Dimanche, le 19-01-20

19. Dim – Vr- 2ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE- G, C, P dominicale - 1e lecture : Is 49, 3.5-6 ; Ps 40(39), 2.4ab, 7-8a, 8b-9, 10c.11bc ; 2e lecture : 1Co 1, 1-3 ; Évangile : Jn 1, 29-34. Homélie donnée par le Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo, msscc.

Première lecture (Is 49, 3.5-6) : je vais faire de toi la lumière des nations
Parole du Serviteur de Dieu
. Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai. » Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob et que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Il parle ainsi : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

Psaume responsorial (Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd) : Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens.

« Dans le livre, est écrit
pour moi ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.

Deuxième lecture (1 Co 1, 1-3) : Que la grâce et la paix soient avec vous

Moi, Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être Apôtre du Christ Jésus, avec Sosthène notre frère, je m’adresse à vous qui êtes, à Corinthe, l’Église de Dieu, vous qui avez été sanctifiés dans le Christ Jésus, vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre. Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.

Evangile (Jn 1, 29-34) : Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde

Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ’L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint.’ Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

Commentaire et méditation
Utopie théologique, rendre présent le royaume de Dieu et le Dieu du royaume.

La liturgie de ce deuxième dimanche du temps ordinaire, cycle A, coïncident sur un thème transversal qui, pour nous aider à vivre d’une manière extraordinaire, durant ce temps appelé ordinaire, affirme que Dieu veut que toute l’humanité participe et s’approprie le projet du Royaume. En effet, quand l’Eglise nous propose un temps dit ordinaire, cela ne veut dire que nous devons nous contenter « d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance » (Gaudete et exultate, No 1) ! Bien au contraire, il s’agit d’un moment de croissance, de faire un cheminement, de s’engager et de faire tout ce que nous devons faire pour que le règne de Dieu arrive. Ainsi, en toute liberté et sincérité, adviendrait-il une nouvelle façon d’être homme et femme en créant de nouveaux rapports d’être dans la société postmoderne qui est á la fois pluriel et semble former un village global. Il est donc temps de découvrir que dans notre « maison commune » (Laudato si), nous constituons une pluralité de mœurs et us, de cultures et traditions, de langues et expression, d’histoires et éthiques. Les textes que nous lisons ce dimanche se font l’écho des sujets d’actualité tout en soulignant l’universalité de l’Evangile.

La première lecture (Is 49,1 à 50,7) fait partie de la deuxième chanson du serviteur souffrant que nous trouvons chez le prophète Isaïe. Cette péricope identifie le peuple d’Israël à un « Serviteur de Dieu ». Toutefois, dans son contexte historique, ce n’est pas Israël qui représentent l’ensemble du peuple Dieu ; mais bel et bien une petite communauté des croyants qui se trouvait en exil à Babylone. C’est ce petit groupe qui maintient l’espoir et la foi que le prophète désigne comme le serviteur de Yahvé. Ce groupe, en dépit d’être quantitativement insignifiant, il se trouve également loin de sa terre, de sa maison, de sa culture et de ses traditions. Cependant, il reste toujours confiant dans le Seigneur. Il est convaincu que Dieu, fidèle à son alliance, apportera le salut à tout le peuple d’Israël et au monde entier.
Le texte d’Isaïe nous enseigne que pour sauver le monde, c’est-à-dire tout le monde et sans exception aucune, Dieu a mis ses yeux sur cette communauté et l’a chargée d’une mission d’exprimer a toute la création son désir le plus profond et ardent de sauver tous le genre humain. Le prophète qui rédige cette chanson marque une grande différence dans la compréhension du salut promis par le Seigneur, dans son alliance. Sur la terre de l’exil, le prophète annonce le salut à toutes les nations. Tous les pays auront leur race dans le projet de Dieu. Ce n’est pas seulement le peuple d’Israël et leur pays qui sont des destinateurs du salut ; mais toute la création. Mais alors, est-ce qu’une telle compréhension du salut ne continue pas d’être un défi pour nous, surtout lorsque nous prions pour l’unité des chrétiens ? Comment est-ce que nous prêchons et vivons l’universalité du salut ?

Dans la deuxième lecture (1 Co 1, 1-3), Paul confirme cette universalité du royaume de Dieu, en disant que le message du salut est pour tous ceux qui, en tout lieu et tout temps, invoquent le nom de Jésus-Christ. Bien que ce message soit adressé aux chrétiens de Corinthe d’une manière solennelle, rien ne nous empêche à dire que l’apôtre des gentils fait aussi allusion à l’Eglise universelle du Christ qui est historiquement présentait par les croyants de Corinthe. Certes, saint Paul écrit d’une façon particulière à cette communauté, mais son message, au-delà des limites de l’espace et du temps, constitue une bonne nouvelle adressée à toute l’humanité.
Tous les Hommes et toutes les femmes ont reçu la grâce de devenir enfants de Dieu. A travers Jésus, nous avons été consacrés par Dieu dans la sainte vocation. C’est-à-dire dans la « mission » de mettre en œuvre ici et maintenant les exigences du royaume de Dieu. C’est de cette façon que ferons de ce monde un endroit plus juste et plus solidaire. Nous avons une vocation et une mission de transformer ce monde en un lieu moins violent et, de moins en moins, destructeur. Une fois que nous deviendrons libres et fraternelles, nous serons en mesure d’assumer un mode de vie normal conforme et digne de ceux qui invoquent le nom de Jésus. C’est ainsi que « la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur » seront toujours avec nous, en nous, nous accompagneront partout et nous précéderont en tout !

