Dimanche, 19-05-19

19. Dim – B - CINQUIÈME DIMANCHE DE PAQUES - G, C, P Pascale, 1e lecture : Ac 14,21b-27 ; Ps 145(144),8-13 ; 2e lecture : Ap 21,1-5a ; Évangile : Jn 13,31-33a.34-35, MEDITATION DONNEE PAR le Père Jean Bosco NSENGIMANA MIHIGO, msscc

Première lecture : Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 14, 21b-27)
Ils racontaient aux membres de l’Église tout ce que Dieu avait fait avec eux

Paul et Barnabé, revenus à Iconium et à Antioche de Pisidie, affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui. Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent vers Attalia, et prirent le bateau jusqu’à Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils venaient maintenant d’accomplir. A leur arrivée, ayant réuni les membres de l’Église, ils leur racontaient tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi.

Psaume responsorial : Lecture du livre des Psaumes (Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab)
Béni sois-tu à jamais, Seigneur, Dieu de l’univers !

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.

Deuxième lecture : Lecture de l’Apocalypse (Ap 21, 1-5a)

Voici que je fais toutes choses nouvelles

Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et il n’y avait plus de mer. Et j’ai vu descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux. Et j’ai entendu la voix puissante qui venait du Trône divin ; elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront son peuple, Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n’existera plus ; et il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse ; car la première création aura disparu. » Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »

L’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 13, 31-33a.34-35)

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt. « Mes petits-enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »

Commentaire et méditation

Apres la 56eme Journée mondiale de prier pour les vocations, célébrée le dimanche passé, ce cinquième dimanche prolonge la liturgie de la quatrième semaine qui nous présentait la parabole du Christ à la fois bon pasteur et berger qui donne sa vie pour les siens. Nous avons encore cette favorable occasion pour penser et repenser la mission de l’Eglise et de promouvoir les ouvriers dont la vigne du Seigneur aurait besoin ! Par ailleurs, aujourd’hui, d’aucuns peuvent méditer sur le nombre des candidats au sacerdoce qui, apparemment se trouve dans une chute libre dans certains pays. D’aucuns peuvent se décourager en découvrant que les essais, maintes fois et souvent annoncées pour effectuer un redressement, ne sont guère significatives. L’on se demanderait, non sans raison, ce qui se passe ! Le Seigneur aurait-il cessé d’appeler des jeunes à travailler dans sa vigne ? Sommes-nous devenus sourds aux appels pressants qui nous invitent, nous aussi, à aller dans sa vigne (Mt 20,7) ? Toutefois, une question plutôt réaliste et qui se situe entre les lignes tracées par le pontificat du Pape François s’interrogerait sur la qualité des vocations que l’Eglise a aujourd’hui besoin. De quelles vocations avons-nous besoin ?
Les lectures de ce cinquième dimanche nous donnent des réponses probantes à la précédente problématique. En effet, l’extrait du livre des Actes des apôtres (Ac 14, 21b-27) continue à nous raconter le succès missionnaire de Paul et Barnabé à travers les nations. Etant donné que Dieu avait ouvert la porte de la foi aux non-juifs ; afin qu’eux aussi accèdent au salut (v.27), Paul et Barnabé répandent la Bonne Nouvelle partout dans le monde des "gentils". Aussi n’oublient-ils pas de raconter « aux membres de l’Église tout ce que Dieu avait fait avec eux. » Le rapprochement entre l’œuvre des disciples vis-à-vis de la communauté et vis-à-vis de Dieu devrait nous interpeler. La mission que Dieu confie aux croyants est une œuvre commune. Il s’agit de l’œuvre de Dieu lui-même. Car c’est lui qui confie à tel homme ou à telle femme une mission. Puis être conscient que cette œuvre est réalisée par la personne soutenue, accompagnée et inspirée par Dieu, nous permet de faire tout avec sérénité tout en laissant à Dieu la première place.

