Dimanche, 04-07-21

4.Dim. – Vr - QUATORZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, Pr f. dominicale, 1ère lecture : Ez 2, 2-5 ; Ps 122 (123), 1-2ab, 2cdef, 3-4 ; 2ème lecture : 2 Co 12,7-10 ; Evangile : Mc 6, 1-6. Homélie donnée par l’Abbé Paulin HABIMANA de Cyangugu et le Père Bernard Dourwe, Rcj.

PREMIERE LECTURE - livre du prophète Ezékiel 2, 2 - 5
En ces jours-là,
2 l’esprit vint en moi,
et me fit tenir debout.
J’écoutai celui qui me parlait.
3 Il me dit : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël,
vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi.
Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères
se sont soulevés contre moi.
4 Les fils ont le visage dur,
et le coeur obstiné ;
c’est à eux que je t’envoie. Tu leur diras :
« Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu... »
5 Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas
- c’est une engeance de rebelles ! -
ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

PSAUME - 122 (123), 1-2. 3-4
1 Vers toi j’ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel.
2 Comme les yeux de l’esclave
vers la main de son maître.

Comme les yeux de la servante
vers la main de sa maîtresse,
nos yeux, levés vers le SEIGNEUR notre Dieu,
attendent sa pitié.

3 Pitié pour nous, SEIGNEUR, pitié pour nous :
notre âme est rassasiée de mépris.
4 C’en est trop, nous sommes rassasiés
du rire des satisfaits,
du mépris des orgueilleux.

DEUXIEME LECTURE - deuxième lettre de Paul apôtre aux Corinthiens 12, 7 - 10
Frères,
7 les révélations que j’ai reçues
sont tellement extraordinaires
que, pour m’empêcher de me surestimer,
j’ai reçu dans ma chair une écharde,
un envoyé de Satan qui est là pour me gifler,
pour empêcher que je me surestime.
8 Par trois fois,
j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi.
9 Mais il m’a déclaré :
« Ma grâce te suffit,
car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses,
afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure.
10 C’est pourquoi j’accepte de grand coeur pour le Christ
les faiblesses, les insultes, les contraintes,
les persécutions et les situations angoissantes.
Car, lorsque je suis faible,
c’est alors que je suis fort.

EVANGILE - selon Saint Marc 6, 1 - 6
En ce temps-là,
1 Jésus se rendit dans son lieu d’origine,
et ses disciples le suivirent.
2 Le jour du sabbat,
il se mit à enseigner dans la synagogue.
De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient :
« D’où cela lui vient-il ?
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée,
et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie,
et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?
Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
4 Jésus leur disait :
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays,
sa parenté et sa maison. »
5 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ;
il guérit seulement quelques malades
en leur imposant les mains.
6 Et il s’étonna de leur manque de foi.
Alors Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

