Dimanche, 09-05-21

9. Dim– B - SIXIEME DIMANCHE DE PAQUES - G, C, Préf. pascale - 1è lecture : Ac 10, 25-26.34-35.44-48 ; Ps 97, 1, 2-3ab, 3cd-4 ; 2e lect. : 1 Jn 4, 7-10 Évangile : Jn 15,9-17. St Georges Preca, prêtre et fond. († 1962) St Pacôme, soldat païen converti et abbé († 348).MEDITATION DONNEE PAR le Père Jean Bosco NSENGIMANA MIHIGO, msscc
Livre des Actes des Apôtres (10,25-26.34-35.44-48).

Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.

Psaume 98(97),1.2-3ab.3cd-4.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

Première lettre de saint Jean (Jn4, 7-10).
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn15,9-17).
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

Commentaire et méditation
Aujourd’hui, et encore une foi, la liturgie nous apprend ce que veut dire aimer. Les concepts amour, aimer, ami apparaissent vingt-deux fois à travers les textes de ce dimanche. Par exemple, Jésus dit à ses disciples « Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » Aussi dit-il :« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». C’est donc seulement en gardant les commandements de Jésus que nous demeurons dans son amour, que nous sommes ses amis. Mais alors pourquoi cela nous intéresse, d’être les amis de Jésus ? Pourquoi devons-nous demeurer dans l’amour ?

Dans la vie nous apprenons que l’amour est important parce que nous ne sommes pas faits pour être seuls dans la vie. Créer pour aimer et pour être aimer l’amour nous finalise. C’est le message de la Genèse. Dieu a créé l’homme et la femme pour que l’un devienne l’autre de partenaire. L’auteur de ce premier livre de la bible nous informe que lorsque Dieu termina de modeler l’homme il vit que ce n’est pas bon que l’homme soit seul. La création de la femme advient pour donner à l’homme une aide qui lui convient. Une compagne qui comble son amour.

Qu’il est bon de trouver quelqu’un dans la vie qui soit un véritable ami ! Quelqu’un ou quelqu’une à aimer ! Quelqu’un ou quelqu’une qui nous aime. L’amour est très important parce qu’il s’agit de rencontrer quelqu’un à qui nous pouvons rester fidèles et qui peut également nous rester fidèle dans les moments agréables comme dans les moments moins gratifiants.

L’existence devient sans saveur ni sens si on ne trouve pas cette personne. Elle est plus difficile voir fastidieuse si l’on perd une personne chérie. L’amour d’un autre nous donne un point de repère dans le monde. Cela donne un sens à notre vie. C’est pourquoi en philosophie de l’amour et d’amitié nous disons que l’amour finalise.

Par contre être sans amour serait synonyme de d’être mort vivant. D’ailleurs il semble contradictoire être sans amour. En effet l’amour fait partie de notre être. L’on devrait dire que mû par un désir profond de réciprocité, un besoin existentiel jamais assouvi, ou bien nous nous ouvrons a l’amour d’amitié ou nous nous laisser vivre par un amour dépourvue de son essence.

Le désir ou sentiment qui nous pousse à aimer n’est pas une invention humaine. Il est plus fort que nous-mêmes et nous concédons avec le chanteur français qu’il est une maladie et qu’elle « court, qu’elle court, la maladie de l’amour…Elle fait chanter les hommes et s’agrandir le monde. ». L’amour semble transcender l’intelligence humaine. Face à sa complexité, les grecs en ont fait l’apanage des dieux, les romains perplexes l’attribuent à Cuppidon alors que les Chrétiens le présentent comme l’attribut de Dieu : « Dieu est amour ! »

