Dimanche, 06-06-21

6. Dim – B - SAINT SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST (10ème semaine du TO) So, G, Séquence, C, Préf. de l’Eucharistie II - 1e lecture : Ex 24,3-8 ; Ps 116 (114-115), 12-13, 15-16ac, 17-18 ; 2e lecture : He 9, 11-15 ; Evangile : Mc 14, 12-16.22-26.
Méditation donnée par le Père Bernard Dourwe, Rcj & l’Abbé Paulin Habimana, Diocèse de Cyangugu.

Après la solennité de la Trinité, voici celle de la Fête-Dieu, fête du Corps et du Sang du Christ. Le Dieu que nous célébrons est le Dieu de l’Alliance (thème qui revient dans tous les textes de ce dimanche), et la révélation biblique culmine dans l’Alliance nouvelle scellée dans le sang du Christ. Inaugurée avec les grands personnages de l’Ancien Testament, dont Moïse (1ère lecture), l’Alliance du Seigneur avec son peuple devient parfaite en Jésus-Christ, « médiateur d’une Alliance nouvelle » (2ème lecture) : par son mystère pascal, dont nous faisons mémoire à chaque eucharistie, il donne vie à tous les hommes (Evangile).

Le Saint Sacrement est la célébration du don de Jésus-Christ aux hommes en son corps et en son sang comme nourriture et breuvage afin que ceux-ci aient la vie en abondance. Jésus, sous le signe du pain et du vin eucharistiés, donne sa vie aux hommes pour qu’ils reçoivent de sa Pâque toute grâce et tout bien.
Dans la première lecture extraite du livre de l’Exode, Moïse après avoir reçu le don de la loi offre en sacrifice de paix des holocaustes et il immole des jeunes taureaux afin de rendre concret l’alliance entre Dieu et les hommes. Par le sang versé, symbole de la vie, en signe d’alliance, Dieu assure la bienveillance à son peuple. Ce peuple ayant trouvé grâce auprès de Dieu est tenu à la fidélité à cette alliance. Moïse, jouant le rôle de médiateur entre Dieu et Israël, va asperger le peuple de ce sang pour signifier le don de la vie reçue par Dieu. Ce don de l’alliance au moyen du sang versé sera compris plutard comme une préfiguration du sacrifice unique et véritable de Jésus-Christ pour sceller une fois pour toute l’alliance entre Dieu et l’humanité.

Dans la deuxième lecture, l’auteur de la lettre aux Hébreux présente Jésus Christ comme le grand prêtre par excellence, médiateur entre Dieu et les hommes qui établit l’alliance entre Dieu et les hommes par son sang versé sur la Croix. A la différence des grands prêtres de l’ancienne alliance qui offraient le sang des animaux en sacrifice d’expiation, de communion, et de paix extérieurement à eux, Jésus-Christ offre son propre sang pour la rémission de nos péchés. Il purifie par son sang nos cœurs et rend le culte véritable à Dieu. Ce sacrifice définitif scelle une fois pour toute l’alliance éternelle et véritable entre Dieu et les hommes et il devient le gage de notre salut. Désormais, plus besoin d’offrir des sacrifices d’animaux pour trouver grâce auprès de Dieu. Jésus-Christ grand prêtre sur la croix par son sang versé à tout assumé et a réconcilié l’humanité déchue avec le Dieu éternellement miséricordieux. Une histoire nouvelle se noue entre Dieu et les hommes. L’Eucharistie est désormais le signe visible de cette Nouvelle Alliance qui nous procure le salut éternel.
Dans l’Evangile soumise à notre méditation, Jésus-Christ, au soir de sa passion après avoir béni et rendit grâce à Dieu pour le pain venant de lui, le rompt et le donne à ses disciples comme son corps. Il en fait de même pour le vin qui devient son sang, le sang de l’alliance nouvelle versé pour la multitude. Manger ce pain c’est manger son corps et boire de ce vin c’est boire de son sang. Ce pain et ce vin il les offre comme nourriture et boisson de la vie éternelle. Aujourd’hui dans nos eucharisties comme hier au cénacle, le Christ réalise ce qu’il dit : nous sommes sauvés en communiant à sa Pâque jusqu’à ce qu’il vienne. En attendant son retour glorieux, il continue à se rendre présent à ses disciples sous les espèces du pain et du vin consacrés.

Célébrer la Fête-Dieu, c’est célébrer l’un des modes de présence du Christ ressuscité à son Église et à notre humanité. Présent dans sa Parole ou « lorsque deux ou trois sont réunis en son nom » (Mt 7), c’est en nourriture qu’il se donne à nous dans le saint Sacrement. Comme l’affirme Vatican II : « la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui dont la chair, vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes » (PO 5).