Le psaume responsorial de ce dimanche (Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab) nous introduit dans la spiritualité du monde à venir. Il nous positionne dans la contemplation des choses nouvelles que Dieu, réalise à travers les croyants de tous les siècles (cf. Ap 21,5). A travers cette œuvre recréatrice, nous entrons dans l’économie de la Révélation. L’insistance sur la royauté d’un Dieu, d’amour et plein de compassion serait une invitation pressante à ne jamais faire confiance à des idoles. Notre seul roi, notre seul maître, c’est ce Dieu d’amour. Par conséquent, nous disposons à ne servir que lui seul dans une Église en sortie vers les périphéries humaines. C’est-à-dire une Église aux portes ouvertes pour recevoir la vie telle qu’elle nous arrive (cf. E.G. 46). Une Église appelée à être toujours la maison ouverte du Père. De sorte que, si quelqu’un veut suivre une motion de l’Esprit et s’approcher pour chercher Dieu, il ne rencontre pas la froideur d’une porte close pour n’importe quelle raison (cf. E.G. 46).

Ce psaume nous révèle une des raisons qui constitue la crise vocationnelle que l’Eglise travers aujourd’hui. N’est-ce pas que durant des siècles nous avons fermé les portes des sacrements, de telle manière que même le sacrement qui est « la porte » comme le Baptême rencontre des entraves et des empêchements plus ou moins irrationnels ? Comment interprétons-nous le Pape François quand il nous rappelle que « L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » (E.G. 47) ? Sommes-nous prêts pour « une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins » où nous préférons « une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités ? » Est-ce que nous captons l’urgence d’une transformation vers « une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. » (E.G. 49)

La deuxième lecture (Ap 21, 1-5a) relance ce débat lorsque saint Jean, le voyant de Patmos, encourage notre espérance avec sa magnifique vision « d’un ciel nouveau et d’une nouvelle terre » comme le grand objectif des efforts que nous déployons afin de transformer les réalités de la mort qui nous entourent et de racheter le monde en utilisant les forces vitales du Ressuscité. Ce texte nous invite à inventer une nouvelle réalité de la justice, la paix et l’amour fraternel. C’est ainsi que la nouvelle Jérusalem descendra du ciel auprès de Dieu et sera préparée comme une épouse parée pour son époux. Nous sommes conviés à promouvoir cette merveilleuse espérance pour contrecarrer les défaitistes qui, à base des présumées prophéties incompatibles avec les promesses de la Nouvelle Alliance que le Christ a scellé à travers sa passion et son triomphe de la mort, nous menacent à travers l’inexorable destruction du monde. Or, d’après l’exalté visionnaire Jean, ce monde est la demeure de Dieu avec les hommes. Dieu demeurera avec eux et ils sont son peuple. Dieu lui-même restent avec eux. Il console son peuple en essuyant toute larme de leurs yeux. La mort qui les inquiétait n’existe plus. Il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse ; car la première création a disparu. Toutes choses sont nouvelles.

Bref, la nouvelle Jérusalem qui descendait du ciel, dans la vision de Jean, c’est la cité d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle. Cependant, ces réalités apocalyptiques sont également un don et une tâche. En tant que don gratuit de Dieu, ce n’est pas notre mérité. Nous devons les accueillir ; mais en tant que tâche, la terre nouvelle et le ciel nouveau c’est un fruit de notre responsabilité. La problématique qui reste ouvert consiste à relier correctement les deux dimensions qui combinent l’espérance eschatologique et l’engagement historique. Comment cela doit se faire ?
L’évangile de ce dimanche nous présente quelques versets du grand discours d’adieu que Jésus aurait tenu durant la nuit de la dernière Cène (Jn 13, 31-33a.34-35). Le Maître donne son testament spirituel à ses disciples. C’est le grand commandement de l’amour qu’il institue comme un signe visible et lisible qui témoigne l’adhésion des disciples à l’enseignement de leur Maître. Cette expérience réelle et émotionnelle de la fraternité sera le signe distinctif des chrétiens.