L’Evangile de Jean (Jn 1, 29-34) revient sur l’universalité du salut de Dieu à travers la vie et la mission de Jésus de Nazareth qui est vu comme un « Agneau de Dieu ». Il est le serviteur de Dieu qui se sacrifie durant toute sa vie et se remet docilement toute sa personne à la volonté du Père. Jésus est l’envoyé du Père. Il est l’oint de Dieu dans l’Esprit. C’est lui qui incarne personnellement le serviteur du Seigneur signalé par Isaïe (49,3). Sa mission consiste á établir la justice dans le monde. Il proclame le royaume de Dieu qui apporte le salut à l’humanité toute entière.
Jean-Baptiste avait pressentit et compris cette mission de Jésus. Pour cette raison, l’ascète prophète du désert disait que celui qui vient derrière lui est le plus important. Il reconnaît Jésus le Fils de Dieu et lui rend témoignage. Bien que l’évangéliste présente cette réalité avec des images de son époque qui, d’ailleurs aujourd’hui, semblent perdre l’intelligibilité, la force est de constater que le ton est donné pour comprendre Jésus á travers l’histoire de toute créature. Ainsi découvrons-nous en Jésus de Nazareth l’Agneau de Dieu qui expie nos péchés, qui offre le sacrifié qui ôte le péché du monde et qui, avec son sang, nous rachète. Cette découverte nous engage comme responsable de l’utopie théologique. Autrement dit, elle aide a comprendre que la mission de Jésus n’est une tâche définitivement achevée. La communauté chrétienne a une mission de rendre présent le royaume de Dieu en servant le Dieu du royaume. En fait, après une rencontre profonde avec Jésus, nous serons en mesure de créer de nouvelles métaphores qui expriment et communiquent au monde l’identité de Jésus dans un langage compréhensible et accessible. Toutefois, si avec Jean Baptiste nous voulons designer « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » et si avec ces paroles nous pensons annoncer la venue du Règne de Dieu dans l’histoire humaine, nous ne devons pas déclare tout simplement l’accomplissement des antiques prophéties messianiques, car nous devons également inaugurer ces derniers temps où le salut de Dieu s’offre à tous les hommes et toutes les femmes.

Certes tout cela s’accomplit en Jésus-Christ. C’est lui le Fils élu. C’est en lui que Dieu manifeste sa gloire. Lui, le « Serviteur » consacré par l’Esprit Saint pour réunir les enfants de Dieu dispersés. Il est aussi « la lumière des nations » qui porte le salut aux extrémités de la terre. Bref, c’est lui l’Agneau de la Pâques nouvelle qui, par sa vie donnée, sa mort assumée, et sa résurrection, réalise la libération et scelle dans sa personne la Nouvelle et éternelle Alliance.

La mission salvifique de Jésus, solennellement proclamée au moment de son Baptême dans le Jourdain, atteint effectivement son sommet dans le mystère pascal, lorsque sur la croix, Lui, le véritable Agneau immolé pour nous, libère et rachète toute la création, chaque homme et chaque femme doit sentir cette libération du mal et de la mort, pour jouir effectivement de la présence du royaume. L’eau et le sang qui jaillissent de son côté ouvert sont comme deux rayons de lumière qui veulent rejoindre le cœur de chacun pour nous faire miséricorde, nous réconcilier avec le Père en faisant de nous des fils et des filles du Dieu du royaume. Comme nous le décrit le livre de l’Apocalypse, c’est bien lui l’Agneau immolé, debout et vainqueur. Il est le flambeau des sauvés qui sommes appelés à marcher à sa lumière (Cf. Ap 21, 23-24).

Ce salut que Jésus apporte se rend accessible aux hommes et aux femmes de toutes les époques grâce au sacrement du baptême. Jésus baptisera, nous dit Jean-Baptiste, dans le feu de l’Esprit-Saint. Après lui, l’Eglise à qui il l’a confié ce pouvoir continuera ce ministère de rédemption en rendant efficace la présence du salut à travers le cours des siècles. Voilà pourquoi les chrétiens, sanctifiés par l’Esprit dans le baptême, sommes « ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom du Seigneur Jésus-Christ ». L’Esprit qui met dans nos cœurs et sur nos lèvres le nom du Père, Abba, en nous réconciliant avec lui est le même qui dépose en nous le nom de Jésus Sauveur. Il est aussi le même qui nous consacre et nous envoie.

