Dimanche, 17-06-18

17. Dim - Vr - ONZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE -G, C, P. dominicale - 1e lecture : Ez 17, 22 - 24 ; Ps 92(91), 2-3, 13-14, 15-16  ;
2e lecture : 2 Co 5, 6 - 10 ;
Évangile  : Mc 4, 26 - 34.

Homélie donnée par le Père Jean Bosco NSENGIMANA MIHIGO, msscc

PREMIERE LECTURE - livre du prophète (Ez. 17, 22 – 24)

22Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu : A la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée. 23Sur la haute montagne d’Israël je la planterai. Elle portera des rameaux, et portera du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux, et toutes sortes d’oiseaux à l’ombre de ses branches ils habiteront. 24Alors tous les arbres des champs sauront que Je suis le SEIGNEUR : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le SEIGNEUR, j’ai parlé, et je le ferai.

PSAUME RESPONSORIAL (PS - 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
2 Qu’il est bon de rendre grâce au SEIGNEUR,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
3 d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits,

13 Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
14 planté dans les parvis du SEIGNEUR,
il grandira dans la maison de notre Dieu.

15 Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
16 pour annoncer : « Le SEIGNEUR est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »

DEUXIEME LECTURE (Cor 5, 6 – 10)
Frères, 6nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur tant que nous demeurons dans ce corps ; 7en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. 8 Oui, nous avons confiance, et nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur. 9Mais, de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. 10 Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait, soit en bien soit en mal, pendant qu’il était dans son corps.

EVANGILE (Mc 4, 26 – 34)

Parlant à la foule en paraboles, 26Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : 27nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. 28D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. 29 Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. » 30Jésus disait encore : « A quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? 31Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. 32 Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » 33Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. 34Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

Commentaire et méditation

Les testes qui constituent l’ossature de notre méditation pour ce onzième dimanche du temps ordinaire année « B », tournent autour des thèmes qui sont, en substance les quatre valeurs qui font défaut à notre époque à savoir l’humilité, la justice et la paix et l’exemplarité.
L’humilité est ici conçue et définie comme une capacité de marcher et de vivre selon la vérité, la droiture et le respect. C’est-à-dire qu’il n’est pas question d’une soumission aveugle ni d’un conformisme Peureux et déshonorant.
La justice est, quant elle, comprise et acceptée en tant qu’un pilier de l’organisation sociale et familiale dans laquelle l’on donne à chaque personne selon ses besoins et non pas en fonction des ambitions clientélistes ou des avidités mesquines et égoïstes.
Dans cette ligne, en se référant à la première et la deuxième valeur, être artisan de la paix se présenterait comme une attitude de base qui vise à résoudre les conflits qui surviennent inévitablement dans toute organisation humaine. Tout doit se faire en tenant compte de l’origine et de la destinée de toute personne humaine ; comme référence ultime de sa dignité. Toutefois, cette attitude ne doit pas se confondre à l’indolence propre aux lâches qui refusent des conflits et, en fuyant des tensions, évitent d’une façon évasive des bagarres ou des querelles qui pourtant pouvaient conduire à une paix durable.
L’exemplarité qui assume les trois premières valeurs renvoie à la vocation de chaque famille et de chacun de ses membres. A chaque instant et de petits gestes quotidiennes, le modèle exemplaire est le Christ lui-même. Les aspirations à un plus, qualitatif, poussent à la recherche de l’excellence. Bref, les quatre valeurs qui constituent l’architecture des textes soumis à notre méditation ce dimanche, continuent à nous rappeler la fête ou mieux dit les responsabilités des laïques dans l’Eglise. La fête que nous avons célébrée dimanche passé devrait graver dans nos mémoires que la nouvelle façon d’exercer le pouvoir et de l’accepter consiste ã vivre selon les valeurs précédemment décrites. Mais qu’est-ce que les lectures nous disent ?
Dans la première lecture (Ez 17, 22-24), la prophétie d’Ezéquiel se présente d’abord comme « une pierre dans la chaussure » ! Contrairement à ses contemporains qui attendaient un messie nationaliste, triomphant, guerrier et conquérant, le prophète expose une réflexion qui recueille de grandes aspirations d’une communauté ou d’une famille qui essaye de reconstruire son identité nationale à partir des éléments universels, pluralistes et interpersonnels. Certes le peuple exilé aspirait et souhaitait revenir chez lui, dans le pays que Yahvé avait donné à ses ancêtres.
Toutefois l’espoir du peuple de Dieu ne pouvait pas être placé ni dans un guerrier triomphant à l’instar de David ni dans un diplomate semblable à Salomon. Ces gens-là qui voulaient quelque chose de différent et définitive ont expérimenté les limites des époques militaristes, des slogans de la bonne gouvernance et des modèles totalitaristes entrepris par tous les rois et les chefs d’Israël et de Juda.

