Mgr Andrzej J., Nonce Apostolique au Rwanda, encourage l’Education Catholique du pays

Excellence, Mgr. Philippe RUKAMBA, Évêque de Butare et Président de la Conférence Episcopale du Rwanda,
Excellence, Mgr. Thaddée NTIHINYURWA, Archevêque de Kigali et vice- Président de la Conférence Episcopale du Rwanda,
Excellence M. le Ministre de l’Éducation, représentants des autorités politiques, militaires et civiles,
Chers Excellences, confrères dans l’Épiscopat,
Révérend Père Onesphore, Responsable de l’Éducation catholique à Kigali
Révérend Directeur du Collège Saint-André, Révérends prêtres, religieux et religieuses,
Bien chers directeurs d’écoles catholiques, professeurs, enseignants, formateurs ainsi que vous, chers étudiants d’écoles catholiques,
Chers frères et sœurs dans le Christ !

Yezu Akuzwe !

Je tiens à remercier de tout cœur le Président de la Conférence Épiscopale, Mgr Philippe Rukamba, ainsi que l’Archevêque de Kigali, Mgr Thaddée Ntihinyurwa et le responsable de l’Éducation catholique au niveau de l’Archidiocèse de Kigali, M. l’abbé Onesphore, pour l’aimable invitation qu’ils m’ont adressée de participer à la cérémonie de clôture de la semaine nationale des écoles catholiques au Rwanda.

Ce qui m’impressionne beaucoup et m’encourage, c’est qu’au Rwanda les institutions éducationnelles catholiques sont partout présentes dans le pays, dans les villes, dans des zones rurales lointaines et éloignées, dans les régions à majorité catholique aussi bien que dans celles où les catholiques sont une minorité. Face à une si grande diversité de situations, les écoles catholiques, qui comptent pour plus ou moins la moitié de toutes les écoles du pays, qui jouissent d’une bonne réputation et d’un excellent niveau d’éducation et de formation humaines et chrétiennes e et surtout tout ça s’efforcent à être accessibles à tous les enfants sans distinction aucune.

Comme l’a souligné le Pape François à plus d’une reprise : « L’on ne peut pas parler d’éducation catholique sans faire référence à l’humain, parce que précisément notre identité catholique c’est Dieu qui s’est fait homme. Quand nous proposons des attitudes, de riches valeurs humaines, nous ouvrons la porte à une semence chrétienne. Par la suite, c’est la foi qui arrive. Éduquer de façon chrétienne ce n’est pas seulement enseigner la catéchèse : ce n’en est qu’une dimension. Éduquer chrétiennement c’est faire grandir les valeurs humaines chez les jeunes, les enfants dans toute leur réalité, et une d’entre celles-ci c’est la ‘ transcendance’, lorsque nous en arrivons à dépasser notre petit monde matériel et entrer dans ce qui est spirituel et déterminé par le Dieu créateur. De nos jours, il existe une tendance vers un certain néo-positivisme, où l’on ne considère que les choses immanentes, celles qui sont présentes dans notre monde matériel, ce qu’on peut voir, toucher et ressentir sans faire référence aucune au Dieu créateur ».

Chers professeurs, formateurs et étudiants, pour le Pape la plus grande crise dans le domaine de l’éducation du point de vue chrétien, c’est une fermeture étanche à la transcendance dans les systèmes éducatifs d’aujourd’hui. Écoutons ce que dit le Pape : « Si nous fermons la porte à la transcendance, nous la fermons aussi au monde spirituel qui va au-delà de notre monde matériel et des réalités psychologiques et nous demeurons ainsi incomplets et plus pauvres au niveau de notre éducation et de notre formation humaine. L’éducation ne peut pas être neutre comme veulent nous l’imposer aujourd’hui les diverses idéologies libérales. Elle est soit positive ou négative ; elle enrichit ou appauvrit ; elle fait grandir une personne ou la déprime et peut même la corrompre. N’oubliez jamais ceci ! Que dans l’éducation une chose qui est très importante, c’est qu’une défaite propre est toujours plus belle qu’une victoire sale ! Quand on jette un regard sur les systèmes d’éducation dans divers pays, on a la nette impression que l’éducation est devenue trop sélective et réservée à l’élite. Il semblerait que seules les personnes qui jouissent d’un certain niveau, ou qui ont des capacités intellectuelles, auraient droit à l’éducation et non pas les autres enfants. Nous voilà en face d’une réalité mondiale honteuse. C’est une réalité qui pave la route vers une sélectivité humaine qui au lieu de rapprocher les peuples et les sociétés, ne fait que les éloigner ; elle éloigne les riches des pauvres ; elle éloigne une culture d’une autre
Aujourd’hui, dit le Pape, nous avons besoin d’une « éducation d’émergence » ; il faut miser sur une éducation informelle, parce que l’éducation formelle s’est appauvrie suite à l’hérédité du positivisme fondé sur le matérialisme. Celui-ci ne conçoit qu’un technicisme intellectuel et un langage de la tête. Il faut rompre avec ce schéma ».