Voilà qui, en écho à l’évangile de ce jour et à la prière eucharistique, nous recentre sur le mystère de Pâques-Pentecôte. Sous les espèces du pain et du vin, devenus son corps et son sang par l’action de l’Esprit Saint, le Christ se livre à nous et nous entraîne dans son offrande. Car, comme le fait remarquer saint Augustin, ce n’est pas nous qui absorbons et transformons cette nourriture, c’est elle qui nous fait devenir ce que nous recevons : le corps du Christ, donné au monde pour y « incarner » l’Amour et la compassion du Père. Comme nous le rappelle Maurice Zundel, « on ne communie pas pour soi » seulement, « mais avec toute l’humanité, avec toute l’histoire, avec tout l’univers ». « À travers la réalité eucharistique, à travers la présence du Christ, se constitue un dialogue secret et silencieux qui nous joint à Jésus au cœur de notre cœur, et au cœur du cœur des autres, dans une relation où notre être est engagé dans sa plus secrète intimité. »

Alors, quel que soit notre sentiment présent au moment de la célébration, nos soucis personnels, déposons-les devant Dieu pour accueillir le « Roi de toutes choses ». Car n’est-ce pas là se revêtir de « l’habit nuptial » qui réjouit le cœur de Dieu (Mt 22, 11) ?
Seigneur Jésus-Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion, donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta Rédemption. Toi qui règnes.
Père Bernard Dourwe, Rcj.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------
«  Ceci est mon sang de l’alliance, qui sera versé pour plusieurs. »
Abbé Paulin Habimana, Diocèse de Cyangugu

Les lectures de cette année pour la Fête mettent l’accent sur le thème du sang de l’Alliance parce que les peuples anciens ont scellé des Alliances avec le sang d’animaux sacrifiés rituellement, et Jésus a scellé sa Nouvelle Alliance avec son propre Sang versé sur le Calvaire. La première lecture d’aujourd’hui décrit comment Moïse, en versant le sang d’un animal sacrifié sur l’autel et sur le peuple, accepta l’Alliance que Yahvé avait proposée et conclue avec Son Peuple. Dans la seconde lecture, saint Paul affirme que Jésus a scellé la Nouvelle Alliance de son propre Sang, mettant ainsi fin aux sacrifices d’animaux. L’Évangile d’aujourd’hui détaille comment Jésus a converti cet ancien rituel en sacrement et en sacrifice. Au lieu du sang de l’agneau, Jésus a offert son propre corps et son sang divin/humain, et au lieu de nous asperger de sang, Jésus l’a mis entre nos mains comme nourriture et boisson.

S’asseoir ensemble pour un repas peut générer un sentiment particulier de convivialité. Chacun de nous aura ses propres souvenirs de compagnie ou de camaraderie à table. Beaucoup d’entre elles seront des expériences heureuses de fête et de rire, d’amour reçu et partagé. Jésus a partagé la table plusieurs fois avec ses disciples. Il est probable qu’en partageant de la nourriture avec ses disciples, il leur ait également fait part de sa vision du royaume de Dieu. De tous les repas qu’il a partagés avec eux, celui qui est resté dans leur mémoire plus que tout autre était leur dernier repas ensemble, ce qu’on a appelé le dernier souper.

Ce dernier repas que Jésus a partagé avec ses disciples a marqué leur mémoire, capturant l’imagination de générations de disciples jusqu’à nous-mêmes. Il a fait plus que partager sa vision avec les disciples ; il les a donnés d’une manière qu’il n’avait jamais faite auparavant, et d’une manière qui anticipait la mort, il mourrait pour eux et pour tous, le lendemain. En se donnant sous la forme du pain et du vin du repas, il se déclarait être leur nourriture et leur boisson. En les appelant à prendre et à manger, à prendre et à boire, il leur demandait de prendre position avec lui, de se donner à lui comme il se donnait à eux.
C’est à cause de ce souper et de ce qui s’est passé là-bas que nous nous réunissons chaque jour. Jésus voulait que son dernier souper soit un commencement plutôt qu’une fin. C’était la première Eucharistie. Depuis ce repas, l’église s’est réunie régulièrement en son nom, pour faire et dire ce qu’il a fait et dit à ce dernier souper : prendre du pain et du vin, les bénir tous les deux, rompre le pain et donner les deux aux disciples à manger et à boire.
Jésus continue à se donner en nourriture et en boisson à ses disciples. Il continue également à demander à ses disciples de prendre position avec lui, d’accepter tout ce qu’il représente, de vivre selon ses valeurs, de marcher sur son chemin, même si cela signifie la croix. Chaque fois que nous venons à la messe et recevons l’Eucharistie, nous faisons un certain nombre de déclarations importantes. Nous reconnaissons Jésus comme notre pain de vie, comme celui qui seul peut satisfaire nos faims les plus profondes. Nous déclarons aussi que nous donnerons notre lot avec lui, pour ainsi dire, que nous suivrons sa voie et lui serons fidèles toute notre vie, en réponse à sa fidélité envers nous. En ce sens, célébrer l’Eucharistie n’est pas quelque chose que nous faisons à la légère.

Au cœur de cette prédication se trouve l’abnégation. Si nous voulons savoir ce dont les fidèles chrétiens ont le plus besoin, alors, nous devons connaître l’abnégation. Les paroles de Jésus lors de la Dernière Cène, lorsqu’Il a institué l’Eucharistie, reflètent ce principe central. « Ceci est mon corps, qui sera donné pour vous ; Fais ceci en ma mémoire." « Ceci est mon sang de l’alliance, qui sera versé pour plusieurs. » Ces paroles de Jésus ne reflètent pas un esprit de divertissement, qui se livre à tout ce que la foule pleure actuellement.
Abbé Paulin Habimana, Diocèse de Cyangugu.