Les anciens grecs ont donc essayé de comprendre l’amour en deux facettes : l’amour Eros qui est l’attirance d’ordre biologique entre un homme et une femme ; l’amour Philia qui est l’amour entre deux personnes qui éprouvent des sentiments favorables l’une pour l’autre. L’amour grec était comme « une pierre d’attente » du vrai sens de l’amour Divin que Jésus-Christ vient nous révéler. Alors qu’en est-il du verbe « aimer » que Jésus emploie ?
« Voici ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » Jésus nous fait découvrir une nouvelle dimension de l’amour. L’amour « Agapè » qui selon Jean Guitton est l’amour donné sans recherche de contrepartie. C’est l’amour qui désire le bien ou le bonheur d’autrui sans rien attendre au retour. C’est le type d’amour que manifestait Mère Thérèse à l’égard des pauvres de Calcutta. L’amour de Dieu, c’est comme l’eau vive d’une grande cascade qui, en arrivant au sol s’étale et s’étend sur tous les hommes. Ainsi, ayant été aimés de Dieu, les hommes eux-mêmes doivent devenir « amour ».
Le « comme » que Jésus emploie n’est pas seulement une comparaison : Pour beaucoup de nos contemporains, le mouvement de l’amour s’arrête à l’érotisme, le plaisir sexuel, la solidarité entre frères, à la philanthropie et à l’humanisme souvent athée.
Pour Jésus, il y a un double mouvement de l’amour : l’amour authentique qui nous vient d’en haut, de Dieu « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés », et l’amour s’installant chez les hommes fait d’eux des amis de Dieu « vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande », et des amis entre eux « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Nous devons aimer comme Jésus aimait. Il visitait les malades. Il recevait les pécheurs et les exclues. Il donnait la place aux enfants et aux femmes. Il défendait les personnes menacées par les injustices de la société. Il a montré qu’aimer, c’est faire vivre l’autre. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et l’aient en abondance. » Aimer, c’est vivre pour que l’autre vive aussi. « Il n’y a pas le plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Aimer c’est permettre à l’autre qu’il découvre et conquiert le droit d’exister « Vous connaitre la vérité et la vérité vous rendra libre ». Aimer c’est se rappeler mutuellement le devoir de s’épanouir. Aimer, c’est faire exister l’autre, dans la liberté et l’épanouissement. Aimer, c’est repartir sans cesse, à deux, à dix, en communauté, en Église, parce que l’amour du Christ ne nous laisse pas en repos, et parce que, après tout, d’après Jésus lui-même, il n’y a pas de plus grand amour, il n’y a pas d’autre limite à l’amour que de donner sa vie pour l’autre. Aimer comme Jésus, c’est cultiver l’esprit d’une fraternité universelle. Aimer comme Jésus, c’est faire de son cheval de bataille l’option préférentielle pour les pauvres.
En ce sixième dimanche de Pâque, Dieu se fait encore mendiant aux portes de nos cœurs. Il est souvent comme ces vendeuses ambulantes (Umuzunguzayi) qui, passe a cote de la fenêtre du bus à chaque instant et, malgré notre indifférence et notre tiédeur à son égard, passe pour plusieurs fois en nous proposant ses marchandises. Accepterions-nous son amour ?
Dieu passe chaque fois devant notre porte lorsque nous constatons le besoin de l’autre et que discrètement nous lui venons en aide. Le Seigneur passe lorsque nous allégeons le poids de la peine de nos voisins, de ton voisin. Puissions-nous comprendre aujourd’hui que L’amour du prochain est le sacrement de notre existence. Aimer c’est devenir le sacrement de Dieu ´pour nos frères et sœurs.

Prière scripturaire
Dieu notre Père, nous te rendons grâces parce qu’en Jésus de Nazareth, notre frère, tu nous fais renaître a l’espérance d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre. Nous te demandons de faire de nous des adeptes passionnés de sa Cause, afin que nous sachions transmettre à nos frères, en paroles et en actes, les raisons de l’espérance qui nous soutient et de l’amour qui nous finalise. Nous demandons ceci inspiré par Jésus, votre fils et notre bien-aimé, grand frère.
Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.