Le peuple assoiffé d’une personne qui serait capable de conduire leur nation sur les sentiers de la justice, la paix et la solidarité sont avertis par le prophète Ezéquiel que c’est Dieu lui-même qui a résolu de réaliser son projet. L’Eternel prendra l’initiative de rebâtira les familles qui composent l’ensemble de son peuple en prenant ceux qui sont « à la cime du grand cèdre, au plus haut de ses rameaux ». Ce petit nombre constitue le noyau à partir duquel les autres familles de la terre pourront bénéficié les faveurs de Dieu. De même que ces modèles exemplaires malgré leur humble condition attire la bénédiction sur toutes les nations ; de même les familles actuelles ont besoins de s’inspirer mutuellement pour que le fruit de l’amour, la fidélité et de bonheur prospère dans l’Eglise et dans le monde.
Toutefois, parmi les compatriotes du prophète Ezéquiel, il y avait, sans doute, certains groupes minoritaires, puissants et imposants qui nourrissaient des ambitions d’une théocratie centraliste, arrogante, unificateur et conquérante. Ces derniers supprimaient systématiquement tous les dissidents à leur idéologie de la toute-puissance. C’est ainsi qu’ils refusaient au peuple de Dieu la possibilité de construire un pays qui intègre les valeurs universalistes, capables d’amener une transformation sociale et un renouveau politique. Effectivement, après l’exil tout le pouvoir fut concentré dans les mains d’un petit nombre. Des familles contrôlaient désormais soit la vie religieuse du Temple, soit le gouvernement national, soit la richesse du pays entre autre les terres. C’est ainsi que les pauvres de Yahvé n’avaient plus la possibilité de jouir de la vie. Chez les familles qui constatent des manquements et des opportunités d’ordre économiques, celles qui aspirent en vain à l’ouverture politique et à la liberté religieuse devraient entendre et croire à ces mots du prophète « Yahvé, j’ai dit et je fais ». En fin de compte, comment est-ce que nous ne pouvons pas nous sentir consolé par cette décision de Dieu en personne ?
Comme pour illuminer la précédente inquiétude, saint Paul à travers la deuxième lecture (2Cor 5, 6-10) compare la crise expérimentée par les hébreux à Babylone à celle que nos familles traversent dans tous les coins du monde. C’est dans la foi qu’un jour nous reviendrons vers Dieu et ainsi toute notre vie aura sa juste valeur à coté de Dieu. La fête des laïcs que nous avons célébrée, à la journée du laïcat dimanche passe, nous rappelle la vocation qui revient à ce grand nombre des enfants de l’Eglise : Les laïcs sont les portes-flambeau de cette ineffable espérance au sein de la société et dans l’Eglise. Seraient-ils conscient de cela ?
L’Evangile de saint Marc (Mc 4, 26-34) fait l’écho de cette précédente prophétie en nous proposant deux paraboles. La première parabole nous invite à méditer sur la réalité d’un grain qui pousse sans que le semeur vienne vérifier et contrôler son accroissement : « L’homme qui aurait jeté du grain en terre qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse. » Jusqu’à la moisson, on dirait que c’est la terre qui, dans un secret inouïe, réalise ce travaille. C’est donc dans l’humilité, la vérité, la simplicité et la patience que nous devons attendre le résultat du travail apostolique que nous réalisons.
Dans la deuxième parabole, Jésus nous propose la petitesse du grain de sénevé qui, avec le temps et après qu’on l’aurait semée dans terre, devient plus grand que « toutes les plantes potagères ». Ce qui revient à dire que les efforts de l’Eglise pour rebâtir la société humaine à base des critères évangéliques n’est pas peine perdue. Les efforts que les personnes pacifiques, humbles et passionné déploient afin de réaliser le projet de Dieu, même s’ils sont apparemment insignifiants, ils contribuent inévitablement à introduire dans la société l’Utopie de Dieu qui devient réalité dans la foi.
Par conséquent, le royaume de Dieu que Jésus annonce n’est pas identifié avec les idéaux du Messie qui existaient à son époque. En Jésus et le royaume dont il est le messager, il n’y a pas une moindre prétention d’expulser les romains par la puissance militaire. Jésus se distingue des exaltés révolutionnaires qui croyaient que par leurs sacrifices ils transformeraient le sanctuaire de Jérusalem en une puissance alternative. Jésus ne se présente pas comme un leader charismatique qui, du point de vue politique, serait capable de ressembler les fils d’Israël dispersés partout dans le monde. Jésus ne partage pas les projets trop humains. Il ne s’approprie pas les extravagantes aspirations des nationalistes fanatiques qui voyaient dans l’Empire romain un danger qu’ils n’étaient pas en mesure de découvrir eux-mêmes : l’irrépressible violence, le refus de l’autre, l’exclusion des petits et la marginalisation des pauvres sont exclus dans son discours et dans son agir.