MEDITATION  : Aucun prophète n’est honoré dans sa ville natale.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus retourne dans sa ville natale de Nazareth, après l’avoir quitté quelque temps auparavant. Il avait passé presque trente ans à Nazareth. Pendant ce temps, il était connu de tous comme le charpentier, le fils de Marie. Cependant, depuis son départ de Nazareth, la vie de Jésus avait pris une nouvelle direction. Il s’était lancé dans l’œuvre que Dieu lui avait confiée. Il avait quitté Nazareth comme charpentier ; il est revenu en tant qu’enseignant, prophète et guérisseur. Il y avait en fait beaucoup plus à Jésus que ses propres citadins n’avaient jamais soupçonné alors qu’il vivait parmi eux. L’évangile suggère qu’ils ne pouvaient pas accepter ce « plus » ; ils l’ont rejeté. Ils voulaient qu’il soit la personne qu’ils avaient toujours connue ; ils ne lui permettraient pas de passer à autre chose. Le retour de Jésus s’est avéré plus douloureux que son départ. Le Fils unique de Dieu, qui a proclamé la présence du royaume de Dieu, a été reçu par le peuple de Nazareth comme une épine dans la chair, pour reprendre une image de la deuxième lecture d’aujourd’hui.
Les habitants de Nazareth pensaient connaître Jésus. L’image qu’ils avaient de lui, à laquelle ils s’accrochaient avec une grande ténacité, est devenu un obstacle à leur apprentissage de lui. Nous aussi, nous pouvons facilement supposer que nous connaissons quelqu’un, alors qu’en réalité, nous n’en connaissons qu’un côté. Nous pouvons former des opinions bien arrêtées sur les gens sur la base d’expériences passées. Nous pouvons devenir tellement attachés à ces opinions que même lorsque les preuves sont là pour les contester, nous sommes complètement indifférents. Il y avait plus en Jésus que les habitants de Nazareth n’en avaient conscience. En effet, il y a toujours plus dans chaque être humain que nous ne le pensons. C’est vrai même de ceux que l’on prétend bien connaître, comme les membres de la famille et les bons amis. Nous sommes chacun fait à l’image de Dieu. Il y a un profond mystère pour chacun de nous. Nous ne pouvons jamais sonder complètement le mystère de la vie d’une autre personne. Nous devons chacun approcher tout le monde avec la conscience qu’il y a plus ici que je ne peux voir. C’était la simplicité même de Jésus qui rendait difficile pour les habitants de Nazareth de le voir tel qu’il était vraiment, dans tout son mystère. Dieu leur était puissamment présent dans et par quelqu’un qui était aussi ordinaire, à bien des égards, qu’eux-mêmes. Dieu continue de venir à nous aujourd’hui dans et à travers l’ordinaire, dans et à travers ceux qui nous sont les plus familiers. Dans le domaine religieux, il peut y avoir une certaine fascination pour l’extraordinaire et l’insolite. Les évangiles suggèrent que le principal moyen par lequel le Seigneur vient à nous est dans et à travers le quotidien. C’est ce que nous entendons par l’incarnation. Le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous. L’ordinaire est traversé par la présence de Dieu.
Le Seigneur peut même venir à nous dans et à travers ce que nous vivons initialement comme quelque chose de très négatif. Saint Paul a fait cette découverte pour lui-même, selon notre deuxième lecture d’aujourd’hui. Il a lutté avec ce qu’il a appelé une épine dans la chair. Il n’est pas facile de savoir ce qu’il entend par là. Quoi qu’il en soit, Paul voulait s’en débarrasser. Il n’y voyait rien de bon et il pria sincèrement le Seigneur de le lui enlever, s’attendant pleinement à ce que sa prière soit exaucée. La prière de Paul a été exaucée, mais pas de la manière à laquelle il s’était attendu. Dans la prière, il réalisa que Dieu était puissamment présent dans et à travers cette épine dans la chair. Lorsque nous nous trouvons aux prises avec quelque chose à l’intérieur de nous-mêmes ou avec quelque chose à l’extérieur de nous-mêmes, une personne peut-être, nous pouvons être tentés de voir la lutte comme totalement négative et vouloir simplement nous en débarrasser. Comme Paul, cependant, nous pouvons découvrir que cette expérience difficile nous ouvre à la présence de Dieu. La chose même que nous jugeons de peu ou pas de valeur peut créer un espace pour que Dieu travaille puissamment dans nos vies. Il y a quelque chose d’un paradoxe dans ce que Paul entend le Seigneur ressuscité lui dire : « Ma puissance est à son meilleur dans la faiblesse. » C’est souvent lorsque nous ressentons le plus la vie comme un combat que Dieu peut toucher nos vies avec le plus de puissance et de créativité. Bon Dimanche à toutes et à tous.
Abbé Paulin HABIMANA (Cyangugu)


