Dimanche, 04-11-18

4. Dim [1]- B - TOUS LES SAINTS [2], So, G, C, Ppr -
1e lecture : Ap 7, 2 - 4.9 - 14 ; Ps 24(23), 1-2, 3-4ab, 5-6 ;
2e lecture : 1 Jn 3, 1 - 3 ;
Évangile : Mt 5, 1 - 12a.
. Homélie donnée par le Père Bernard DOURWE, Rcj

COMMENTAIRE

Nous célébrons en la fête de la Toussaint la multitude des hommes et des femmes, qui au long des âges ont recherché et réalisé la volonté de Dieu dans leur vie. Commencée à être célébrée au IVe siècle, la fête qui unit en elle tous les saints connus et inconnus, proches et lointains est l’expression palpable de la Communion des saints entre les vivants et ceux qui nous ont précédés et qui vivent dans la gloire de Dieu. En nous proposant cette solennité, l’Eglise nous invite à vivre dans l’espérance du renouveau par-delà la mort. Elle veut aussi nous rendre conscients de la solidarité avec tous ceux qui sont entrés dans le monde invisible. Ils vivent désormais près de Dieu et ils intercèdent pour nous. Ils sont l’Eglise du ciel ou la Jérusalem d’en Haut. En les célébrants, nous sommes invités à nous mettre sur leur pas avec le regard fixé vers le Christ qui nous appelle à être saints comme Dieu est Saint.

Saint Jean dans la première lecture nous ouvre un pan de voile sur la gloire des saints auprès de Dieu. Vénus de toutes les nations, races, peuples et langues, après la grande épreuve, les saints ont lavé leurs vêtements et les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. Ils proclament les merveilles de Dieu qu’ils contemplent jour et nuit en disant : « Amen ! Louange, gloire, sagesse, et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! ». Cette vision de la grande liturgie du ciel révèle que les élus seront une multitude incalculable et qu’ils viendront de partout. En Eeffet, la vocation à la sainteté, qui est la nôtre est adressée à tous les hommes sans aucune exception. Notre plus grand échec serait de ne pas bénéficier de la gloire des enfants de Dieu auprès de lui. Nous devons donc nous efforcer au quotidien pour trouver grâce auprès de Dieu lorsqu’il viendra à notre rencontre. Pour y parvenir, nous sommes appelés à affronter avec courage et détermination les différentes épreuves qui se présentent à nous au quotidien de notre existence.

Pour saint Jean dans sa Première Lettre, ces épreuves à affronter prendront fin avec l’avènement de Dieu qui aime tous ces enfants que nous sommes. Comme peuple en marche vers la Jérusalem céleste, « ce que nous serons ne parait pas encore clairement » mais notre espérance au lendemain meilleur avec le Christ doit nous fortifier dans les combats que nous menons avec le monde qui ne connait pas Dieu et vit loin de lui. C’est à travers ces combats que nous répondrons à l’appel de Dieu qui veut que partager avec nous sa gloire.
Jésus nous propose les béatitudes comme un véritable chemin qui nous conduit à la patrie céleste. Même si le monde ne nous comprend pas et nous propose des voies faciles ou des persécutions à cause de notre engagement à la suite du Christ, nous devons toujours focaliser notre attention à être au sein de ce monde lumière du monde et sel de la terre. Les béatitudes, loin d’être irréalisables ou irréalistes deviennent notre pièce d’identité ou notre référentiel pour mener une vie de sainteté. Elles sont une invitation à être au sein de ce monde des signes vivants de l’amour gratuit de Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Elles nous appellent donc à être pauvres de cœur, doux, compatissants, assoiffés et affamés de la justice pour tous, miséricordieux, purs de cœur, artisans de paix et persévérants dans notre quête de Dieu et la promotion de l’homme. Elles nous engagent dans tous les combats de notre vie humaine et sociale en faveur de ceux qui souffrent au nom de leur foi, de leur liberté et de leur dignité. Tous ceux-là sont « heureux » non pas à cause de leurs souffrances ni de leurs misères mais plutôt parce que Dieu est avec eux comme source de leur bonheur et leur « récompense sera grande dans les cieux. »

La solennité de Tous les Saints nous interroge avant tout sur notre vocation, sur notre capacité de renoncer à nous-mêmes, à nos sécurités et même à l’idée que nous nous faisons de la sainteté. Comme Pierre et André, comme tant d’autres dans l’histoire de l’Eglise, nous devons demander et avoir le courage de savoir abandonner les nombreux filets de la vie qui emprisonnent notre vocation à la sainteté : les filets du quotidien qui peuvent entraver les exigences de l’Evangile ; le filet de l’égoïsme et le filet de l’individualisme qui limitent notre participation active à la croissance de la communauté ; le filet de la guerre avec nous-même et avec les autres, destructrice des relations sincères avec le prochain ; le filet de la paresse qui nous empêche de mettre à la disposition des autres notre temps et nos talents. Tous ces filets annulent l’esprit des béatitudes et sont des obstacles sur le chemin de la Sainteté.

Dieu éternel et tout-puissant, tu nous donne de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus : puisqu’une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces.