TECIR :L’Officialité de Münster en partenariat naissant avec le Tribunal Ecclésiastique Interdiocésain du Rwanda

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SE Mgr Vincent Harolimana, Evêque de Ruhengeri et Modérateur du TECIR remet les cadeaux aux délégués de l’Officialité de Münster en signe de Reconnaissance du Partenariat engagé

Les juges et les ministres du Tribunal ecclésiastique interdiocésain du Rwanda (TECIR) se félicitent du processus de partenariat déjà engagé avec l’officialité de Münster en Allemagne qui, selon eux, renforcera les capacités professionnelles du TECIR. Ils ont exprimé cette joie lors de la réunion d’échange d’expériences avec la délégation de l’Officialité de Münster, le 24/05/2019, au siège de la CEPR à Kigali.

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Mgr Vincent Harolimana
Evêque Modérateur du TECIR

S’adressant à la presse catholique locale, Mgr Vincent Harolimana, Évêque de Ruhengeri et Modérateur du TECIR s’est dit satisfait de la visite de l’officialité de Münster au Rwanda, car il s’agit déjà d’un bon début de consultation bilatérale et d’un nouveau souffre au fonctionnement du TECIR. « Nous devons nous doter de moyens sûrs et stables pour ne pas permettre l’accumulation des dossiers et ainsi décevoir des chrétiens qui souhaitent la libération spirituelle ».
Selon Mgr Harolimana Vincent, bien que le travail effectué par TECIR soit remarquable, ce tribunal est confronté à des défis structurels et financiers. « Alors », dit-il, « il a besoin d’un soutien sous différents angles de sa mission. Le partenariat avec le tribunal de première et seconde instance de Münster est très bénéfique pour l’Eglise du Rwanda. Parce que nous espérons qu’il nous permettra de mettre en place les instruments juridiques pour un travail bien fait, et l’échange d’expériences contribuera à améliorer notre façon de travailler ».
L’Abbé Official de Münster et Recteur de l’Eglise Cathédrale de Münster, Kurt SCHULTE, promet le partenariat
Dans son allocution, l’Abbé Official de Münster promet un partenariat entre l’Officialité de Münster et le Tribunal Ecclésiastique Interdiocésain du Rwanda (TECIR). « Lorsque votre Official abbé Cyprien était chez nous, il a appris de nous et nous de lui. Continuons comme ça dans la même direction. C’était le début de notre partenariat qui, à travers notre conférence d’aujourd’hui vient d’être fondé et est documenté. Nous allons définir cela contractuellement et le signer à une date ultérieure. Matériellement, le diocèse de Münster pourrait vous aider et l’a déjà fait quand il vous a permis d’obtenir le matériel de bureau nécessaire à votre travail. Nous aimerions vous aider ! Mais des visites et des stages mutuels, la participation à des réunions sont aussi possibles et la coopération constante ainsi que des conseils peuvent se faire via email ou Skype. Peut-être aussi l’étude du droit canonique dans le diocèse de Münster ! Apprenons les uns des autres et travaillons ensemble pour le salut des âmes ! »

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Abbé Cyprien Dukuzumuremyi
Official Permanent du TECIR

Compétence de TECIR, un peu connue
Selon l’Official du TECIR, l’Abbé Dr. Cyprien Dukuzumuremyi, la compétence de TECIR ne consiste pas uniquement à la déclaration de nullité du mariage. Il traite également des procédures relatives au sacrement de l’Ordre, des procès oraux relatifs aux différentes situations conflictuelles des baptisés catholiques, surtout quand il s’agit de la question de dommages-intérêts. Mais la faisabilité concernant ce dernier cas n’est possible que s’il existe un accord bilatéral entre l’Eglise et l’Etat. « Au Rwanda, nous n’en sommes pas encore à ce stade », fait remarquer l’Official Dukuzumuremyi.

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Mgr. Andrzej Józwowicz
Nonce Apostolique au Rwanda

Équité et véritable esprit de service pour le personnel du TECIR
Selon Mgr. Andrzej Józwowicz, Nonce Apostolique au Rwanda, l’accent doit être mis sur le caractère pastoral du Tribunal dans sa dimension spirituelle pour le salut des âmes. « La loi si elle est nécessaire, ne suffit pas en soi. Si le sabbat, comme le dit le Seigneur est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, la loi est faite aussi pour l’homme et non l’inverse. Celle-ci garde en effet une valeur et un caractère instrumental, en effet la loi reste un moyen en vue de la poursuite de la justice, pour conduire au bien. Dans ce contexte, « seulement une référence à la dimension surnaturelle et à l’amour peut enseigner à celui qui travaille dans les tribunaux », la perspicacité nécessaire en faveur d’une compassion adéquate de l’âme humaine qui permet la formulation d’un jugement juste et équitable ». Libéré par TECIR, il témoigne…
Retraité militaire de 53 ans, Jean Fidèle UWAYEZU est catholique, remarié avec Marie Gorreti BYUKUSENGE depuis 16 ans et religieusement en couple depuis 2018.