MEDITATION par le Père Bernard Dourwe, Rcj.
La liturgie de ce quatorzième dimanche nous invite à méditer sur la mission et les difficultés qu’endurent les prophètes, messagers de Dieu. Jésus lui-même en fait l’expérience par le rejet reçu des siens. Qu’il s’agisse du prophète Ezéchiel face aux rebelles de son peuple(1ère lecture), du psalmiste en proie au mépris, des orgueilleux (psaume), de l’Apôtre Paul en conflit avec certains de ses auditeurs (2ème lecture) ou même de Jésus méprisé dans son propre pays (Evangile), tous les textes de ce dimanche sont là pour nous dire, si besoin est, qu’il n’est pas facile d’être croyant, d’être chrétien. Et cependant, tous gardent confiance et s’appuient sur le Seigneur, comme nous y sommes nous-mêmes invités aujourd’hui. Dans nos faiblesses, dit saint Paul, nous pouvons être forts, puisque l’Esprit accompagne l’Eglise, jusqu’à la fin des temps.
Dans la première lecture, Dieu prend l’initiative de choisir Ezéchiel afin qu’il devienne son messager. Comme tous les prophètes, il reçoit la mission d’aller parler au nom de Dieu au peuple qui s’est détourné de son Dieu. Malgré l’entêtement, la rébellion, l’obstination du peuple, le prophète doit dénoncer les péchés de celui-ci. Il doit annoncer à temps et à contre temps, contre vents et marées la Parole de celui qui l’envoie. Même au risque des persécutions et du rejet il a la mission de ramener le peuple à Dieu. Pour y arriver le Seigneur lui fait don de son esprit.
Par notre Baptême nous avons aussi été consacrés prophètes du Seigneur. Notre vocation comme chrétien nous appelle donc à être des messagers de Dieu au sein de ce monde qui prend plus plaisir à vivre dans les ténèbres plutôt que dans la lumière. Pour y arriver nous devons permanemment être en contact avec la Parole de Dieu. C’est par elle que Dieu nous parle et nous envoie annoncer à tous les hommes la nécessité de vivre en faisant sans cesse sa volonté et à rejeter le péché qui nous empêche de vivre pleinement en enfant de Dieu.
Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Saint Paul nous invite à faire l’expérience de la grâce de Dieu qui se manifeste à travers nos faiblesses. La vocation d’apôtre du Seigneur n’a pas fait de lui un homme exceptionnel ou étrange, épargné de toutes formes de difficultés et souffrances. Malgré les multiples signes qui accompagnent son ministère, il doit faire comme tous les hommes l’expérience de la faiblesse charnelle. Il n’est pas exclu des insultes, des persécutons, des épreuves, des faiblesses. Mais la grâce de Dieu qui est de toujours avec les messagers de Dieu seul est capable de le fortifier car elle seul suffit.
Par ses faiblesses, Dieu manifeste sa puissance et invite à toujours compter sur lui pour que nos vies deviennent les lieux de la manifestation de sa gloire. Nous devons toujours avoir en esprit que par nos propres forces nous ne saurons parvenir à l’accomplissement de notre mission. Nous devons donc être toujours plein d’humilité car nous ne sommes que des pauvres pécheurs qui avons besoin que Dieu manifeste son amour et sa miséricorde en nous. C’est pourquoi notre vie doit être en permanence l’expression d’action de grâce envers ce Dieu qui nous aime tant en venant au secours de nos faiblesses.
S’il est vrai que le prophète est un instrument de salut de Dieu accordé aux hommes, il n’en demeure pas moins que sa mission de prophète le met en difficultés dans son entourage. Jésus en effet, accueilli et célébré par certains qui reconnaissant en ces paroles une certaine autorité sera rejeté par les siens. Il va faire l’expérience du mépris dans la synagogue de Nazareth. Ses frères, au lieu d’accueillir la Bonne nouvelle venant de lui, vont plutôt s’arrêter sur ses origines humaines en voyant en lui uniquement le fils du charpentier. Cet échec de la prédication à Nazareth ne l’empêchera pourtant pas à continuer contre vents et marées à apporter et à accorder le salut à quiconque se tourne vers lui. Pour les siens et pour tous les hommes il ira jusqu’au bout de sa mission en se donnant totalement pour qu’ils aient la vie en abondance. Les obstacles rencontrés dans la mission et dans la vie ne doivent donc pas être des occasions d’abandon mais plutôt des motifs à les affronter, à les combattre ou à les surmonter et à aller en avant. La mission est une nécessité et une urgence rien ni personne ne saurait l’arrêter car Dieu a besoin que tous les hommes soient sauvés et ce message du salut doit être proclamé jusqu’aux extrêmes frontières de la terre.
Seigneur notre Dieu, C’est toi qui appelle tant des hommes et des femmes à te suivre malgré leurs faiblesses. Au milieu des leurs ils sont souvent obligés de faire l’expérience des rejets, des humiliations, des persécutions et des mépris. Accorde-leur les dons de ton Esprit Saint afin que jamais ils ne se découragent et n’abandonnent leur mission mais qu’ils soient toujours dévorés du zèle missionnaire pour que ta Bonne Nouvelle soit connue jusqu’aux extrêmes frontières de la terre. Par Jésus le Christ.
Père Bernard Dourwe, Rcj.