi malgré les difficultés qu’ils rencontrent sur le chemin de croire. En même temps, Saint Paul institue les responsables de la communauté pour continuer cette œuvre pastorale après son départ. Il s’agit du groupe des missionnaires dits "Anciens" (dont la traduction grecque est "presbyteros"). Nous voyons là l’institution et l’ordination des prêtres comme guides de la communauté chrétienne dans la vie de foi. Encore aujourd’hui, Jésus continue de susciter ses prêtres pour la mission pastorale d’évangéliser et de confirmer leurs frères et sœurs dans la foi. De même, le baptême nous a tous configurés au Christ, prêtre, prophète et roi. Chacun est donc appelé à être un témoin audacieux de la foi, sans craindre les adversités de la vie apostolique.

Ensemble nous formons un peuple né de la foi pascale et vivifiée par la même foi. C’est là notre signe distinctif comme chrétiens : être fermes dans la foi et en rendre témoignage même au milieu des persécutions, des adversités, du rejet. Saint Paul et les autres Apôtres en effet n’ont pas seulement annoncé l’Évangile dans un climat d’accueil et de joie, mais surtout ils ont fait l’expérience du rejet, des persécutions et du martyre. Être chrétien, c’est être héraut de la foi, c’est-à-dire le témoin d’une adhésion totale à Jésus et à sa mission dans l’Église, jusqu’à même le témoignage suprême du martyre. Comment nous comportons-nous par rapport à notre foi en ce monde qui change et qui réfute de plus en plus de croire en Dieu ? Suis-je capable d’affronter avec courage les difficultés inhérentes à ma condition de disciple du Christ appelé à vivre dans le monde sans être du monde ? Ou je me laisse tenter par des compromis de ceux qui nous intimident pour prendre en nous la place de Dieu ?
2. L’espérance de la gloire à venir  : l’apôtre Jean, dans le livre d’Apocalypse nous présente la fin des temps, les derniers jours, non pas comme une destruction totale du monde et de l’humanité, mais comme un nouveau départ, comme une nouvelle création. En effet, dans sa vision, Saint Jean entend la voix de Dieu qui proclame : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». A Jean est confiée la promesse d’un avenir meilleur, d’une gloire future et éternelle qui se manifestera à la fin des temps où Dieu va créer "un ciel nouveau et une nouvelle terre". La fin des temps n’est donc pas l’anéantissement de ce qui est -le ciel et la terre- mais la transformation pour configurer au Christ tous ceux qui auront mis leur foi en lui. L’espérance consiste à attendre avec confiance la réalisation de cette promesse de salut et de vie éternelle, de cette vie nouvelle où nous serons un avec Dieu, entrés dans sa demeure de gloire où il n’y a plus ni mort, ni larme ni deuil, ni cri, ni douleur,...
Être vraiment chrétien, c’est nourrir cette espérance, cette confiance que par delà les peines et les souffrances de la vie terrestre, une joie sans fin nous attend. C’est croire que par delà la mort, il y a la résurrection et la gloire éternelle. C’est ce que nous manifeste Jésus dans l’Evangile : Lui qui sait que Judas est sur le point de le trahir pour être mis à mort, présente ces heures sombres comme des heures de sa glorification : "Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt."
Au moment où la pandémie du coronavirus continue à faire trembler l’humanité avec le risque de nous faire perdre la foi et l’espérance, écoutons la voix du Pape François qui nous invite à vaincre le pessimisme, qu’il considère comme un virus pire que la pandémie : "le pessimisme est le fait d’avancer comme « litanie quotidienne » que rien ne va bien, la société, la politique, l’Église,…. Le pessimiste s’en prend au monde, mais il reste inerte [...] Actuellement, dans le grand effort de recommencer, combien le pessimisme est nocif, le fait de voir tout en noir, le fait de répéter que rien ne sera plus comme avant ! En pensant ainsi, ce qui surement ne revient pas, c’est l’espérance » (Homélie en la solennité de Pentecôte, 31/05/2020).

3. L’amour et la charité fraternelle : Jésus lui-même indique aux siens la spécificité de leur choix pour lui : "À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres". Avant de quitter ses disciples, Jésus leur a donné en héritage une mission à accomplir : celle de continuer dans le monde l’oeuvre d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut à tous les hommes. Mais pour que leur mission puisse porter du fruit, ils doivent être unis par un amour fraternel sincère et sans réserve : "Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres". Il s’agit d’un amour réciproque, mutuel : s’aimer les uns les autres et s’aimer suivant la mesure et l’exemple de Jésus lui-même : "Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres". Jésus est l’unique modèle de l’amour chrétien. Son amour consiste à aimer jusqu’au bout, jusqu’à se rabaisser pour laver les pieds de ses disciples, et en définitive jusqu’à la mort de la croix. L’amour que Jésus attend de nous est un amour qui s’offre, un amour qui accepte le sacrifice pour le bien de l’autre.
Pour nous chrétiens, aujourd’hui l’appel de Jésus à être témoin de son amour entre nous et à l’égard de tous est plus pressant que jamais. En effet, nous vivons dans un monde où les divisions, la haine, l’exclusion de l’autre, l’égoïsme et le repli sur soi semble prendre le dessus. Nous sommes appelés à montrer au monde que le vrai amour, qui est l’amour oblatif et désintéressé, est encore possible : l’amour que nous nous portons les uns aux autres doit être un témoignage parlant pour notre être chrétien. Soyons particulièrement attentifs à l’égoïsme, qui est la racine des autres péchés contre l’amour fraternel. L’égoïsme consiste en effet au repli sur soi, sur ses intérêts - personnellement ou de son groupe social - engendrant le refus et le rejet de l’autre. L’égoïsme se traduit aujourd’hui en deux formes de replis sur soi : le narcissisme et le fait de se poser en victime, comme nous met en garde encore le Pape François. Le narcissisme est le fait de « s’idolâtrer soi-même [qui] fait se complaire seulement de ses propres intérêts. Le narcissique pense : "La vie est belle si j’y gagne !" » Et enfin, le fait de se poser en victime est une attitude où celui qui se prend pour une victime se plaint tous les jours de son prochain : « Personne ne me comprend, personne ne m’aide, personne ne m’aime, tous sont contre moi ! » […] et son cœur se ferme, pendant qu’il se demande : « Pourquoi les autres ne se donnent-ils pas à moi ? »
Par contre, le véritable amour que Jésus nous demande de manifester les uns pour les autres consiste à savoir sortir de soi-même pour se donner aux autres, pour se soucier du bien de l’autre. Il s’agit d’un amour dont nous ne sommes pas capables tout seuls. Ainsi, demandons-le dans notre prière, en même temps que les autres grâces de la foi et de l’espérance.