Dimanche, 27-10-19

27. Dim – Vr – TRENTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE G, C, P dominicale1 e lecture : Si 35, 12 – 14.16 - 18 ; Ps 34(33),2-3,16-19.23 ; 2 e lecture : 2 Tm 4, 6 – 8.16 – 18 ; Évangile : Lc 18, 9 – 14.
Homélie donnée par Abbé Valens NSABAMUNGU, prêtre du diocèse de BYUMBA

Nous tendons vers la fin de l’Année liturgique C. Les lectures d’aujourd’hui reviennent sur l’attitude à adopter dans la vie courante et surtout durant la prière : l’humilité et la sincérité. Saint Paul nous invite à faire l’examen de conscience de notre vie. Suis-je arrogant, vantard et orgueilleux ou doux et humble de cœur ?
Dans l’Évangile, Jésus, fustigeant l’hypocrisie des ceux qui se croyaient justes et méprisaient les autres, nous brosse le tableau de deux personnages en prière : le pharisien et le publicain. Le premier, se tenant devant Dieu, dit : « Mon Dieu, je te rends grâce car je ne suis pas comme les autres hommes, voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne (Lc 18, 11) ». Le second, le publicain se tint à distance et n’osait pas même lever les yeux vers le ciel. Il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis (Lc 18, 13) ». La première personne qui entre en scène dans la parabole de ce dimanche est un pharisien, c’est-à-dire le membre d’un mouvement religieux juif, qui se considère comme pur. Il est celui qui observait littéralement toute la loi juive. Ainsi, comme nous pouvons le remarquer, la prière du pharisien ressemble à un monologue : il parle de lui-même. Il énumère toutes ses performances en matière de religion : il jeune deux fois par semaine et il s’acquitte de la dîme avec ponctualité. La prière du pharisien peut se résumer en ces mots : « Dieu, regarde comment je suis parfait... ». C’est la prière de l’homme qui est plein de lui-même... Selon Jésus, pareille prière ne convainc pas Dieu. Le second, le publicain, se tint à distance et n’osait pas même lever les yeux vers le ciel. Il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Le pharisien se moquait des autres personnes notamment du publicain. Il se comparait avec lui et posait des hypothèses, des polémiques, des antithèses. Il évalue en disant qu’il n’est pas comme les autres hommes, voleurs, injustes, adultères. Il fait un procès et se déclare pur, immaculé. Au lieu de parler de lui, de faire son examen de conscience, il fait un procès d’intention. Il porte le regard sur d’autres au lieu de porter le regard sur soi-même, il argumente, il explique, il juge. Il discute avec Dieu car il n’est pas conscient de sa petitesse et de sa pauvreté. Au lieu de s’occuper de ses oignons, il s’occupe des affaires d’autrui. Sa prière n’a eu aucun effet sur lui ! Il est venu devant Dieu pour vanter et étaler ses mérites en mettant de côté ses défauts, ses vices ! Le publicain, lui, confesse humblement ses manquements, ses vices et rentre absous. La prière du publicain est brève et intense : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ». Elle comprend une seule intention : il évoque la miséricorde de Dieu. Au lieu de se tenir debout, de s’exposer dans une attitude remarquable comme le pharisien, le publicain se replie sur lui-même, se frappe la poitrine, entre dans le secret de son cœur.

Que les membres de la famille, époux, épouse et enfants, imitent l’attitude du publicain, et s’éloignent de s’accuser mutuellement à tort et à travers. Que les membres de nos sociétés adoptent la même attitude du publicain, et nous aurons moins de heurts, moins de querelles, moins de divisions idéologiques, moins de guerres fratricides, moins de misères matérielles, psychiques et spirituelles.
Autant ferons-nous l’examen de conscience, l’introspection à l’aide de la grâce de Dieu, autant notre prière sera-telle efficace. Autant ferons-nous un progrès spirituel. La prière aura un impact positif sur notre vie personnelle, familiale que professionnelle. Durant la prière, je m’occuperai de moi, de mes vices. Je resterai sur mon terrain, sur ce qui me concerne. Le pharisien, lui, se compare, et argumente, et évalue. Il est orgueilleux, il n’est pas humble ; or Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce (1 Pierre 5,5). Soyons donc doux et humbles de cœurs. Respectons l’autre dans ce qu’il est, dans ce qu’il dit, dans ce qu’il fait et apportons notre contribution pour l’enrichir, et ne pas nous opposer ou nous comparer à lui.

La première lecture nous parle de Dieu, Juge impartial. Il prend la défense des vulnérables et écoute la prière de l’opprimé (Si 35,13). Le psaume 113 verset 7 dit : « Le Seigneur relève le faible, du fumier il retire le pauvre ». Le Seigneur aime autant le riche que le pauvre. Il voudrait que l’on s’entraide mutuellement. La pauvreté et la richesse sont neutres. L’essentiel est la façon dont on se comporte devant la richesse ou la pauvreté. Conduisons-nous donc honnêtement que l’on soit riche ou pauvre. Les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté défendront les pauvres, les déshéritées, les laissés-pour-compte, comme le Seigneur. Ils le feront individuellement et collectivement en soutenant les initiatives ecclésiales comme la Caritas, au niveau local qu’à l’échelle supérieure pour défendre la dignité de tout homme.

La deuxième lecture semble une introspection pour saint Paul. Il parle des péripéties qu’il a vécues. Il a subi tant d’épreuves, d’outrages, la prison, la flagellation. Il a échappé à la gueule du lion (2 Tm 4, 17), dit-il. Malgré tout, il a tenu bon jusqu’au seuil de sa vie : « Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle ». Qu’est-ce que je dirais de ma vie, de ma relation avec le Christ ? Avec mon entourage ? Je m’en félicite comme saint Paul ou je m’en plaints ? Je suis froissée et confondu ? Je gagne la bataille ou j’ai déserté ! Du moins je me vois lutter ou je suis passif ? Fais donc l’examen de conscience de qui tu es comme personne, comme chrétien, comme citoyen, comme membre de telle association. Quelle ma contribution ? Quel mon impact ?
Soyons doux et humbles de cœurs dans notre prière comme dans notre vie.

Abbé Valens NSABAMUNGU, prêtre du diocèse de BYUMBA