Les idéaux ou les valeurs que Jésus nous enseigne à travers ses paraboles sont plus proches de grandes aspirations des traditions prophétiques qui proposaient au peuple d’Israël un modèle alternatif d’une société organisée à base de la paix, la justice, l’humilité et l’exemplarité. Autrement dit, seules les forces dynamiques d’un leader pacifique peuvent générer une transformation sociale dans laquelle chaque personne se sentirait chez soi. Cette attitude est, en même temps, capable de déraciner l’implacable logique de la violence.

L’humilité, à son tour, exige la reconnaissance en tout temps de ses propres limites et assume humblement et simplement les obstacles intrinsèques à l’histoire. La justice devient une opportunité d’accepter nos faiblesses et nous aide à non pas voir la vie comme une continuelle lutte pour le pouvoir et la domination. L’humilité, la justice et le pacifisme font qu’un projet aussi grand et imposant comme le royaume de Dieu devient accessible aux pauvres et les exclus.

Jésus savait parfaitement que ce n’était pas assez suffisant qu’un « roi » ou un chef possède les attributs exceptionnels pour que la situation de son pays ou de ses sujets change. Pour lui, il fallait nécessairement constituer une communauté des frères et des sœurs qui s’engagent à vivre d’une façon alternative, montrant ainsi au monde que d’autres modes d’organisation sociales sont possibles. Il montre que la logique de la violence pourrait être contrôlée et maitrisée. Par conséquent, Jésus insiste sur la nécessité de porter son « joug » qui « est facile à porter » et son « fardeau léger ». Jésus veut que la vie communautaire soit guidée par les options évangéliques afin qu’elle ne devienne pas une charge qui n’écrase personne.

Conscients que cela n’est pas une réalité que tout le monde comprenne, demandons à Dieu une foi mûre pour que nous puissions entrer dans son projet avec des dispositions qui permettent cette croissance.

Prière scripturaire
Dieu de tendresse et d’amour, en Jésus, tu nous as montré ton visage à la fois maternel et paternel. Nous te louons, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché de grandes choses à sage et prudent et de l’avoir révélé aux tout-petits. Qu’à l’image, nous devenions doux et humbles de cœur pour annoncer ton Royaume à ce siècle. Marie Mère des humbles, des justes, des pacifiques et des personnes que s’efforcent à être modèles exemplaire prie pour nous. Ere du Verbe de Kibeho, assiste nos effort pour bâtir un monde suivant le projet de Jésus qui vit et nous aime pour les siècles des siècles : Amen.
Père Jean Bosco NSENGIMANA MIHIGO, msscc.