La communauté mondiale qui connait des divisions et la terreur pourra identifier la différence entre des vrais disciples et des faux ou semblants-disciples en voyant que des disciples s’aiment mutuellement et gardent ce mandat d’amour comme leur règle éthique. Jésus confirme que la loi est toujours un moyen de réaliser l’amour. Celui qui aime montre qu’il se conforme aux autres dispositions de la Loi. Il est possible que la communauté chrétienne primitive aurait longuement discuté de ce que devrait être le propre et son signe distinctif, c’est-à-dire ce qui serait uniquement trouvable chez ses membres. A cet effet, elle rappelle ces paroles que le « Disciple-bien-Aimé » met sur les lèvres de Jésus. Ne serait-il pas ce signe qu’il faut donner à notre monde plein d’égoïsme, l’envie, le ressentiment et la haine ? N’est-ce pas que la communauté chrétienne est appelée à témoigner de quelque chose de la réalité complètement nouvelle et différente à savoir l’amour fraternel ?
L’une des principales raisons pour lesquelles tant de chrétiens quittent l’Eglise résiderait possiblement dans l’absence d’un témoignage ouvert et déterminé de l’amour au sein de la communauté. Très souvent, nos communautés sont de véritables champs de bataille, de confrontation des uns contre des autres. Des convoitises, la course au pouvoir, la recherche de l’avoir dissimulent le message évangélique au sein de nos communautés. On dirait que nous ne reconnaissons pas dans l’autre l’image de Dieu. Cette attitude affecte la foi et frustre la bonne volonté de nombreux croyants. Par ailleurs, nous ne voulons pas dire que nous avons besoin des communautés et des groupes qui sont totalement exempts des conflits. Car quelque fois les conflits sont nécessaires et dans une certaine mesure, ils sont des signes d’une invitation vers une maturité humaine.

L’amour que Dieu ordonne comme signe distinctif de ses disciples peut être une cause de conflit. N’est-ce pas que les anciens disaient que « Qui aime bien châtie bien ? » L’amour n’exclue donc pas l’atmosphère de discernement au sein de la communauté. Bien au contraire, l’amour qui purifie la foi doit être fondé sur l’évangile. Les conflits, en termes de respect et d’amour chrétien nous permettent d’apprendre la valeur de la tolérance, le respect de la diversité et l’amélioration de notre compréhension.

Les conflits ainsi compris contribuent à purifications de nos relations. Là où il y a plus d’une personne, il est inévitable qu’il y ait de différentes compréhensions. Il faut donc créer l’espace pour construire et développer la pluralité. Cette pratique exige la foi l’ouverture au changement et, surtout, la volonté d’être rempli par la puissance vivante de Jésus. Seulement dans cette mesure, notre vie humaine et chrétienne acquière de plus en plus un sens et devient un témoignage authentique de l’évangélisation. N’est pas à cela que nous invite la synodalité vers lequel l’actuel Pontificat nous invite ?

En sommes lorsque Jésus lui-même nous dit « voici mon commandement » c’est parce qu’il l’a placé dans le centre de sa vie l’amour affectif, effectif et oblatif ! « Comme je vous ai aimés » précise-t-il. Puissions-nous accepte que Jésus soit toujours le modèle exemplaire et la mesure des progrès que nous devons accomplir dans notre amour ! En cela et nulle part ailleurs nous avons une tâche réelle de l’être humain et de l’être chrétien.

La prière scripturaire et communautaire
Seigneur, notre Dieu, Père de Jésus Christ et notre Père, en Jésus de Nazareth, tu nous as donné une loi nouvelle qui doit caractériser ton nouveau peuple saint. Ce nouveau commandement consiste à nous aimer nous-même d’un amour affectif, effectif et oblatif, aimer le prochain d’un amour qui suit l’exemple du Christ qui nous a aimés et s’est livré pour nous. Donne-nous, en tant que chrétiens et chrétiennes, des forces nécessaires pour mener une vie qui témoigne de cet amour. Que ton Esprit Saint nous inspire la grâce de proclamer cette Bonne Nouvelle à travers l’univers entier. Marie, mère d’un peuple qui s’aime, prie pour nous. Mère du Verbe de Kibeho assiste les efforts qui visent à donner élan nouveau à l’Eglise de ton Fils. Amen.

Pour la prière des fidèles
Prions pour le commandement de l’amour fraternel soit l’unique loi universelle qui guide l’Eglise, au-dessus tous les canons, les règles ou les traditions : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Pour l’amour fraternel, l’acceptation inconditionnelle de l’autrui, la tolérance, et bien d’autres formes d’amour soient le signe de notre identité comme disciples : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Que le nouveau ciel et la nouvelle terre restent l’idéal et l’utopie de notre engagement chrétien : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Pour que notre société ne manque la mystique des yeux ouvert comme l’utopie du royaume : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Pour qu’il y ait dans l’Eglise une prise de conscience de plus en plus missionnaire et œcuménique : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Que l’ouverture envers tous les peuples, cultures et religions, nous urge tous et toutes : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.

Même si nous risquons d’avoir une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins : Dieu de tendresse et d’amour écoute-nous.