Puissions-nous être une présence lumineuse de la vie de l’Esprit reçu le jour de notre baptême auprès de tous ceux et toutes celles que nous croisons sur notre route. Pour ceux-là qui cherchent le Christ mais qui ne l’ont pas encore rencontré, soyons des témoins qui signalent sa présence parmi nous. Soyons la présence réelle du Christ face à ces personnes qui n’ont pas encore fait l’expérience significative de son amour et de sa miséricorde. En fin demandons au Seigneur en ce dimanche que lui-même nous renouvèle et nous donne les forces nécessaires pour vivre selon la grâce baptismale. Que notre baptême soit la grande ressource de l’esprit missionnaire. Qu’il soit la meilleure manière de dépasser notre égoïsme et notre narcissisme. Qu’il soit une occasion de donner à notre cœur et à notre vie de nouvelles dimensions d’une Eglise qui serve les intérêts du royaume de Dieu et ouvre les horizons qui désignent dans les quatre points cardinaux le Dieu du royaume.

Frères et sœurs, l’Eucharistie est précisément le lieu privilégié où nous sommes renouvelés dans la grâce de notre baptême parce qu’elle est le mémorial vivant et efficace du mystère de notre rédemption. En effet, la prière sur les offrandes de la liturgie de ce dimanche nous le rappelle que : « Chaque fois qu’est célébré le sacrifice de l’eucharistie en mémorial, c’est l’œuvre de notre rédemption qui s’accomplit ». A chaque eucharistie, Jésus Christ, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, nous est présenté. L’œuvre du salut réalisée par notre Seigneur dans son mystère pascal n’est pas seulement à rattacher à un événement du passé ; elle se rend présente dans l’aujourd’hui de l’Eglise grâce à la puissance de l’Esprit qui agit à travers les signes liturgiques, mémorial vivant et efficace du mystère de la rédemption. En célébrant les rites sacrés, à commencer par l’eucharistie, l’Eglise, fidèle aux commandements du Seigneur « ouvre aux fidèles les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur ; de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présents tout au long du temps, et que les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut ». (Sacrosanctum Concilium, 102)

Tout compte fait, bien aimes de Dieu, malgré les mensonges et les tricheries qui existent dans notre époque, il n’existe personne qui ne cherche la vérité, le bonheur et le salut. D’une certaine manière, nous sommes tous des chercheurs du royaume de Dieu et du Dieu du royaume ! Car nous cherchons pour trouver cela et une fois que nous pensons l’avoir trouvé nous continuons à chercher parce que nous sommes en quête d’une plénitude de salut et de bonheur que seul Dieu peut nous donner. En vertu de cette solidarité et avec un cœur généreux, prions pour tous les hommes et pour toutes les femmes, offrons ces petites et ces grandes choses qui nous pèsent dans notre quotidien afin que tous puissent trouver Jésus, cet unique sauveur que nous cherchons, peut-être à tâtons. Dans les difficultés et l’obscurité de notre existence, surtout á chaque eucharistie, laissons-nous embraser par le feu de l’Esprit et transformer par l’Amour du Seigneur pour devenir nous-mêmes dans le Christ des lampes vivantes de charité, des témoins vivants de l’amour de Dieu pour tous les hommes et toutes les femmes.

Prière scripturaire et communautaire
Dieu de l’univers, c’est toi notre Père et notre mère ! Tu es la lumière qui éclaire chaque homme et chaque femme qui vient dans le monde. Nous te demandons de nous donner le courage pour que nous puissions enlever l’obscurité dans ce monde pour que ta lumière arrive et chasse le péché dans nos sociétés. A l’instar de Jésus ton Fils et notre grand frère, nous sommes prêts à assumer le péché du monde en vue de faciliter son éradication, conformément á ton projet. Père saint, infini Mystère, vie en plénitude, aujourd’hui, nous reconnaissons que tu es présent au cœur de tous nos frères et de toutes nos sœurs qui cherchent l’amour et la vie. Parfois sans le savoir, mais toujours émus par toi, nous voulons voir l’agneau qui enlève le péché du monde et de tous le monde. Illumine nos yeux, donne-nous un cœur léger capable de contempler ce qui bon, noble et fidèle dans ce village global et pluriel. Dirigés et guidés par ton Esprit, nous aimerions désigner des agneaux de Dieu qui, aujourd’hui et dans « la porte voisine » enlèvent le péché du monde en assumant les souffrances et en préparant tes chemins dans les cœurs humains. Marie mère de ceux qui vivent ensembles sans minimiser les différences ; prie pour nous. Mère du Verbe de Kibeho soit notre modèle lorsque nous prêchons l’utopie théologique et rendons présent le royaume de Dieu et servons le Dieu du royaume par nos expériences vitales. Amen !