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Couple Jean Fidèle et Marie Goretti

Divorcé avec sa première femme en 2000 par un procès en sa faveur pour insultes graves et propos diffamatoires, Fidèle décrit son premier mariage comme « trop vite arrangé » et comme « une épreuve douloureuse », les fiançailles n’ayant duré que trois mois.. « Remarié en 2003 devant la loi du pays, j’ai vécu une vie bouleversée et mon cœur a été rongé par l’angoisse pendant toutes ces années », regrette-t-il, « car nous ne pouvions pas recevoir certains sacrements, et surtout, nous ne pouvions pas communier. Comme je ne cessais de me le répéter, moi (et c’était le cas aussi pour ma femme), je suis un homme pécheur. Je désirais ardemment me confesser et recevoir Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie. Mon âme avait soif de Dieu vivant et voulait vivre en harmonie avec le seigneur dès ici-bas de telle façon qu’avec ma mort vivra à jamais dans la paix et la joie avec le Seigneur. Nous avions décidé malgré nous d’accepter notre situation, car nous ne connaissions rien par rapport au fonctionnement du Tribunal Ecclésiastique, et encore moins de son existence au Rwanda. Moi je pensais que si le Tribunal existait, il ne pouvait que se trouver à Rome, et c’était impensable d’aller soumettre notre requête là-bas. Un jour, un ami m’avait informé que le Tribunal ecclésiastique avait été établi au Rwanda, mais je ne l’ai pas cru. Je me suis vite renseigné, tellement nous voulions régulariser notre vie chrétienne et reprendre la vie sacramentelle. Finalement je me suis rendu au
Tribunal ecclésiastique Interdiocésain du Rwanda (TECIR) pour exposer mon cas. Je me disais que, comme l’Eglise détient le pouvoir de lier deux individus en union conjugale, elle devrait également détenir celui de délier des âmes en péril qui désirent être délivrées. J’ai demandé au même Tribunal ecclésiastique que si, en âme et conscience, il jugeait mon cas recevable et fondé, il pouvait déclarer nul mon mariage, en partant du libelle introductif que j’avais soumis. Dans ce cas, le Tribunal aurait accompli un acte de délivrance de mon âme, et non celui de séparer ce que Dieu avait uni. Le Tribunal a donc reçu notre requête, et a procédé pendant presque deux ans en respectant les prescrits du Droit canonique en la matière. De notre coté, nous attendions patiemment, en priant Dieu pour qu’Il écoute notre souffrance. Finalement, en date du 23 Juillet 2018, le Tribunal après avoir pesé tous les éléments en fait et en droit, avait déclaré nul mon premier mariage, sur base de la simulation totale du mariage de ma part. Moi et Goretti, mon épouse, avons rendu grâce à Dieu qui nous avait ainsi délivrés, car nous recevions ainsi le droit de nous marier religieusement. Notre mariage tant attendu a été célébré en la Paroisse Sainte Famille en date du 08 Décembre 2018.
Souhaitant que le Tribunal soit mis à la disposition des fidèles qui ont besoin de ses services, M. Jean Fidèle a déclaré à la CEPR qu’il importait de l’élargir et de le fortifier « car », dit-il, « Je sais qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui se trouvent dans la même situation que nous avant, et qui malheureusement ignorent l’existence de ce Tribunal. Mon humble souhait est que ce Tribunal soit mis à la portée et à la connaissance des chrétiens, pas pour séparer ce que Dieu, dans son amour, a unit, mais surtout pour délier las âmes qui souffrent, car il y en a ».

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Photo d’ensemble du personnel sacerdotal, des religieux et des laïcs au service du Tribunal Ecclésiastique Interdiocésain du Rwanda avec les membres de l’Officialité de Münster (en Allemagne)

Le TECIR existe depuis novembre 1959. Momentanément arrêté en 1994, il a repris ses activités depuis 2007. Il est chargé par la Conférence Episcopale du Rwanda de l’administration de la justice ecclésiastique dans les diocèses. Il jouit d’un personnel sacerdotal formé, juges et ministres de la justice et défenseurs du lien. Il compte actuellement 14 ministres et juges, et un Official permanent. Il est appuyé par des Sections Locales (au niveau de chaque diocèse). En conséquence, le nombre de cas matrimoniaux à traiter a considérablement augmenté. Cependant, depuis sa création le Tribunal ne dispose pas encore de son propre bâtiment ni des équipements adéquats pour mieux rendre justice aux fidèles qui en ont besoin.

J.Marie Vianney UWITONZE

(DOCICO)