Chers éducateurs, enseignants et formateurs, voici ce que nous enseigne le Pape : « Il faut s’ouvrir à d’autres horizons, créer de nouveaux modèles… Il existe trois langages : le langage de la tête, le langage du cœur, le langage des mains. L’éducation doit pouvoir se mouvoir sur ces trois routes. Enseigner à penser, aider à bien comprendre et accompagner dans l’action… c’est-à-dire que ces trois langages doivent fonctionner en harmonie ; que l’enfant, le jeune, réfléchisse sur ce qu’il comprend et fait, qu’il comprenne ce qu’il pense et qu’il fait, et fasse ce qu’il pense et comprend. C’est ainsi que l’éducation devient inclusive parce que tous peuvent se trouver une place ; inclusive aussi du point de vue humain. Actuellement le pacte éducatif a été rompu suite au phénomène de l’exclusion. Nous sommes à la recherche des meilleurs, des plus aptes à être choisis – parce qu’ils sont les plus intelligents ou ou ceux qui ont le plus d’argent à payer pour la meilleure école ou université – et nous laissons de côté les autres. Le monde ne peut pas continuer avec l’éducation sélective parce qu’il n’existe pas un pacte social qui convienne à tous. Et c’est là un défi pour nous aussi : il faut chercher des voies d’éducation informelle telle que celle de l’art, du sport et de tant et tant d’autres choses... La vraie école doit enseigner des concepts, des habitudes et des valeurs ; et lorsqu’une école est incapable de faire tout cela à la fois, cette école est sélective et exclusive en faveur d’un petit nombre de personnes.

Chers élèves des écoles catholiques, le Pape François nous rappelle « qu’aller à l’école

c’est ouvrir son esprit et son cœur à la réalité, dans la richesse des ses aspects, de ses dimensions. L’école nous aide à comprendre la réalité. Pendant les premières années on apprend des éléments de base presque par cœur, et puis peu à peu on approfondit un choix et finalement on va se spécialiser dans un domaine. Mais si quelqu’un a appris à apprendre, c’est qu’il a conquis la méthodologie – et cela va lui rester pour toujours et il deviendra une personne ouverte à la réalité ! »

Chers professeurs, éducateurs et formateurs, avant toute autre chose, vous êtes les premiers qui doivent rester ouverts à la réalité – avec une mentalité toujours ouverte au désir d’apprendre ! Bien sûr, si un enseignant n’est pas intéressé à apprendre, ce n’est pas un bon enseignant et il n’est même pas intéressant ; les élèves ne sont pas fous, ils ont le « flair » et sont attirés par des professeurs à la pensée ouverte, « pas toute faite », qui veulent toujours donner plus et qui transmettent à leurs élèves cette attitude contagieuse. Et c’est cela qui motive les élèves à vouloir aller à l’école.

Une autre motivation pour aller à l’école, souligne le Pape, c’est que l’école est un lieu de rencontre, pas un terrain de parking, mais un lieu de rencontre au cours d’un cheminement : « C’est là que se rencontrent les amis ; c’est là que se rencontrent les enseignants ; c’est aussi là où se rencontre le personnel de service. Les parents rencontrent là les professeurs ; le directeur ou préfet rencontre les familles, et ainsi de suite… Et de nos jours nous avons grandement besoin de cette culture de la rencontre pour mieux nous connaître, pour nous aimer et pour cheminer ensemble. Et tout ceci est fondamental précisément à l’âge de la croissance, comme complément à la famille. »

Chers parents d’étudiants, vous êtes les premiers et les plus importants collaborateurs

de l’école pendant la période de formation et d’éducation. « La famille est le premier noyau des relations : la relation entre le père et la mère et les enfants en est la base et elle nous accompagne toujours tout au long de notre vie. Mais c’est à l’école que nous « socialisons », que nous rencontrons des personnes différentes de nous… différents par l’âge, la culture, l’origine et les capacités. L’école est la première société à englober la famille. La famille et l’école ne vont jamais en directions opposées ! Elles sont complémentaires et c’est pourquoi il est important qu’elles collaborent dans un respect réciproque. Les familles d’élèves de la même classe peuvent réaliser beaucoup de choses entre elles et avec les enseignants. Ceci fait penser à un beau et très sage proverbe africain : « Pour éduquer un enfant, il faut un village ». Pour donner une bonne éducation à un garçon ou à une fille, il faut tellement de personnes : la famille, les enseignants, les professeurs et tant d’autres comme, par exemple, les habitants d’un village !

Je voudrais terminer en disant qu’à l’école non seulement nous apprenons des connaissances, un contenu, mais nous acquérons des habitudes et des valeurs. Vous êtes l’avenir de l’Église et du Pays et l’avenir aussi de l’humanité se construit à travers l’éducation. À vous tous, parents, enseignants, personnes qui travaillent dans l’école et les élèves, je souhaite que vous récoltiez de très beaux fruits grâce à votre engagement dans l’éducation et la formation et un beau cheminement qui fera grandir votre humanité soit au niveau terrestre et immanent qu’à celui surtout de la dimension spirituelle et transcendante.

C’est bien volontiers que j’accorde à vous tous qui êtes ici présents la Bénédiction Apostolique et vous souhaite de récolter de bons fruits et les grâces du Seigneur.
Imana Ibahe muese Umugisha !