Dimanche, 03-03-19

3 Dim – Vr – HUITIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE- G, C, P dominicale
1è lecture : Si 27, 4-7 ; Ps 92(91), 2-3, 13-14, 15-16
2è lecture : 1 Co 15, 54-58
Évangile : Lc 6, 39-45
Homélie donnée par Père Bernard Dourwe, Rcj.

PREMIERE LECTURE – Livre du livre de Ben Sira le Sage 27, 4 – 7
4 Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ;
de même, les petits côtés d’un homme
apparaissent dans ses propos.
5 Le four éprouve les vases du potier ;
on juge l’homme en le faisant parler.
6 C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ;
ainsi la parole fait connaître les sentiments.
7 Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé,
c’est alors qu’on pourra le juger.

PSAUME – 91 (92), 2-3. 13-14. 15-16

2 Qu’il est bon de rendre grâce au SEIGNEUR,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
3 d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits.
13 Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
14 planté dans les parvis du SEIGNEUR,
il grandira dans la maison de notre Dieu.
15 Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
16 pour annoncer : « Le SEIGNEUR est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »

DEUXIEME LECTURE – Première lettre de Saint Paul aux Corinthiens, 15,54-58

Frères,
au dernier jour,
54 quand cet être périssable
aura revêtu ce qui est impérissable,
quand cet être mortel
aura revêtu l’immortalité,
alors se réalisera la parole de l’Ecriture :
la mort a été engloutie dans la victoire.
55 O mort, où est ta victoire ?
O mort, où est-il ton aiguillon ?
56 L’aiguillon de la mort,
c’est le péché ;
ce qui donne force au péché,
c’est la Loi.
57 Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire
par notre Seigneur Jésus Christ.
58 Ainsi, mes frères bien-aimés,
soyez fermes, soyez inébranlables,
prenez une part toujours plus active à l’oeuvre du Seigneur,
car vous savez que, dans le Seigneur,
la peine que vous vous donnez
n’est pas perdue.

EVANGILE – selon Saint Luc, 6, 39-45

En ce temps-là,
39 Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
40 Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.
41 Qu’as-tu à regarder la paille dans l’oeil de ton frère ?
Alors que la poutre qui est dans ton oeil à toi,
tu ne la remarques pas ?
42 Comment peux-tu dire à ton frère :
Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton oeil,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton oeil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’oeil de ton frère.
43 Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
44 Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
45 L’homme bon tire le bien
du trésor de son coeur qui est bon ;

MEDITATION

À quoi reconnaît-on un arbre ? À ses fruits ! Voilà des critères de valeurs pour nous-même, nos communautés et pour les propositions qui nous sont faites. Les fruits de notre cœur ? Nos paroles et nos actes ? Ben Sirac, bien avant Jésus-Christ, nous avait conseillé d’y faire attention et Jésus dans l’Evangile nous met en garde contre les jugements que nous faisons aux autres. Saint Paul quant à lui nous invite à nous réjouir dans le Christ victorieux de la mort par sa mort et sa résurrection.

Ben Sirac à travers des maximes et des proverbes provenant d’horizons divers, nous livre quelques paroles de sagesse. Nos paroles nous trahissent, dit-on ; la vie de tous les jours nous le fait bien comprendre : la parole de l’homme révèle ce qu’il est. Elle permet le dévoilement de l’être, la manifestation de notre identité et l’expression de notre intériorité. L’homme invité à la sagesse doit en faire bonne usage de la parole. Car elle est source de bien autant que source de mal en fonction de son usage. Elle détermine notre être au sein de la société.

Au terme de son grand exposé sur la résurrection dans sa première lettre aux corinthiens, Paul éclate de joie : ô mort, où donc est ta victoire ? Son enseignement devient chant d’action de grâce. Grace à sa foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous donner la vie en abondance, saint Paul est convaincu que la mort ne saurait avoir le dernier mot. Elle a été vaincue au pied de la croix. Point n’est plus besoin pour nous chrétiens d’avoir peur d’elle et de nous affoler lorsqu’elle arrive. La victoire du Christ l’a anéantie une fois pour toute. Nous devons donc marcher confiant en affrontant les épreuves de notre vie avec le regard fixé sur le Christ qui nous attend pour la félicité éternelle. Dans cette marche vers la cité de Dieu, la mort devient un passage, une porte d’entrée et non pas l’expression d’un chaos, d’un désespoir ou d’une fin à fuir.

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous met en garde contre un esprit faussé qui nous ferait mal voir et les autres et nous-mêmes. « Un aveugle peut-il garder un autre aveugle ? » Dans la foule, Jésus vise d’abord ceux qui se présentent comme les guides du peuple : scribes, prêtres et pharisiens… mais ce qu’il leur dit vaut pour chacun de nous. Qui de nous n’a pas une certaine responsabilité d’éduquer, de témoigner et parfois de juger, de décider… ? Qui de nous ne se donne pas le droit de juger les autres et d’intervenir dans leur vie ? Mais sommes-nous habilités et surtout aptes à bien le faire ? À vérifier d’abord la qualité de notre vue. Si nous voyons tout sombre c’est peut-être que nous portons des lunettes sombres ou que nous avons la cataracte, alors nous risquons de maudire même le jour et de critiquer les couleurs…
Mais plus encore, nous risquons d’avoir le regard faussé parce que nous avons l’esprit faussé. Il peut y avoir une poutre dans notre œil qui ne laisse plus passer que quelques lueurs sur les côtés. Alors nous ne voyons plus l’autre dans la globalité de la vie, mais nous n’en retenons que quelques défauts que nous voudrions vite enlever afin qu’il nous ressemble. Mais si nous sommes sur un chemin de ténèbres et de mort voyons où nous risquons de l’entraîner. C’est pourquoi, nous dit Jésus, enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil.

Dans la vie relationnelle nous n’avons pas à vouloir changer l’autre, ce n’est pas possible. Nous devons veiller à nous changer nous-même, afin de faire advenir – un peu plus – la justice, la bonté, la paix, l’amour, etc. Nous avons à œuvrer pour cela, à nous donner de la peine. C’est vrai qu’alors, peut-être, car il est libre, l’autre à son tour changera. Et il changera à son rythme pour devenir lui-même. C’est ainsi que Dieu agit pour chacun de nous et avec quelle patience.

Tu nous as réunis, Seigneur, pour que cherchant ensemble ta volonté nous vivions dans l’amour comme des disciples du Christ. Mets en nous le désir de ce qui est vrai, tiens nous dans ta lumière, garde nous dans un esprit de paix ; et quand nous aurons vu ce que tu demandes, aide nous à l’accomplir d’un même cœur, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Père Bernard Dourwe, Rcj.